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Sony Mustivar : « J’ai vu les plus belles femmes de ma vie en Roumanie »

Propos recueillis par Romain Duchâteau
Sony Mustivar : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;ai vu les plus belles femmes de ma vie en Roumanie<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Considéré comme un jeune attendu du côté de Bastia, Sony Mustivar s'est finalement accompli en Roumanie, puis aujourd'hui à Kansas City, où il enchaine les belles prestations. Entretien détente avec ce milieu franco-haïtien.

Tu restes encore attaché à ta ville natale puisqu’au Sporting Kansas City, tu arbores le numéro 93 dans le dos. C’est important pour toi de montrer que tu n’oublies pas d’où tu viens ?

Je viens d’Aubervilliers et j’ai commencé au Red Star Bobigny. Je suis resté jusqu’en benjamins puis, après, je suis parti directement au Centre de formation de football de Paris (CFFP). Je tenais à faire ce clin d’œil. Au départ, mon numéro fétiche est le 5, mais comme le capitaine de Kansas l’a déjà (Matt Besler, ndlr), ce n’était pas possible de l’avoir. J’ai donc choisi le 93, car on n’oublie jamais d’où l’on vient. Beaucoup de jeunes rêvent de devenir jeunes professionnels, et c’est une façon de leur dire qu’il faut lutter avant d’arriver là on veut. Il y a aussi une énorme part de fierté.

Depuis février dernier, tu as rejoint la Major League Soccer. Comment s’est déroulé ton départ vers les États-Unis ?

J’ai signé le jour de mon anniversaire, le 12 février (rires) ! Dans mon ancien club, Petrolul, en Roumanie, ça n’allait pas, car le président était en prison. On n’était pas payés depuis presque trois mois, on ne touchait plus de primes depuis l’année dernière non plus… Au début, le club ne voulait pas me lâcher. Puis le président m’a dit : « Tu as marqué l’histoire du club, tu as été capitaine et on a gagné la Coupe, donc je te donne ton passe-droit. » J’avais déjà noué des contacts avec le manager de Kansas (Peter Vermes, ndlr) qui me voulait vraiment. Mais je n’aime pas arriver en cours de saison quand l’équipe est lancée. J’ai pu effectuer toute la préparation grâce à la résiliation de mon contrat avec mon ancien club roumain. Ça s’est fait de manière très rapide.

D’abord sur le banc, tu as été titularisé contre Chicago (3 mai dernier) et n’as depuis plus quitté le onze de départ. Surtout, le Sporting KC n’a perdu qu’un seul match sur huit avec toi aligné d’entrée…

On a perdu la semaine dernière (l’interview a été réalisée le mardi 31 juin, ndlr) et c’était à la dernière minute (2-1 contre Salt Lake). Je ne sais pas s’il y a un truc ou si je suis un porte-bonheur… Mais, du coup, c’était ma première défaite en tant que titulaire sur le terrain et on a seulement encaissé cinq buts sur les huit matchs que j’ai débutés. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il y a un effet Sony quand même (rires). Le coach m’a dit qu’il était satisfait de mes matchs et plutôt impressionné des espaces que je pouvais couvrir sur le terrain.

À quel niveau évalues-tu le niveau de la Major League Soccer et l’ambiance qui règne là-bas ?

La première chose qui m’a frappé, ce sont les installations. C’est le top du top, vraiment. Il y a vraiment tout ce qu’il faut pour travailler. Les préparateurs sont aux petits soins. Chaque matin, tu dois faire état de ton humeur afin de voir si tu es stressé ou non. C’est très professionnel, très encadré. Rien n’est laissé au hasard. En ce qui concerne l’ambiance, c’est différent de l’Europe. Quand j’étais en Roumanie, les entraîneurs et le public mettaient une telle pression sur les joueurs… Tout le monde était crispé. Ici, ce n’est pas du tout le cas. Le niveau sur le terrain, c’est aussi différent par rapport à l’Europe. C’est physique, intense, les joueurs ne lâchent pas. En Europe, c’est plus technique et plus posé. Mais j’étais quand même surpris du niveau. Il est plus relevé que je ne le pensais.
Je vis une vraie vie d’Américain. Et j’aime ça.

Hors des terrains, de quelle manière s’est déroulée ton intégration au pays de l’Oncle Sam ?

Avant de venir, je croyais bien parler anglais. Mais quand je suis arrivé, je n’ai rien compris le premier mois ! Je ne comprenais pas un mot de ce qu’ils disaient. Ils mâchent des mots, utilisent des mots que tu n’as jamais entendus. Puis l’accent qu’ils ont en plus… Maintenant, ça va beaucoup mieux. Je comprends et j’arrive à me faire comprendre. Après, dans la vie de tous les jours, c’est cool. Kansas City, je crois que c’est l’une des villes où les gens sont le plus détendus. Ils t’accueillent à bras ouverts, tout le monde parle avec tout le monde. Je me suis fait au mode de vie américain. On peut dire que je vis mon « rêve américain » à travers le football. Puis, nous, on a cette chance de pouvoir voyager souvent. La dernière fois, nous sommes allés à la Maison Blanche, à Washington. Je visite plein de villes et voit les mentalités qui sont propres à chacune. Je vis une vraie vie d’Américain (rires). Et j’aime ça.

