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Stekelenburg, le géant batave aux pieds d’argile

Par Romain Duchâteau
Stekelenburg, le géant batave aux pieds d’argile

Cela fait maintenant quatorze ans qu’il traîne son imposante carcasse sans jouir d’une flatteuse réputation. À trente-quatre ans, Maarten Stekelenburg est un gardien quelconque, capable du meilleur comme du pire. Mais, à Everton, le Néerlandais s’offre une seconde jeunesse après avoir longtemps cumulé les galères.

En l’espace de cinq jours, c’est un peu le reflet de sa tortueuse carrière qui a refait surface. Bien malgré lui, Maarten Stekelenburg a toujours façonné sa réputation de cette manière. Entre ombre et lumière. Entre faits d’armes et bévues improbables. Le 10 octobre dernier, pour sa 56e sélection sous la tunique orange, le portier s’est rendu en partie coupable de la défaite des siens contre les Bleus (0-1). Sur une frappe lointaine de Paul Pogba, sa main droite faillit et ne peut que dévier le cuir dans les buts. Au terme de la partie, la responsabilité lui incombe. Il le sait et l’assume. « J’avais un bon angle de vue et ma position était bonne, a-t-il confié au sortir du match. Je pensais l’avoir, mais, au dernier moment, la balle était flottante. Je n’ai pas l’habitude de prendre de tels buts. C’est une erreur de ma part et ça me laisse amer, car cela a causé notre défaite. » Quelques jours plus tard, Stekelenburg était presque un autre homme dans l’enceinte de l’Etihad Stadium. À tel point que Manchester City a lâché ses premiers points à domicile cette saison contre Everton (1-1).

Les hommes de Pep Guardiola se sont pourtant échinés jusqu’au bout afin de matérialiser leur domination. Si Nolito a arraché l’égalisation, le géant néerlandais s’est longtemps érigé comme un rempart insubmersible. Sept arrêts au total, deux penaltys repoussés devant De Bruyne et Agüero, chaque fois sur des fautes provoquées par son capitaine Phil Jagielka, et une dernière parade sublime sur une frappe du rouquin belge à quelques minutes de la fin. Une prestation XXL saluée dans les grandes largeurs par Ronald Koeman. « Pour réaliser quelque chose dans ce stade, vous avez besoin d’un peu de chance et que votre gardien fasse le match de sa vie » , s’est réjoui après coup le manager des Toffees. Ce retour sur le devant de la scène, du haut de ses trente-quatre piges qu’il a fêtés dernièrement, Stekelenburg ne s’y attendait sans doute pas lui-même. Il faut dire que son parcours, depuis quelques années, s’est longtemps apparenté à un chemin escarpé plutôt qu’à une sinécure.

Faux héritier

C’était un autre temps. Une autre époque. Les premiers pas et premières envolées avaient placé Maarten Stekelenburg sous le signe de grands desseins. 1m97 sous la toise, physiquement imposant et envergure certaine, le Néerlandais ne passe pas inaperçu à ses débuts dans les bois de l’Ajax. Formé au sein du cocon amstellodamois, il intègre le groupe professionnel à partir de 2002 avant de s’installer en tant que numéro 1 trois ans plus tard. Une ascension rendue possible par un certain Ronald Koeman, alors entraîneur du club néerlandais et avec lequel il entretient déjà une relation particulière. Malgré le départ de ce dernier en février 2005, le gardien continue de tracer sa propre route en prenant progressivement une ampleur qui ne laisse personne indifférent.

Chez lui, il rafle à trois reprises l’Eredivisie et soulève quatre KNVB-Beker (Coupe des Pays-Bas). Surtout, ses prestations ainsi que sa régularité lui valent d’être élu joueur de l’année du club en 2008 et 2011. Alors, forcément, les louanges fleurissent de toutes parts. Les comparaisons également. Parce qu’il marche dans ses pas à l’Ajax, il se voit sans le vouloir considéré comme l’héritier d’Edwin van der Sar. Un homme qu’il estime, qu’il côtoiera quatre années en sélection, mais qui deviendra l’une des causes de ses plus grands tourments dans sa carrière. Au point de lâcher, un jour, ces quelques mots teintés d’amertume : « Si je fais une erreur, les gens vont tout de suite dire : « Van der Sar aurait arrêté cette balle. » »

Le flop italien

Comme son emblématique aîné, il fait aussi le choix de rallier la Serie A. Pour un résultat tout aussi calamiteux que VDS à la Juventus. En 2011, à vingt-neuf ans, Stekelenburg semble prêt à affronter le défi que représente la Roma. Mais, dans la Ville éternelle où la passion flirte constamment avec l’excès, l’expérience tourne court. Après une première année peu enthousiasmante sous l’égide de Luis Enrique, avec notamment deux cartons rouges récoltés en championnat (dont un lors du derby après huit minutes de jeu), la seconde vire au cauchemar. En perpétuel conflit avec l’atypique Zdeněk Zeman, sujet aux blessures et relégué au rang de remplaçant, son aventure romaine atteint un point de non retour avec son transfert avorté pour Fulham, au mercato hivernal 2013.

