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Robert Lewandowski de Pruszkow

Par Nicolas Jucha
Robert Lewandowski de Pruszkow

À une époque où Lionel Messi et Cristiano Ronaldo monopolisent l'attention médiatique, Robert Lewandowski réalise l'exploit d'être considéré comme l'un des cinq meilleurs attaquants au monde. Pourtant, il y a 10 ans, il était au fond du trou et tentait de redevenir simple footballeur avec le Znicz Pruszkow, en troisième division polonaise.

Quatrième du dernier classement du Ballon d’or, buteur sans pitié du Bayern Munich depuis deux saisons et grand espoir de la nation polonaise pour l’Euro, Robert Lewandowski arrive à 27 ans au zénith de sa carrière. Mais avant de prétendre à une victoire en Ligue des champions et à tous les records possibles en Bundesliga comme en sélection polonaise, le buteur polonais a failli passer à côté d’une simple carrière professionnelle. La faute à une vilaine blessure qui a fini de convaincre le staff technique du Legia Varsovie qu’il n’avait pas la carrure. C’était au printemps 2006. Une époque où il mange sans doute ses repas dans l’ordre. Du milieu des années 90 à ce premier échec sportif, Robert Lewandowski a vécu une jeunesse heureuse. Son père, ancien vice-champion de Pologne de judo, s’occupe des installations du Partyzant-Leszno, où le gamin n’a pas de licence, mais impressionne les enfants – plus âgés – avec lesquels il tâte le cuir. C’est au Varsovia Warszaw, sorte de centre de formation omnisports aux installations vétustes qu’il a sa licence et brille en football, athlétisme et volley-ball. « Il respirait le football à 100%. Sans oser dire qu’on le voyait devenir un joueur de classe mondiale, c’était évident pour tout connaisseur qu’il avait un truc en plus » , se souvient Kamil Bienko, présent à l’époque et toujours joueur du Partyzant aujourd’hui. Ce potentiel s’exprime avec le Varsovia Warszaw, pour qui Lewandowski est de loin le meilleur joueur, et débouche en 2005 par son arrivée au Legia Varsovie. Dans la réserve du plus grand club de Pologne, Lewandowski est censé faire ses armes en Division 3 avant de pouvoir prétendre intégrer l’équipe fanion. Ce qui ne se fera jamais entre les difficultés collectives de l’équipe, mal classée, et le spleen personnel du joueur qui ne trouve pas sa place et affiche un bilan famélique de trois buts. Victime d’une grosse commotion cérébrale en compétition, il se retrouve sur le flanc pour la fin de saison, et les dirigeants du Legia décident de la faire sans sentiments : l’estimant inapte à une carrière pro, ils mettent fin à la collaboration et chargent une secrétaire administrative de faire passer le message.

« Un remplaçant du remplaçant »

C’est Iwona Lewandowska, la mère, qui récupère son fils en train de broyer du noir après l’annonce de la décision irrévocable. Clap de fin ? La génitrice fait marcher son réseau. Ancienne joueuse de volley-ball de haut niveau, elle a également coaché les filles du Znicz Pruszkow en laissant une image suffisamment bonne pour que l’on case sa progéniture dans la section football, engagée en troisième division. Plus pour rendre service que pour répondre à un besoin selon le directeur sportif du club Sylwiusz Mucha Orlinski : « Il avait encore des séquelles de sa blessure, personne ne voyait en lui un futur pro et encore moins un joueur de haut niveau. » Pour Znicz, Robert Lewandowski débarque comme un éventuel « remplaçant du remplaçant en attaque, une sorte de troisième choix » , précise Orlinski, pour qui la priorité est alors « de lui faire retrouver une condition physique digne de ce nom » . L’air de la ville de 60 000 habitants en Mazovie, au cœur de la Pologne, a un effet régénérateur sur Lewandowski. Après des débuts difficiles, « car il était très faible physiquement, même un entraînement très basique était une épreuve » , le natif de Varsovie monte progressivement en puissance « minutes par minutes, passant chaque fois un peu plus de temps sur le terrain, il a pris de l’importance dans l’équipe » . Le secret du retour en grâce est double selon Adam Krużyński, aujourd’hui président du club, alors employé de l’un des sponsors : « Il a été poussé par sa détermination sans faille, et le fait que le club n’attende rien de lui au départ, et donc ne cherche pas à précipiter son retour comme ce fut le cas à Varsovie. » Orlinski se souvient « d’un monstre de travail qui passait plus de temps sur les terrains que tous ses coéquipiers » , mais aussi en dehors selon Krużyński, « pour s’étoffer physiquement et musculairement » . Ce qui explique la plastique ronaldinesque – le Portugais – du joueur, même si ce ne sont pas ses pectoraux saillants mais bien ses statistiques qui vont mettre la puce à l’oreille des recruteurs.

