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Ruben Lopez : « Les footballeurs ne doivent pas avoir peur de nous »

Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid
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Ce samedi, à l'initiative de Podemos, le parti cousin de Syriza, la Marche du changement promet d'inonder les rues de Madrid avec un cortège de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Ruben Lopez, responsable politique en charge des sports, s'explique sur les changements souhaités par le parti de Pablo Iglesias dans le monde du football espagnol.

Samedi, Podemos organise une grande marche citoyenne à Madrid. On parle beaucoup du programme social et économique du parti. Quelle est la place du sport ?

Le sport a son importance et n’est pas bradé. Il y a une vraie préoccupation. Par exemple, au sein de l’organisme principal de décision du parti, il y a un responsable de la politique sportive, comme pour l’économie, l’écologie, l’éducation, la santé… En ce moment même, nous élisons les organismes de direction. Les cercles citoyens ont un fonctionnement à part entière : ce sont des groupes de travail qui se divisent soit territorialement soit thématiquement. À l’intérieur du cercle concernant le sport, nous sommes environ 200 personnes.

Existe-t-il déjà un programme concernant le sport ?

Nous avons presque terminé la rédaction d’un programme clair du parti sur le sport. Mais il y a des questions qui sont présentes depuis le début. Il y a quatre, cinq points qui n’ont pas bougé depuis le début. Sur la question de l’éducation physique dans les écoles, nous sommes partisans d’augmenter les heures jusqu’à la moyenne européenne, autrement dit au minimum trois heures par semaine. En Espagne, nous avons actuellement un problème, puisque nous en dispensons seulement deux. Nous sommes les pires dans l’Union européenne… Avec la crise, dans certaines régions, ils ont même réduit drastiquement les heures de sport pour des raisons économiques. Ce n’est pas tolérable.

Qu’espère changer Podemos dans le fonctionnement du sport espagnol ?

Au niveau du sport fédéral, du sport de compétition, du sport de masse, il y a plusieurs choses que nous voulons changer. Le sport espagnol fonctionne, comme le dit la Constitution, ainsi : les pouvoirs publics délèguent leurs missions aux fédérations sportives. Les fédérations avaient presque les pleins pouvoirs sous le régime de Franco. Aujourd’hui encore, le constat est presque similaire. À Podemos, nous voulons impliquer beaucoup plus les institutions éducatives, surtout pour les étapes de sport de masse. Les fédérations sportives ont aujourd’hui toutes les compétences de la formation des sportifs jusqu’à ce qu’ils deviennent des sportifs professionnels ou de haut niveau. Nous souhaitons que ces différentes étapes soient redistribuées entre les fédérations et les institutions publiques.

Et du football ?

Si nous parlons encore des fédérations, celle de football est la plus puissante du pays. Le problème de la RFEF, que l’on peut retrouver dans d’autres sports, est que ce sont les mêmes personnes qui la dirigent depuis des années et des années. Ainsi, le président de la fédé est en poste depuis 27 ans. Nous voulons changer le format des élections du président pour qu’elles deviennent beaucoup plus démocratiques et également encadrer les années d’un mandat. Selon nous, il faudrait que toutes les personnes qui aient une licence, du joueur à l’entraîneur en passant par de simples bénévoles ou les arbitres, disposent d’un vote.

Concernant la répartition des droits télés, quelle est la position de Podemos ?

C’est un point central des changements qui doivent être opérés dans le football. Il faut absolument une répartition plus juste. Aujourd’hui, le Barça et le Real Madrid se partagent environ 50 % de ces droits. Il faudrait se rapprocher du modèle anglais ou allemand, où la répartition est plus équitable.

Et concernant les salaires ?

En Espagne, la limite salariale n’entre en vigueur que si un club a une dette suffisamment importante pour entrer dans un processus de faillite. Des administrateurs mis en place par un juge répartissent les dépenses et les entrées d’argent pour que la situation financière s’améliore. Forcément, l’une des premières mesures qu’ils prennent est d’encadrer les salaires. Il n’est pas possible qu’un club avec une énorme dette continue de payer pour des petites fortunes des joueurs.

Le football est le sport roi en Espagne. Podemos souhaite-t-il favoriser le développement des autres sports aux dépens du football ?

C’est l’une des choses que nous souhaitons mettre en place en Espagne. Nous voulons essayer de faire une mise à niveau entre les différents sports. Par exemple, qu’un joueur moyen de football gagne dix fois plus qu’un nageur ou un skieur de très haut niveau a quelque chose d’aberrant. Certains sportifs de haut niveau n’ont pas les revenus suffisants pour être professionnels. Ils ont accès à quelques bourses qui sont presque insignifiantes, toujours sur du court terme. Ainsi, en Espagne, on se retrouve avec un paradoxe : des athlètes d’élite de sports mineurs n’ont pas de quoi vivre de leur sport. Nous défendons donc une répartition plus juste des subventions entre les sports qui sont le plus dans le besoin.

