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Sidney Govou, le dernier des épicuriens

Par Swann Borsellino
Sidney Govou, le dernier des épicuriens

Les grands artistes quittent souvent les leurs par la plus petite des portes. Sidney Govou, homme fort du septuplé lyonnais et footballeur frisson d'une Ligue 1 qui n'en compte plus beaucoup, a peut-être vu sa carrière s'achever ce samedi sur la pelouse du Grand Stade de Lille. Touché au tendon rotulien comme un certain Ronaldo et absent pour six mois, le joueur de 33 ans laisse déjà un grand vide derrière lui.

Ça aurait pu être « Suze » ou « B-52 » . Ce fut « Whisky-Coca » . Une boisson d’ado pour certains, un délice pour les papilles quand on y réfléchit bien. De toute façon, pour être surnommé comme cela, on se doute bien que Sidney Govou était plus Jack Daniels que William Peel, et ça, ça fait passer le whisky-coca du statut de breuvage de Portugais à boisson de qualité. Ce samedi soir, sur la pelouse du Grand Stade de Lille, Whisky-Coca s’est peut-être renversé pour la dernière fois. Secoué par un contact avec Lucas Digne, il a quitté la pelouse sur un plateau, souffrant, grimaçant. Quelques heures plus tard, le diagnostic est aussi dur que les images : rupture du tendon rotulien. Une indisponibilité de six mois est annoncée, mais même si le joueur est plutôt du genre à vite récupérer, il s’agit là du genre de blessure dont on se remet assez mal, surtout à 33 ans. Pour Sidney, c’est peut-être l’heure du clap de fin. L’occasion de revenir sur la carrière d’un joueur, mais surtout d’un type qu’on ne peut qu’aimer.

Qui est l’exemple ?

On donne au joueur de foot l’image que l’on veut lui donner. Exubérant, idiot, bling-bling et bien d’autres encore. Sidney Govou lui, est un jouisseur. Un épicurien. Un homme qui aime « les grandes tablées au restaurant avec les amis » , le soleil et profiter de la vie. Un homme qui se sait privilégié et qui en profite, quitte à dépasser les bornes, parfois. Joueur brillant, l’ancien Lyonnais voit plus souvent son nom associé à des histoires de sorties nocturnes qu’à des papiers dithyrambiques. Amoureux de la vie et donc, de la fête, Sidney vit ses premières sorties de piste à Lyon, quelques années avant de faire la Une des quotidiens sportifs grecs alors qu’il portait les couleurs du Pana. « On avait deux jours et demi de repos, ça me semblait normal » avoue après coup, au Parisien celui qui avait alors bravé le couvre-feu de 3h du matin fixé par son club.

A posteriori, cette réputation l’emmerde. Non pas parce qu’il ne l’a pas forcément méritée – le joueur se reconnaît lui-même comme quelqu’un qui a été « excessif » – mais parce qu’entre vérité et imagination, les médias grecs se perdent et la famille Govou s’inquiète. Le joueur doit consoler sa mère en larmes au téléphone, rassurer les siens mais surtout, jouer un rôle qui n’est pas le sien : celui de modèle. Comme Zidane, Ribéry et tant d’autres footballeurs français, Govou se retrouve à devoir donner l’exemple à cause de son statut de footballeur. Un mal franco-français que Govou, aussi performant sur le dancefloor la nuit que sur le terrain le lendemain, n’aurait pas eu à connaître s’il avait testé l’exil anglais dans sa carrière. Oui, Sidney fait partie de ces joueurs capables de s’en coller une et de répondre présent le lendemain, à l’entraînement comme en match : « Je suis comme je suis : excessif de temps en temps, mais toujours présent sur le terrain » . Govou ne rate pas les entraînements et, pendant ses saisons lyonnaises, ratait rarement des matchs. Car ses plus beaux shots, Sidney ne les a pas consommés dans un bar, mais dans un stade. Et c’était de l’adrénaline.

Bourreau de l’OM et buteur frisson

Il y a deux catégories de joueurs : les joueurs excellents et ceux que l’on redoute. A Marseille, Sidney Govou appartient à la deuxième catégorie. Véritable bourreau de l’OM, l’ancien Gone avait le don de semer la pagaille dans la défense phocéenne. Quand il ne traversait pas la moitié du terrain pour finir d’une mine du gauche, c’est qu’il était trop occupé à envoyer une mauvaise relance de Frédéric Dehu dans la lucarne de Fabien Barthez. S’il n’a jamais eu l’influence constante d’un Juninho ou d’un Coupet, les deux seuls Lyonnais avec lui à avoir connu les sept titres de champion, Sidney Govou, homme de coups, a planté de nombreuses banderilles avec l’OL. 77 en 412 matchs et quelques unes en Ligue des Champions dont ce fameux but face au Bayern Munich, en 2001, avec Anderson, Linarès et dans la face d’Oliver Kahn. Distributeur de frissons, Sidney Govou a également eu l’occasion de se distinguer en équipe de France entre 2002 et 2010. 49 sélections à la clé et 10 buts, pour une romance tendre mais sans remous. Pas lassé pour un sou après 14 ans de carrière professionnelle, Sidney annonçait, quelques jours avant sa blessure, qu’il était prêt à continuer, même à l’échelon inférieur. « Les footballeurs pros, on est tous des grands gamins, on est rarement satisfaits. J’aime jouer, quel que soit le niveau. Tout est ouvert » confiait-il à L’Equipe, peu avant le match face à Lille. En fin de contrat au terme de la saison, on peut dire que la blessure tombe au pire moment. Mais c’est mal connaître le gaillard que de dire que la carrière de ce joueur que l’on a pas envie de voir partir s’est terminée en eau de boudin. En tout cas, nous, on trinque à ta santé, Sidney.

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Par Swann Borsellino

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