Finalement débarqué à Craven Cottage l’été suivant, l’enfant d’Haarlem entend alors rebondir. Sauf que, là encore, les événements ne tournent pas en sa faveur. Arrivé dans une formation qui descendra en Championship à l’issue de la saison, il assiste impuissant à la valse des managers. Martin Jol, René Meulensteen, puis le très autoritaire Felix Magath se succèdent sur le banc. « Les coachs viennent, ils vous recrutent et sont virés. Vous devez composer avec cela, a-t-il expliqué récemment au Liverpool Echo. Je suis venu à Fulham et on a eu trois managers en une saison. Le dernier, Felix Magath, ne souhaitait pas travailler avec moi et je ne voulais pas non plus travailler avec lui. J’ai donc dû trouver une solution. »

La main tendue de Koeman

Au pied du mur, l’ancien Giallorosso trouve une porte de sortie qui fait office de maigre lot de consolation. En quête d’une doublure pour Danijel Subašić, l’AS Monaco l’accueille en prêt le temps d’un exercice. Conscient que la hiérarchie ne changera pas aux yeux de Leonardo Jardim, le portier gratte les miettes qu’on lui offre çà et là. Un bilan famélique qui tient en 780 minutes, soit un total de seulement huit apparitions dans l’Hexagone (un match de L1, quatre de Coupe de France et trois de Coupe de la Ligue). « Bien sûr que c’est frustrant d’être sur le banc, expliquait-il au Guardian en juillet 2015. Je connais mon niveau, je sais ce que je peux faire. Mais il faut aussi avoir une chance de le montrer. » Cette chance, il va l’avoir. Puis la saisir.

Alors que sa carrière a tout d’un bourbier inextricable, Ronald Koeman, en poste à Southampton, lui tend la main. Pour pallier la blessure de Fraser Forster, victime d’une fracture de la rotule, le boss néerlandais confie l’assise défensive des Saints à son poulain chevronné. Jusqu’au retour de son homologue britannique en janvier 2016, Stekelenburg enchaîne les rencontres. Reprend confiance. Rassure même quant à son état de forme. Alors quand Koeman est parti chez les Toffees cet été, il a emmené dans ses bagages celui qui l’avait lancé plus d’une décennie plus tôt pour assurer la succession de Tim Howard. Pour le plus grand plaisir du trentenaire : « À l’Ajax, j’ai eu un déclic avec lui. C’est sous sa direction que j’ai fait mes débuts. Je trouve que c’est un bon coach, honnête et ouvert. On sait tous les deux à quoi s’en tenir. Je le remercie de m’avoir amené ici, mais, finalement, vous devez montrer ce dont vous êtes capable. Car si vous ne le faites pas… »

Retour en sélection

Jusqu’ici, l’aventure se déroule sans accroc. Le Batave s’élève avec Jagielka et Ashley Williams comme l’une des pierres angulaires de l’arrière-garde d’Everton, l’actuelle deuxième meilleure défense de Premier League derrière Tottenham (six buts concédés). Et, si ses réflexes ne sont pas les plus impressionnants et que son jeu au pied s’avère quelconque, le gardien n’est pas pour rien dans ce début de saison réussi. C’est d’ailleurs pourquoi Danny Blind l’a rappelé en sélection après quatre ans d’absence et une dernière apparition en octobre 2012. Confronté à un creux générationnel, le patron des Pays-Bas n’a pas été convaincu par Jasper Cillessen ni Jeroen Zoet et apprécie l’expérience du finaliste de la Coupe du monde 2010. Titulaire contre la Biélorussie (4-1, 7 octobre), il a été reconduit contre la France dans le cadre des qualifications pour le Mondial 2018. « Mon objectif était de revenir en sélection, s’est-il épanché, début octobre. Durant une longue période, je n’ai pas été en équipe nationale, cela me rend donc fier de revenir. Ce match a été spécial pour moi. Est-ce que j’ai douté pendant tout ce temps ? Vous devez être réaliste : si vous ne jouez pas dans un club, vous ne pouvez pas être sélectionnable. »

Après sa bourde face aux Bleus, les critiques se sont une nouvelle fois abattues. Mais, au crépuscule de sa carrière, l’ex-Monégasque a appris à les relativiser, elles qui ont sans cesse émaillées son parcours : « Je pense être meilleur maintenant qu’avant. Je ne serai pas le seul gardien à faire des erreurs et j’en ferai encore. La seule chose à faire est de rester concentré, de s’entraîner dur. Contre Manchester City, c’est le genre de match où vous devez donner vingt-quatre interviews, car vous avez arrêté deux penaltys. Mais, dans un match, cela peut-être totalement l’inverse. C’est le football. » C’est, aussi, l’histoire singulière de Maarten Stekelenburg.

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Par Romain Duchâteau

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