Le programme sportif de Podemos prévoit également des études obligatoires pour les jeunes footballeurs. Selon vous, pourquoi ceci n’est-il pas déjà en vigueur ?

Sur cette question, je vais difficilement pouvoir te répondre. Ce sont des propositions qu’a faites un collègue de Podemos et qui ont été reprises par de nombreux médias. C’est une opinion personnelle, pas l’opinion du parti ni du cercle citoyen. Ce qui est certain, c’est que nous aimons le programme sportif et éducatif des États-Unis : il y a une bonne coordination entre les deux systèmes. Nous aimons que, tant les lycées que les universités élèvent le sport au rang de priorité pour qu’il y ait du partage et de la coordination entre les entraînements et la compétition avec les examens et la formation. Ce qui nous intéresse, c’est le lien étroit qu’il y a entre les institutions éducatives et le monde sportif professionnel. Toutes les étapes de la vie d’un sportif, de son entrée très jeune à l’école jusqu’à son diplôme, sont très étroitement liées à l’éducation. On forme donc aussi bien de grands sportifs que des personnes avec un bagage éducatif. Avec tous ses défauts, le sport américain permet aux sportifs de suivre les études de leurs choix. Sur le football espagnol, cela pourrait avoir un très bon effet.

Après la mort du supporter de La Corogne, les autorités ont mis en place des mesures anti-ultras. Podemos aurait pris les mêmes mesures ?

À Podemos, nous recevons en ce moment de nombreux messages de gens qui sont très mécontents et se sentent persécutés par les mesures prises par les autorités après l’assassinat de ce supporter du Deportivo La Corogne. Avec ces mesures, ceux qui paient sont ceux qui n’y sont pour rien. À force de chercher des responsables là où ils ne sont pas, on prend les mauvaises décisions. Je pense que les décisions qu’a prises le gouvernement, la LFP et tous les autres acteurs sont des mesures populistes parce qu’ils essayent de faire taire la société. Ils veulent montrer aux gens qu’ils ont le pouvoir. Tout cela leur permet de ne pas pointer le vrai problème du football. Le vrai problème de la violence dans le football se retrouve sur tous les petits terrains espagnols. Il existe énormément de violence dans le football amateur. Et pour stopper cela, le gouvernement et la Fédération n’ont pris aucune mesure, ils tournent le dos au problème. Au final, chaque samedi soir ou dimanche après-midi, personne n’aide les bénévoles et les dirigeants à contrer cette violence verbale ou physique. Beaucoup de joueurs, d’arbitres s’en plaignent…

Joaquín, aujourd’hui à la Fiorentina, a vivement critiqué Podemos. Pensez-vous que le monde du football professionnel a peur de l’arrivée de Podemos ?

Non. Enfin, je pense que les footballeurs n’ont pas de quoi avoir peur. De plus, je trouve cela amusant que des joueurs comme Joaquín ou Roberto Soldado, qui a également fait un commentaire sur Podemos depuis Londres, fassent des blagues sur nous, agitent la peur sur Podemos. Ils vivent très bien, ils gagnent beaucoup d’argent, mais ils regardent avant tout ce qu’ils vont payer en impôts. Il y a le cas du champion du monde de Moto GP, Márquez, qui, il y a peu, a déclaré qu’il allait mettre son domicile fiscal à Andorre. Il s’est seulement rétracté à cause de la pression populaire. Je pense que les gens en ont marre de voir que les gens qui gagnent autant d’argent passent beaucoup de temps à demander pour payer moins d’impôt. Les gens, ce qu’ils souhaitent, c’est une imposition progressive où ceux qui gagnent plus payent plus. Après, il y a également beaucoup de footballeurs qui font leur travail de citoyen sans broncher. Cristiano Ronaldo en est un bon exemple.

Avez-vous reçu des soutiens du monde du football ?

Malheureusement, du monde du football, non. Mais ce n’est pas que le cas de Podemos. En général, les footballeurs ne se prononcent que rarement sur la politique. En revanche, Xavi, le joueur du Barça, a déclaré dans une interview au sujet de Podemos qu’il était d’accord sur le fait que l’Espagne devait connaître un changement. Je suis certain qu’il y a beaucoup de footballeurs qui souhaitent ce changement, mais qui ne veulent pas se prononcer par peur des reproches.
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Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid

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