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Rodéric Filippi : « J’essaie de faire une formation de chauffeur poids lourd »

Propos recueillis par Gaspard Manet
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Rodéric Filippi : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;essaie de faire une formation de chauffeur poids lourd<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À 26 ans, il joue en défense centrale au Gazélec Ajaccio, en Ligue 2. Footballeur professionnel, il n'est pourtant pas un grand fan de foot. Lui, c'est Rodéric Filippi, un homme qui aime profiter de la vie et faire du sport plutôt qu'en regarder. Rencontre avec un footballeur qui s'en tape du football. Un homme à part, en somme.

Comment est-on footballeur sans s’intéresser au foot ?

C’est tout simple, j’adore le sport, mais seulement dans la pratique. Je déteste le regarder. Dès que j’essaie de regarder un match, j’ai tout de suite envie de zapper, car je m’emmerde très vite. Bon, après, j’ai quand même regardé deux-trois grosses affiches, notamment le dernier Barça-Real. Mais mon plaisir dans le sport, c’est juste de le pratiquer, à regarder je trouve ça vraiment ennuyeux.

Et quand il y a des grosses compétitions comme la Coupe du monde, tu te laisses quand même avoir, non ?

Je me laisse avoir sur la finale, ouais (rires). C’est comme ça, ça ne m’intéresse pas. Parfois, les coachs nous disent de regarder des matchs pour voir des mecs qui évoluent à un plus haut niveau que nous, mais je n’y arrive vraiment pas. Je préfère apprendre avec mes coéquipiers, comme aux côtés de Jérémie Bréchet, notamment, qu’en regardant des matchs à la télé, ça c’est évident.

Gamin, tu as donc grandi sans aucune idole ?

Ah non, mais alors pas du tout. Je connais quelques joueurs, les mecs comme Zidane, Beckham, Drogba, mais c’est juste parce qu’ils sont, ou ont été, partout dans les journaux. De moi-même, je ne m’intéresse à aucun footballeur. Même là, hein, si tu me demandes de te citer les équipes de l’OM et de Paris, je serais bien emmerdé. Au PSG, je connais Zlatan, voilà (rires).

Le foot, même enfant, tu ne faisais qu’y jouer, donc ?

Ouais, on jouait dans la cour de récré, comme tous les gamins. De toute façon, le soir, je n’avais pas le droit de regarder la télé après 20h30, donc à partir de là, je ne pouvais pas voir les matchs. Les lendemains, à l’école, tous mes potes parlaient du match, moi je n’avais rien à dire, je dormais. D’ailleurs, c’est peut-être du fait que je n’ai pas pu voir les matchs en étant gamin que je ne m’y suis jamais intéressé, j’en sais rien.

Oui, mais même à cette époque, tu ne ressentais donc pas un « besoin » de regarder les matchs ?

Ah non, pas du tout. Tu sais, je me suis toujours fait tailler à cause de ça dans le monde du foot. Que ce soit mes coéquipiers ou mes coachs, à chaque fois qu’ils me parlaient d’un joueur j’étais largué, les gens ne comprenaient pas. Quand Jérémie Bréchet est arrivé au Gazélec, je ne savais pas qui c’était, alors que c’est quand même un mec qui a fait une grosse carrière. Déjà, je croyais qu’il s’appelait Brochet, et tout le monde me disait : « Mais, t’es pas sérieux, tu ne connais pas Bréchet ? » La seule chose que je me suis dit, c’est qu’il avait 35 ans et que j’espérais qu’il allait encore courir (rires). Bon après, quand on m’a expliqué son parcours, j’ai été plus impressionné.

Comment tu t’es mis à jouer au foot de façon régulière ?

J’ai commencé super tard, vers 11 ans. Avant ça, je faisais de la gym avec mes frères. Un pote m’a dit de venir jouer avec lui et j’y suis allé. Dès le premier entraînement, un mec de l’équipe une m’a demandé de venir avec eux, et voilà, ça c’est comme ça que j’ai commencé à jouer au foot chez moi, à Six-Fours.

Et le basculement vers le professionnalisme, il s’est fait comment ?

En fait, je suis un énorme compétiteur, je déteste perdre, même s’il faut que je finisse chiffon par terre à la fin du match. Après, techniquement, j’ai des briques à la place des pieds, j’étais juste le stoppeur bourrin qui dégage loin devant et basta. Je me contentais de suivre le n°9 qui ne devait pas toucher le ballon. Je pense que mon esprit de compétiteur a toujours plu à mes entraîneurs qui m’ont toujours fait jouer en équipe une. Et puis, j’aimais bien faire partager mon expérience aux petits jeunes qui arrivaient dans l’équipe, et le cousin de l’un d’eux, un jour, m’a proposé de venir faire un essai dans son équipe, au Cavigal de Nice. À ce moment-là, je n’envisageais absolument pas de devenir professionnel avec les deux boîtes que j’avais aux pieds et que j’ai toujours, d’ailleurs. On jouait en 16 nationaux, c’était cool, mais ce n’était qu’un centre pré-formateur qui n’aillait que jusqu’aux 18 ans. Du coup, je pensais n’avoir aucun débouché derrière. Mais à la suite de cette expérience, mon père a contacté l’ACA et j’ai signé là-bas.