Et le Kansas où tu habites, c’est comment alors ?

Les gens, ici, disent que c’est la campagne et qu’il n’y a rien à faire. Moi, au contraire, je trouve qu’il a énormément de choses à faire. C’est beaucoup plus calme qu’à New York. J’y suis allé, c’est vachement peuplé et il y a des embouteillages de partout. Le Kansas, c’est plus relax, tu as ta petite famille. Ce n’est pas le désert comme à Salt Lake où je suis allé. J’y étais un dimanche et il n’y avait personne dans les rues !

Damien Perrinelle, défenseur français qui évolue au New York Red Bulls, nous avait confié en octobre dernier qu’il avait été frappé par la fibre patriotique des Américains. Est-ce aussi quelque chose qui t’a marqué à ton arrivée ?

Oui, c’est l’une des choses qui m’a le plus marqué. Tu sens qu’ils sont extrêmement attachés à leur pays. Être américain, défendre ses couleurs, ça prend une place énorme. Avant chaque match, il y a l’hymne américain et c’est quelque chose qu’il n’y a pas en Europe. Ils sont vraiment patriotes. Au Kansas, je crois d’ailleurs qu’il y a encore plus de drapeaux américains que dans les autres villes. Tu peux en trouver sur quasiment chaque maison.

À ton avis, pourquoi de plus en plus de Français décident désormais d’aller en MLS ?

Parce que le championnat devient meilleur d’année en année. Il n’y a pas que des joueurs qui viennent en pré-retraite. S’ils viennent, c’est parce qu’ils voient que le championnat est en constante progression. Ce n’est pas une ligue pour les amateurs, comme les gens peuvent le croire. À mon avis, ce qui fait que ce n’est pas encore un grand championnat, c’est le salary cap. C’est un élément qui empêche pas mal de joueurs de venir. Mais, d’un autre côté, je trouve que le salary cap n’est pas une mauvaise chose. Ici, toutes les équipes ont à peu près un niveau similaire. Le dernier de chaque conférence peut battre le premier. Et cela, c’est dû notamment au salary cap. Avant que je ne signe, le coach me l’avait signifié : « Écoute, on est un club qui bosse super bien et qui est ambitieux. On a l’objectif de remporter des titres et je ne veux pas que tu viennes dans l’optique de te reposer aux États-Unis. » Il avait recruté des joueurs l’année dernière et ils n’ont pas tenu, car ils étaient venus dans l’optique que ça allait être facile. Parce que c’était aux États-Unis. Le meilleur exemple, pour nous les Français, c’est Aurélien Collin (ex-Sporting KC et aujourd’hui à Orlando City, ndlr). Il a été élu meilleur défenseur de la Ligue et est une vraie star ici.
Quand je suis venu en Roumanie, je voulais repartir direct. En pleine préparation, en montagne, on devait courir à six heures du matin, s’entraîner à 11 heures et tirer dans un ballon avec vingt centimètres de neige.

Avant de t’envoler pour les States, tu as joué trois saisons et demie au FC Petrolul Ploiești (2011-2015), club avec lequel tu as notamment remporté la Coupe de Roumanie…

J’en garde de très bons souvenirs. De très très bons, même. Quand je suis venu en Roumanie, je suis arrivé dans l’inconnu, j’étais dans le trou, car je ne jouais pas du tout à Bastia. Je suis parti là-bas pour découvrir autre chose, pour quasiment commencer une nouvelle carrière. J’ai beaucoup appris en Roumanie. J’ai passé trois ans et demi là-bas, mais j’ai l’impression d’être resté cinq ou six saisons. En plus, on a gagné un trophée. Et cette sensation quand tu gagnes, ça te donne envie d’en regagner… Après, les Roumains sont un peu fous. On avait les meilleurs supporters du championnat et ils ont une place prépondérante dans l’histoire du club. Par exemple, la veille d’un derby, on était à l’hôtel pour la mise au vert. Et ils ont débarqué devant l’hôtel avec des fumigènes et en entonnant plusieurs chants. Les supporters là-bas, c’est énorme. Un truc de fou, vraiment. Si tu as l’occasion de regarder des vidéos des fans de Petrolul, n’hésite pas. Du coup, c’est pourquoi j’étais aussi content de quitter la France, parce qu’il n’y a pas cette ambiance survoltée. Quand je suis parti, on m’avait pourtant dit : « Tu pars en Roumanie, mais tu vas faire quoi là-bas ? »

Justement, tu as fait le choix de quitter la France pour partir là-bas à seulement vingt et un ans. Une décision pas commune tout de même…

Ce n’est pas anodin, c’est clair. Mais, en France, c’est compliqué. Si tu n’es pas dans la bonne équipe, dans le bon truc et que l’entraîneur ne te fait pas confiance… En Roumanie, j’ai vu des joueurs avec un niveau de malade alors qu’ils avaient joué au maximum en National. Je pense notamment à Damien Boudjemaa avec qui j’ai joué deux ans et demi et qui est désormais au Slavia Prague. Lui me disait qu’il n’avait jamais eu sa chance en France. Dans le championnat roumain, il y a trois, quatre équipes qui sont fortes. Le reste n’est pas terrible. Tu peux tomber sur des équipes complètement nulles. Il y a un grand décalage entre le top 4 et le reste des équipes.

