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Stamford Bridge, lieu ordinaire où surgit parfois l’extraordinaire

Par Romain Duchâteau
Stamford Bridge, lieu ordinaire où surgit parfois l’extraordinaire

De l'Angleterre et de ses ambiances survoltées, on connaît surtout Anfield, White Hart Lane ou encore le Britannia Stadium. Stamford Bridge ne jouit pas du même crédit dans le paysage du football britannique et n'offre pas chaque semaine une atmosphère aussi passionnée. Mais l'enceinte de Chelsea est capable, parfois, de vibrer comme jamais pour sublimer son équipe sur le terrain.

Ce n’est pas l’écrin le plus majestueux du Royaume. Ni un lieu au caractère sacré et privilégié où le simple fait de fouler la pelouse procure à ses acteurs un sentiment d’exaltation. Au premier abord, Stamford Bridge ne diffuse pas l’idée d’une ambiance survoltée comme Anfield, St James’ Park ou Craven Cottage. Pourtant, l’enceinte de Chelsea doit bien offrir des émotions singulières pour que José Mourinho s’y sente comme chez lui. Depuis son retour à Londres en août 2013 et en prenant en compte son premier passage (août 2004-septembre 2007), le manager portugais n’y a perdu qu’à cinq reprises toutes compétitions confondues. Cette saison, le « Happy One » reste même invaincu en Premier League et en Ligue des champions à domicile. Le Paris Saint-Germain, qui a pu humer le parfum européen à deux reprises sur les terres londoniennes, ne s’y est d’ailleurs jamais imposé (0-0 le 24 novembre 2004 et 2-0 le 8 avril 2014). Les hommes de Laurent Blanc en ont fait l’amère expérience en quarts de finale de C1 l’an dernier malgré une avance confortable à l’aller (3-1) : les Blues peuvent se transcender devant leur public. Les renverser ferait donc office de véritable exploit.

Quartiers chics et histoire tourmentée

Évoquer Stamford Bridge et son atmosphère ne peut se départir de son emplacement. C’est dans le district d’Hammersmith & Fulham (Grand Londres) et dans les quartiers chics, à deux pas de Kings Road, la rue des antiquaires, que Stamford Bridge trône. Autour, ce sont des habitations cossues de style victorien où vit une population aisée. Loin des quartiers réputés chauds de Londres comme peuvent l’être Walworth dans le borough de Southwark ou Stonebridge dans le borough londonien de Brent, l’enceinte située en plein centre ville propose à ses hôtes une photographie urbaine alléchante. Mais avant que les supporters ne puissent profiter de ce cadre, l’histoire du « Bridge » fut longue à se dessiner. C’est le 28 avril 1997 que Stamford Bridge, dont le nom renvoie au pont Stamford Creek, jouxtant l’entrée principale du stade, est inauguré. Alors qu’il devait comporter 100 000 places, sa capacité est ramenée à 70 000. Et jusqu’en 1904, il n’est consacré qu’aux compétitions d’athlétisme.

Mais cette année-là, l’antre londonien est racheté par l’Écossais Gus Mears, assisté de son frère Joseph, qui souhaite en faire le domicile du club de Fulham. Une invitation refusée par les Cottagers. Par conséquent, Mears prend l’initiative de créer son propre club de football le 10 mars 1905 : le Chelsea Football Club. Dès lors, l’histoire se met en marche. Le 12 octobre 1935, à l’occasion d’un match face à Arsenal, Chelsea établit son record officiel avec 82 905 spectateurs assistant à la rencontre. Soit encore aujourd’hui la plus grande affluence dans l’histoire du championnat anglais. Au début des seventies, la construction d’une tribune appelée East Stand mène le club à la faillite. Et c’est en pleine tourmente sportive et financière, en 1982, que le fantasque Ken Bates racheta les Blues pour une livre symbolique. Un homme qui, pour contrer le hooliganisme à la fin des années 1980 et après les drames du Heysel (1985) et de Hillsborough (1989), n’a pas hésité à installer pendant quelque temps un grillage électrifié autour du terrain.

« It’s so quiet, Stamford Bridge »

En même temps que le club se construit, Stamford Bridge attire une grande affluence de spectateurs. Et la ferveur apparaît, elle aussi, progressivement. « Pendant les cinq années où j’ai été au club, Chelsea n’avait rien gagné depuis vingt-cinq, vingt-six ans. Les supporters étaient donc plus bruyants que maintenant, témoigne Frank Lebœuf, qui avait posé ses bagages cinq saisons à Londres (1996-2001), alors que le stade était en pleins travaux de modernisation. J’aime ce stade. La façon dont il est placé, comment il est structuré. C’est une superbe enceinte où il est très agréable de jouer et la manière dont elle est construite fait que ça peut s’enflammer très vite. Il n’y a pas de grillages, les gens sont à deux mètres de la ligne de touche. Pour quelqu’un qui n’est pas habitué, c’est très déroutant. Quand on ne connaît pas, on se sent peut-être un peu en danger. » Et l’ancien champion du monde 98 d’ajouter : « À l’époque, c’était vraiment très fort à Stamford Bridge. On pourrait certainement comparer cette ambiance-là avec l’actuel Anfield ou St James’ Park. » Mais ça, c’était avant le rachat du club par Roman Abramovitch en 2003, pour la somme de 168 millions d’euros. Depuis le début de cette nouvelle ère, le stade de 41 841 places mélange les irréductibles, dont certains ont côtoyé les Headhunters (gang de hooligans qui sévissait dans les eighties), et la clientèle chic et corporate accourue dans le sillage du magnat russe. Une deuxième catégorie qui agace parfois la clientèle traditionnelle, cette dernière représentant 25 000 à 30 000 spectateurs dans l’enceinte. Et pour cause, il n’est pas rare de voir aujourd’hui cette assistance de touristes et de consommateurs prendre des vidéos ou des photos plutôt que de vivre le match.

