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Suárez, ce bourreau

Par Florian Cadu
Suárez, ce bourreau

La finale de Ligue des champions entre Barcelone et la Juventus de Turin devait être l'occasion des retrouvailles entre Luis Suárez et deux de ses victimes, Patrice Évra et Giorgio Chiellini. Si le premier sera sur le terrain, l'Italien, blessé, n'est pas de la partie. Ce qui ne devrait pas empêcher l'attaquant de faire le show et de blesser de nombreuses sensibilités. Dont la sienne. Une routine.

Ce samedi soir, les larmes vont couler. De douleur, de tristesse, d’injustice, de lassitude. Le coupable ? Luis Suárez. L’Uruguayen va planter une lucarne précédée d’un petit pont, stopper un tir italien sur sa ligne de but en s’aidant de la main, obtenir un péno grâce à une honteuse simulation, balancer sept fois le mot « negro » à la gueule de Pat et bouffer la médaille de finaliste du malheureux Chiellini. Tout ça dans la même soirée. Supporters, managers ou joueurs turinois, beaucoup vont pleurer à cause du Pistolero. Et ce ne sera pas une première.

Otman Bakkal, Gonzalo Jara, Branislav Ivanović, Patrice Évra, Giorgio Chiellini, David Luiz, le peuple ghanéen, le public de Fulham, et même les amateurs de Mansfield : tous ont souffert, pour une raison ou pour une autre, des gestes du Sud-Américain. Pourtant, ses deux victimes les plus connues, qu’il croisera dans l’enceinte du stade olympique de Berlin, ne semblent pas lui en tenir rigueur aujourd’hui. Interrogés en conférence de presse sur le bonhomme, Évra et Chiellini n’en ont pas fait de cas. Le Français, insulté sur sa couleur de peau par l’attaquant en 2011, a tranquillement affirmé que ce qui s’était passé n’avait « pas d’importance » et qu’il « serrera la main » à celui qui l’avait justement refusée lors d’un United-Liverpool disputé début 2012. Idem pour l’ancien de Livourne, mordu à l’épaule pendant la dernière Coupe du monde, qui est même allé jusqu’à proposer de « l’embrasser » . Presque un début de syndrome de Stockholm. En vérité, on n’oublie jamais vraiment une rencontre avec un cannibale aussi doué avec sa bouche qu’avec ses pieds. Et si les deux défenseurs de la Juve préfèrent ne pas en rajouter, ils espèrent bien lui rendre la monnaie de sa pièce sur le terrain en le privant de C1. Quitte à lui filer des coups bien sentis, comme le laisse filtrer Évra dans la même conf’ de presse : « Ce qui a de l’importance, c’est de jouer la finale. Je vais m’assurer qu’il sente ma présence sur le terrain. »

Docteur Jekyll et M. Hyde

Qu’en pense le principal intéressé ? À dire vrai, Luis fait plutôt profil bas quand il s’agit de parler de ses coups de folie. Car s’il fout la merde partout où il passe, Suárez n’en est pas très fier. Au-delà de ses victimes directes, le meilleur joueur de la Premier League 2013-2014 se fait un peu plus de mal à chacun de ses gestes dégueulasses, qu’il regrette presque aussitôt. Dans son autobiographie publiée en début de saison, Luis Suárez Crossing the Line, il tente de justifier à plusieurs reprises son comportement et ses morsures par des pulsions incontrôlables dues à sa frustration sportive : « Juste avant de mordre Chiellini, j’ai loupé une grosse occasion d’ouvrir le score. Si Buffon n’avait pas empêché ce but, je n’aurais pas fait ce qui s’est passé. Mais j’ai loupé cette occasion et je n’ai pas réussi à rester calme. Dans ce genre de moments, l’adrénaline monte et on ne réalise pas ce que l’on fait. » Une sorte de double maléfique qui se manifesterait quand ses performances ne sont pas au rendez-vous. Et qui semble faire beaucoup souffrir le Barcelonais, si l’on en croit ses propos, tirés du même livre : « Après la morsure de Chiellini, je ne voulais parler à personne. Les volets étaient baissés, j’étais déprimé et je ne voulais pas comprendre ce qu’il s’était vraiment passé. (…) J’étais en état de choc, engourdi. La tristesse m’accablait. » Même son de cloche en avril 2013, lorsque l’animal s’attaque à Ivanović : « En 2013, nous devions battre Chelsea pour espérer nous qualifier pour la Ligue des champions. C’était un match horrible pour moi. J’ai concédé un penalty bête et j’ai senti que tout s’écroulait pour nous. Je suis devenu fou. » À tel point que même sa meuf et son club commencent à flipper. Du coup, Liverpool lui prescrit en avril 2013 une thérapie avec un psychologue. Le traitement n’aurait finalement duré que quelques heures, le temps d’une discussion avec le psy, toujours selon l’autobiographie : « Ce traitement m’aurait rendu trop calme sur le terrain. Et si la prochaine fois que le ballon vient devant moi, je le laisse passer au lieu de le chasser ? » Et si, en fait, ils étaient plusieurs dans sa tête ?

Premier pétage de cable avec Barcelone ?

Cette schizophrénie, Luis l’a payée à grands coups d’ammendes et de matchs de suspension. Malgré ça, le Barça n’a pas hésité à aligner près de 80 millions d’euros pour s’attacher les services d’un buteur capable de coller trente caramels en une saison comme de péter un plomb à tout moment. Et pour l’instant, le club catalan n’a pas à regretter son achat : 25 pions toutes compétitions confondues, 18 passes décisives et une entente parfaite avec ses collègues Neymar et Messi. Des stats qui font de la MSN le trio offensif le plus prolifique de l’année. Surtout, l’homme aux dents de lapin n’a pas écorné l’image si lisse et bankable du Barça. Du moins, pas encore. Mais pour le dernier match de l’année, ce samedi soir, Luis peut craquer. À cause d’Évra, évidemment, mais aussi de Pogba, Morata et surtout Tévez. Voire à cause de la queue de rat de Kingsley Coman, mais ça, c’est une autre histoire. Chiellini, lui, sera en tribunes. Apparemment, le corps ne se débarrasse jamais vraiment du venin d’un Suárez.

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Par Florian Cadu

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