Quant à l’acclimatation, n’a-t-elle pas été trop difficile ?

Lorsque je suis arrivé, j’étais le seul Français. Puis, pour te dire la vérité, quand je suis venu en Roumanie, je voulais repartir direct. L’équipe était en pleine préparation, c’était en montagne, il y avait vingt centimètres de neige. On devait courir à six heures du matin. On avait un autre entraînement à 11 heures et on devait tirer dans un ballon avec vingt centimètres de neige. J’ai rien compris. Je me suis dit : « Mais ce n’est pas du foot ça ! » Je suis finalement allé jusqu’au bout de la préparation. On était ensuite parti en Turquie. Et en seize jours passés là-bas, on a dû jouer environ huit, dix matchs. Ce qui signifiait qu’on jouait tous les deux jours. Je n’avais jamais vu une prépa pareille, un truc de fou ! Je me demande encore comment j’ai pu durer plus d’une semaine à la montagne. Sans doute parce qu’il n’y avait pas d’autres solutions qui s’offraient à moi. À la fin de la préparation, le coach m’avait surkiffé, donc il m’a nommé capitaine alors que j’étais arrivé il y a un mois et demi. Le roumain n’est pas si compliqué que ça à apprendre. Je l’ai appris en un an. Tu as l’impression que c’est compliqué au début, mais c’est un mix de plusieurs langues. Il y a beaucoup de mots qui ressemblent à d’autres langues. Puis la vie là-bas n’est pas chère. Six francophones ont rejoint le club ensuite et on s’est amusés comme jamais. On était une bande de potes, on allait partout.

Et les demoiselles, aussi charmantes et plantureuses que les chanteuses Alexandra Stan et Inna ?

Oui, oui (rires). Je confirme que la Roumanie est connue pour ses belles femmes. Elles sont même encore plus belles que les chanteuses qu’on connaît en France ! Les plus belles femmes de ma vie, je les ai vues en Roumanie. Crois-moi, elles sont très très bien (rires). Ça fait partie du charme du pays.
Je n’aimerais pas trop avoir Georghe Hagi comme patron… Il est grave sévère. La manière dont il crie sur ses joueurs, ça fait peur !

Gheorghe Hagi, qu’on surnommait le « Maradona des Carpates » , ça doit être quelque chose en Roumanie…

Bien sûr, qu’on en entend parler. C’est une légende là-bas. Il est patron du Viitorul Constanţa, un club de première division. Et je peux te dire que je n’aimerais pas trop l’avoir comme patron… Il est grave sévère. On a joué plusieurs fois contre eux et la manière dont il crie sur ses joueurs, ça fait peur ! C’est un peu notre Zidane là-bas. À chaque fois que je le croise, je prends une photo avec lui d’ailleurs. C’est un homme très respecté.

Revenons à tes premiers pas en tant que professionnel à Bastia. Ça reste un regret de ne pas avoir réussi pleinement à t’imposer sur l’Île de Beauté ?

Au début, oui, c’était un regret. Mais je ne me plains pas de ce que j’ai vécu après. Je sais que si j’avais été plus intelligent dans mes choix et plus assidu, j’aurais peut-être pu réussir à Bastia. Je n’ai pas fait ce qu’il fallait. À partir du moment où tu as conscience que c’est toi qui n’as pas fait le taff… J’étais totalement responsable de cette situation à l’époque et je n’étais pas du genre à mettre la faute sur le coach. Même si le coach ne t’aime pas et que tu es le meilleur à chaque fois, il te fera jouer parce que son objectif est de gagner. J’ai fait toute ma formation à Bastia et j’aurais bien aimé faire partie de l’équipe qui est remontée en Ligue 1.

Tu as aussi eu la chance de porter le maillot de l’équipe de France puisque tu as disputé les Jeux méditerranéens, en 2009, à Pescara, avec les moins de vingt ans…

Ça s’est bien passé, j’en garde un bon souvenir. C’était une bonne expérience. Avec une bonne équipe, une bonne ambiance. Il y avait (Morgan) Schneiderlin, (Franck) Tabanou, (Djamel) Bakar…

Tu joues aujourd’hui pour une formation qui représente l’État du Kansas, là où la devise est : « Jusqu’aux étoiles par des sentiers ardus » . À vingt-cinq ans, aspires-tu encore à de grandes ambitions ?

J’ai pour ambition de jouer le plus haut possible et de continuer à progresser. Après, mon objectif personnel viendra avec l’équipe. Mais je veux gagner des trophées. Gagner un trophée, c’est une telle sensation… Je l’ai fait avec Petrolul et je veux vraiment revivre cela. Puis, si j’ai la possibilité, je rêve de pouvoir jouer en Angleterre.
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