Tu fais donc ta formation à l’ACA ?

Oui, même s’il n’y avait pas de centre de formation, et qu’il n’y en a toujours pas, d’ailleurs. On était en partenariat avec le CREPS d’Ajaccio, donc on dormait là-bas, on avait des horaires un peu aménagés pour l’école. Ce n’était pas la même chose que les jeunes qui sont dans des centres comme à Saint-Étienne ou à Nantes, mais ce n’est pas plus mal, au moins on était plus libres et on se prenait moins la tête.
Un autographe, ça reste un putain de gribouillis sur une feuille

Quand tu jouais en jeunes, à l’ACA, tu dénotais déjà parmi les autres jeunes ?

Ah carrément, je me suis fait tailler sur ça toute ma jeunesse. Quand on était au CREPS, ils allaient tous regarder les matchs, alors que moi, j’étais seul dans la chambre à appeler des potes ou des copines.

J’imagine que signer un autographe, c’est un truc qui te dépasse, du coup, non ?

Ouais, c’est clair. Ça me fait plaisir d’en signer, hein, mais c’est sûr que je ne vois pas l’intérêt. Un autographe, ça reste un putain de gribouillis sur une feuille, et puis on est des footballeurs, on n’a pas sauvé la planète, hein. Pour moi, c’est comme si demain j’arrive chez mon boulanger et je lui dis : « Putain, vous faites vraiment bien le pain, vous pouvez me signer un autographe, svp ? » On est payés pour faire notre métier, comme tout le monde. Après, cette reconnaissance, elle fait plaisir, mais, pour moi, elle est difficilement compréhensible. Tu signes des autographes, toi, quand tu écris un bon article ? Non, et c’est normal, c’est l’inverse qui serait le plus étrange. Bah, pour moi, le raisonnement est le même pour les footballeurs.

Tu te vois encore longtemps dans le football ?

Non, car, il faut être honnête, je n’ai pas une très bonne hygiène de vie (rires). Je suis du genre bon vivant. On a des directives de la part des entraîneurs, notamment au niveau du poids qu’il faut respecter, mais c’est vrai que je ne suis pas un brin professionnel. Je suis le genre de mec qui arrive dernier et qui repart premier de l’entraînement. Le coach m’a un peu sermonné par rapport à ça, pour que je donne plus l’exemple, mais ce n’est pas mon truc, je préfère rentrer chez moi pour voir mon fils. Tiens, on parlait de Jérémie Bréchet, je ne sais pas comment il fait, il a une hygiène de vie irréprochable, il ne sort jamais. La dernière fois, je lui dis : « Viens, on va se faire un petit apéro » . C’était à la sortie d’un match et on ne jouait pas la semaine d’après. Du coup, je me suis dit qu’il allait profiter un peu. Au final, il a pris trois bières en trois-quatre heures, pour rester raisonnable, alors que de mon côté, j’avais écumé pas mal de whisky-coca (rires).

Au niveau alimentaire, tu n’arrives pas à faire attention ?

Bah si un peu, car je suis obligé. Si tu prends trop poids, il y a des répercussions sur ton salaire. J’essaie donc de rester au poids de forme, mais je ne me prive jamais d’un bon Quick. Je mange un steak tous les jours, du poulet une fois par semaine, alors que ça devrait être l’inverse, mais je n’arrive pas à le concevoir. Je mange, et dès que je n’ai plus faim j’arrête, point barre.
J’essaie de rester au poids de forme, mais je ne me prive jamais d’un bon Quick

Et tu penses que ça va te porter préjudice pour la suite de ta carrière ?

Ah bah, c’est sûr. Et j’en suis conscient, même si ça me fait chier. Après, peut-être que je vais arriver à changer, mais je n’arrive pas trop à faire attention. Ce qui ne veut pas dire que j’ai une hygiène de vie catastrophique, je ne suis pas là à me bourrer la gueule tous les soirs.

À la suite de ta carrière, il est inenvisageable que tu restes dans le foot ?

Ah non ! J’en ai déjà beaucoup parlé avec ma famille, pour moi c’est inenvisageable. Là, je suis en train de voir avec l’UNFP pour faire une formation de chauffeur poids lourd. Donc, ça n’a rien à voir avec le foot, en effet. En fait, j’ai un pote, qui est supporter du Gaz’ à la base, qui m’a parlé de son métier de chauffeur poids lourd, et ça m’a tout de suite intéressé, tant au niveau du salaire que des horaires. Et puis le fait de ne pas être derrière un bureau, c’est quelque chose qui m’attire également.

Tu te verrais bien faire ça, du coup ?

Ouais, carrément. Je me suis déjà vachement renseigné, et la seule chose qui m’a empêché de le faire pour l’instant, c’est que je dois être libre de 8h à 15h pendant un mois et demi pour passer le permis poids lourd. J’ai regardé avec l’auto-école pour avoir des horaires aménagés, mais pour l’instant, ce n’est pas possible, donc à voir si j’arrive à le passer pendant les grandes vacances. Sinon, je le passerai à la fin de ma carrière. Mais rien n’est fixé, peut-être que je changerai d’avis. Je ne ferme pas les portes à des métiers comme mécanicien ou autre.
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