« Chelsea est un club fortement ancré dans le paysage du football londonien. Il a une frange de fans inconditionnels. Mais l’époque a changé, regrettait il y a quelques mois à L’Équipe Tim Rolls, président de l’association de fans Chelsea Supporters Trust. Dans les années 1970 ou 1980, on payait une somme dérisoire à la porte pour se serrer debout dans les gradins. On venait pour chanter tout le match, il y avait beaucoup de jeunes. Le prix des places a modifié la sociologie du stade (l’abonnement annuel le moins cher est de l’ordre 595£ [825 euros] et le plus cher de 1250£ [1733 euros] tandis que le billet le moins cher lors d’un match est estimé à 41£ [57 euros], ndlr). Autour de moi, je n’ai que des voisins de quarante-cinq, cinquante ans. Avec la meilleure volonté du monde, ils ne feront jamais autant de bruit qu’autrefois. » Le virage réservé aux visiteurs n’hésite ainsi pas à se gausser ouvertement de l’atmosphère qui règne au « Bridge » en reprenant à l’unisson « It’s so quiet, Stamford Bridge » . Mourinho s’est également plaint, en février dernier lors de la victoire contre QPR (2-1), de cette ambiance qu’il jugeait trop feutrée : « En ce moment, c’est difficile pour nous de jouer à domicile, parce que jouer ici est comme jouer dans un stade vide. Aujourd’hui, je regardais autour de moi et c’était vide, mais pas en matière de personnes, car le stade était plein. Quand on a marqué, j’ai réalisé : « Waouh, le stade est plein ! Bien ! » »

« Quand il y a un enjeu extraordinaire, il peut se passer des choses extraordinaires »

Certes, Stamford Bridge ne s’apparente pas aux chaudrons brûlants que peuvent être Anfield, White Hart Lane ou encore Upton Park lors d’affiches peu séduisantes, mais il n’est pas aussi impersonnel que l’Emirates Stadium, lequel sonne souvent creux en raison des nombreux sièges vides. L’écrin bleu peut d’ailleurs réserver quelques surprises. Notamment quand la formation en déplacement fait figure de poids lourd. « Quand il y a un enjeu extraordinaire, il peut se passer des choses extraordinaires » , assurait en avril dernier « The Special One » , avant la réception du PSG. Frank Lebœuf, qui a eu l’occasion de vivre à maintes reprises ces rencontres à la saveur particulière, raconte : « On se pose tous la question de savoir s’il va y avoir de l’ambiance contre le Paris Saint-Germain. Je peux d’ores et déjà le dire : il y aura une ambiance de folie. C’est un match de Ligue des champions, le public va se lâcher. J’ai vécu cela plusieurs fois, notamment en Coupe d’Europe. Je me rappelle du quart de finale de Champions League contre Barcelone(3-1, 5 avril 2000) ou du 4e tour de Cup face à Liverpool (26 janvier 1997). On perdait 2-0 à la mi-temps et on arrive finalement à gagner 4-2. J’avais l’impression que le stade allait exploser. Je me souviens aussi d’un but que je marque à la 90e minute contre Leicester en championnat(1-0, 18 octobre 1997). Wow wow, c’était chaud bouillant ! »

Depuis l’avènement de « Chelski » , surnom donné à Chelsea quand Abramovitch est arrivé, le peuple bleu semble même s’être découvert un ADN européen au fil du temps. Ainsi, les Blues, poussés par leur supporters, sont parvenus quatre fois sur six à remonter un handicap en Champions League. Le premier s’est produit contre le Barça en mars 2005, après s’être incliné 2-1 au Camp Nou. Transcendés, enfiévrés lors du match retour, les joueurs du Mou mettent le feu d’entrée et mènent 3-0 après seulement dix-neuf minutes de jeu. Le doublé de Ronaldinho, dont ce fameux pointu, n’y changera rien (4-2). Edinson Cavani et Ezequiel Lavezzi peuvent, eux aussi, témoigner du pouvoir et de la force de Stamford Bridge. Avant la déconvenue parisienne de l’an dernier, ils avaient déjà expérimenté la chose un soir de mars 2012 avec le Napoli. Pourtant vainqueurs au San Paolo avec un score favorable (3-1), les Partenopei sont foudroyés au match retour au terme d’une partie exceptionnelle de la part des hommes de Roberto Di Matteo, totalement transportés par les chants des tribunes Shed End et Matthew Harding Stand (4-1 a.p.). « Il s’était passé quelque chose dans le stade que je n’ai pas souvent vu, révélait Didier Drogba dans la foulée de ce succès. Stamford Bridge nous avait poussés dès la première minute, l’atmosphère était très spéciale. » À la veille de recevoir Paris, le « Special One » n’a d’ailleurs pas manqué de lancer un message limpide aux fans : « Si quelqu’un doit être magique demain, c’est la foule » . Laurent Blanc et ses hommes sont prévenus, Stamford Bridge est de nouveau prêt à bouillir.

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