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Smoove & Turrell : « Les Français à Newcastle, ça n’est pas nouveau »

Par Matthieu Rostac
Smoove & Turrell : « Les Français à Newcastle, ça n’est pas nouveau »

Smoove & Turrell est un groupe qui transpire la Northern Soul du fin fond de l'Angleterre. Forcément, le football n'est jamais très loin. Surtout pour Joe Turrell, chanteur du groupe, qui a grandi avec les exploits du Newcastle de Kevin Keegan et de Paul Gascoigne. Rencontre avec un homme qui préfère Peter Beardsley à Alan Shearer.

Il paraît que tu es un grand fan de foot…

Oui, de Newcastle United, plus précisément. Enfin bon, j’appellerais pas vraiment ça du foot. Mais oui, partisan de la Newcastle United Toon Army. Tu sais, Manchester a City et United, Liverpool a Liverpool FC et Everton. À Newcastle, il n’y a qu’une seule équipe à supporter, donc je suis né en étant supporter de ce club, sans aucun moyen d’en réchapper. Mon père m’emmenait tout gosse au stade dans les années 80. Mon premier match, c’était un Newcastle-Liverpool. Je me rappelle pas tant que ça du match, plus de l’ambiance dans le stade. À l’époque, le stade n’était pas complètement fait de tribunes, il restait quelques coursives. Quand Newcastle a marqué, je me rappelle ce mouvement de foule incroyable vers les mains courantes qui reste sans doute le truc le plus intense que j’ai pu vivre dans un stade. Saint James’ Park est un stade fantastique, c’est comme une cathédrale pour les gens du coin. En plus, sur ce match, on avait gagné. Ce qui n’était pas rien, à l’époque. Forcément, après ça, j’ai toujours voulu revenir. Même si on était souvent dans le ventre mou du championnat, tout le temps douzièmes. C’est par la suite que ça s’est amélioré, lorsque Kevin Keegan a repris les rênes de l’équipe. Le Newcastle de la première partie des années 90 pratiquait sans doute l’un des plus beaux footballs qu’il m’ait été donné de voir. On n’a jamais rien gagné, hein, mais c’était magnifique à voir. Tout pour l’attaque. Passe, passe, passe, passe, passe, passe. But. Et on avait David Ginola qui reste à l’heure actuelle l’un de mes joueurs préférés de tous les temps. Il y avait également Philippe Albert qui a marqué l’un des plus beaux buts que j’ai vus de toute ma vie contre Manchester United : il brosse la balle pour lober le gardien presque du milieu de terrain.
C’est ça que j’aimais avec le Newcastle des années 90. Si tu nous marquais un but, on t’en marquait deux. Un football résolument tourné vers l’avant. Très cavalier. Et Kevin Keegan était honnête, ouvert concernant son équipe. Il savait quel type de supporters il avait en face et il voulait nous satisfaire. Tu pouvais sentir le mec passionné par ce qu’il faisait. Je pense qu’à l’époque, tout le monde s’est fait aspirer par cette super ambiance qui régnait dans la ville. Tu te réveillais le matin et tu te disais : « Ouais, je suis de Newcastle ! » Et ça t’arrive pas souvent, ces choses-là ! (rires)

Tu m’as parlé de Ginola, d’Albert… Mais pas de Shearer. Pourquoi ?

Oui, c’était la partie létale de l’équipe. L’un des meilleurs attaquants que l’équipe d’Angleterre ait jamais eue. Mais il ne faisait pas partie de mon équipe préférée de Newcastle, celle du Keegan des débuts. Shearer est arrivé à la fin de cette époque. Faut pas se méprendre, Shearer est un grand footballeur, un grand buteur. Mais l’équipe construite autour de lui était bien moins forte que celle construite autour de Peter Beardsley et Rob Lee.

Même si le Newcastle de Shearer a fini second de Premier League une saison ?

C’est vrai que c’était le plus gros accomplissement du club depuis longtemps. Cette saison, c’est sans doute la seule erreur de Kevin Keegan parce qu’il démissionne. Mais je ne peux pas lui en vouloir : quand il arrive à Newcastle, il a les cheveux bien noirs. Quand il repart, ils sont gris et il a cette tristesse dans le regard parce que les supporters lui en ont trop demandé… Ce qui s’est passé avec Keegan, c’est ce qui a failli se passer avec Pardew récemment, d’ailleurs. Tout le monde réclamait sa tête et résultat, le mec reste et nous hisse dans le haut du tableau de Premier League à nouveau. Bref, la saison 1996-97, on avait treize points d’avance sur Manchester United et, au final, on se fait battre dans la dernière ligne droite et on termine deuxièmes. Après ça, l’histoire de Newcastle n’a été qu’un long déclin. Tu finis quatrième, puis sixième, puis huitième et ainsi de suite pour finir par être relégué.

Tu viens de parler d’Alan Pardew. Tu penses quoi du bonhomme ?