Retournement de cerveau et repas de Pâques

Sous les ordres de Andrzej Blacha, « celui qui l’a reconstruit physiquement » , de Leszek Ojrzynski et surtout de Jacek Grebocki, – « un vrai mentor qui l’a transformé en prédateur de la surface de répération » d’après Orlinski – Robert Lewandowski devient titulaire indiscutable au Znicz. Et surtout, meilleur buteur en troisième division puis en seconde, ce qui a séduit Igor Rutkowski, alors directeur du recrutement au Lech Poznań. « Au départ, on suivait un autre attaquant de Znicz Pruszkow, mais rapidement on a reporté notre attention sur Robert, car il semblait évident que c’était lui le plus gros potentiel du club. » Ce qui séduit le dirigeant, ce sont les chiffres. Robert Lewandowski marque, beaucoup, et tout le temps. « En 2008, alors qu’on est en D2, c’est le buteur le plus prolifique du pays, donc son départ, c’était juste une question de temps » , se rémémore Krużyński. « Les autres clubs de Pologne ont commencé à s’intéresser à lui et à se presser sur nos terrains d’entraînement quand il a pris la tête du classement des buteurs en deuxième division. Les premières offres sont tombées en janvier 2008 » , assure Orlinski. En moins de deux ans, Lewandowski est sorti de la cave et a retourné le cerveau tout le monde, y compris celui des décideurs du Legia, qui se mettent sur les rangs. Sans succès, car le jeune homme de 20 ans ne rêve plus du grand club polonais. C’est bien Lech Poznań qui décroche le gros lot, même si quelques mois plus tôt Franciszek Smuda – aujourd’hui sélectionneur, mais alors entraîneur du Lech – estime « Lewi » pas plus mobile qu’un arbre.

Vidéo

Igor Rutkowski y croit et impose son choix. Mais Adam Krużyński comprend les sceptiques « car ceux qui ont assisté aux premiers matchs de Robert chez nous ont dû se frotter les yeux ou se pincer quand il a commencé à claquer ses premiers buts de grande classe. Même Robert ne devait pas imaginer qu’il monterait si haut par la suite » . Avant de partir pour l’élite polonaise, Robert Lewandowski offre une victoire de prestige à Śląsk Wrocław, habitué de la première division, la veille de Pâques. « C’était déstabilisant de jouer la veille d’une telle célébration pour nos joueurs, ils trouvaient injuste de faire un si long déplacement. Robert nous a vengé en claquant deux buts et on a gagné 3-0 » , raconte l’actuel président du Znicz. « Les joueurs ont dormi dans le bus et on est arrivé à Pruszkow au petit matin, directement pour fêter Pâques avec nos familles. » Huit ans plus tard, Robert Lewandowski a changé de dimension et vise une victoire en Ligue des champions avant, pourquoi pas, de rejoindre les Deyna et Lato dans le panthéon du football polonais. Igor Rutkowski y croit : « C’est la meilleure équipe de Pologne que nous avons depuis 20 ou 30 ans, et c’est en partie due à Robert Lewandowski. Au dernier Euro, c’était un très bon joueur. Mais aujourd’hui, il a mûri, ce n’est pas seulement un excellent joueur mais aussi un leader. » Il peut y croire, lui qui a déboursé l’équivalent de 350 000 euros en 2008 avant de revendre l’attaquant environ 15 fois plus cher au Borussia Dortmund deux ans plus tard. À chaque nouveau but ou trophée, Robert Lewandowski confirme un constat aujourd’hui célèbre dans son pays : au printemps 2006, le Legia Varsovie a réalisé la plus mauvaise affaire de l’histoire du marché des transferts polonais.

Dans cet article :
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Par Nicolas Jucha

Tous propos recueillis par NJ

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