C’est compliqué de s’exprimer parce qu’il y a ce propriétaire qui n’est clairement pas à la tête du club pour les bonnes raisons. Quand tu as le boss de Sport Direct au-dessus de toi, tu fais avec les moyens du bord. Bon, Pardew est un bon manager, mais, parfois, je ne comprends pas ses tactiques. On est clairement meilleurs en 4-3-3 dans un système rapide, et pourtant, il a tenté des trucs bizarres du genre un 4-3-1-2. Quand tu as un système qui fonctionne, tu dois le garder. Surtout quand tu reviens finalement à ton 4-3-3 et fais des bons résultats contre Liverpool et Tottenham. Il a acheté des supers joueurs : Sissoko est incroyable, et même Cabella, même s’il doit muscler son jeu pour la Premier League. Je crois qu’il a fini par s’en rendre compte quand il s’est retrouvé sur le banc. Il ne s’est pas retrouvé sur le banc parce qu’il est nul, mais parce qu’il ne s’est pas habitué à la rapidité et l’agressivité du championnat anglais. On a également deux jeunes : Rolando Aarons et surtout Ayoze Pérez, qu’on a achetés à Tenerife. On dirait que ça fait dix ans qu’il joue en Premier League. Et puis, on a Coloccini. Un bon capitaine. Le boss.

Récemment, un autre Argentin était dans la tourmente à Newcastle : Jonás Gutiérrez. Que penses-tu de toute cette histoire ?

Je suis particulièrement fier de ce mec. On ne comprenait pas pourquoi il ne jouait plus, pourquoi il s’entraînait à part, etc. On se disait qu’il y avait peut-être des problèmes avec le staff. Quand on a appris son cancer, on s’est sentis tellement mal… Le mec est une crème. Il est resté au club quand il est descendu en Championship, il nous a aidés à remonter. C’est sans doute pas le plus brillant des footballeurs que Newcastle a connus, mais l’un des plus charismatiques, pour sûr. Il est aimé de tous les fans de Newcastle et tout le monde se rappellera de lui.

En revanche, que penses-tu de l’attitude des dirigeants ?

Tu sais, je suis fan du nom Newcastle United. Mais je ne suis définitivement pas fan des gens qui dirigent le club actuellement. Je les méprise, même. Ce n’est absolument pas la faute d’Alan Pardew dans cette histoire. Il faut aller chercher plus haut.

Comment tu interprètes cette french touch à Newcastle ?

Les Français à Newcastle, ça n’est pas nouveau : on a eu Ginola, Olivier Bernard et Laurent Robert. Plus que des Français, on a acheté des supers joueurs. Cabaye, par exemple, était incroyable. Je comprends totalement son choix d’aller au PSG. L’herbe du voisin est toujours plus verte. Maintenant, il est sur le banc et ça n’est absolument pas sa place. Peu importe le niveau ou l’argent du club, il devrait être titulaire indiscutable partout. S’il est à 100%, personne ne peut le battre. On a eu Ben Arfa, aussi. Lui, c’était un joueur formidable avec un problème de mentalité. Mais j’ai été triste de le voir partir parce qu’il a du talent. Il est béni par le football.

Autre génie incompris passé par Newcastle : Paul Gascoigne.

Un génie avec un ballon, un peu moins avec la boisson ! (rires) Un vrai mec de Newcastle. Il est de Gateshead, on vient de la même école. Il sera toujours un Dieu pour nous. C’est juste triste pour lui qu’il soit tombé dans l’alcool et la drogue. En live, c’est l’un des meilleurs joueurs que j’ai jamais vus. Tout le monde parle de George Best, mais qui peut se targuer de l’avoir vu jouer en direct ? Moi, j’ai vu jouer Paul Gascoigne et c’était magique. Absolument magique.

Parlons un peu de l’équipe d’Angleterre, si tu veux bien…

C’est pas mal du tout en ce moment, hein ? Je crois que le meilleure chose qui soit arrivée à cette équipe est que les anciens dieux sont enfin tombés : Gerrard, Lampard, Terry… Attention, ce sont des footballeurs fantastiques et ils feront toujours partie des légendes. Mais quand ils sont ensemble sur un terrain, ils s’annulent. Si tu regardes l’Allemagne qui vient de remporter la Coupe du monde, ils sont tous très jeunes, ont tous joué en équipe de jeunes ensemble avant de se retrouver en équipe A. Et l’Allemagne a totalement dominé ce tournoi parce qu’ils savaient très bien comment gagner, mais, surtout, ils avaient les jambes pour y parvenir. OK, Gerrard peut mettre des frappes du milieu de terrain. Mais le mec n’avance plus ! Il n’y avait aucune vitesse dans cette équipe. Maintenant, Rooney est capitaine de l’équipe, et personne ne doute de son implication. C’est une bonne chose d’avoir renouvelé complètement l’effectif, de se retrouver avec des jeunes qui ont la dalle à l’idée de jouer pour l’Angleterre. Je ne parle même pas de Raheem Sterling, mais regarde Danny Welbeck. Depuis qu’il joue à Arsenal, en pointe et pas sur le côté comme à Manchester United, il revit. Je ne pense pas que l’on gagne quoi que ce soit dans les années futures, mais on peut faire bonne figure. Ceci étant, je ne vais pas te dire qu’il fallait se débarrasser du bois mort parce que Gerrard ne sera jamais du bois mort. Je serais pas contre l’avoir à Newcastle, même à 40 ans ! (rires)

⇒ Smoove & Turrell seront en concert aux Trans Musicales de Rennes le vendredi 5 décembre ⇒ Toute la programmation des Trans Musicales de Rennes

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