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Robbie Ryan, de Cristiano Ronaldo aux couloirs du métro

Eric Maggiori
Robbie Ryan, de Cristiano Ronaldo aux couloirs du métro

Il y a quelques années, Robbie Ryan évoluait en D2 anglaise. Il a atteint son jour de gloire en 2004, avec la finale de FA Cup contre Manchester United. Aujourd’hui, Ryan a troqué les crampons pour les câbles électriques du métro londonien. Histoire vraie.

C’est une histoire un peu incroyable. Un peu improbable aussi. C’est l’histoire de Robbie Ryan. De son nom complet Robert Paul Ryan. Cet ancien joueur, aujourd’hui âgé de 35 ans, a raccroché les crampons en 2008, après une dernière expérience à Croydon Athletic, dans les méandres du football britannique. Mais Ryan n’a pas tardé à trouver une reconversion. Entraîneur ? Consultant ? Responsable des détections ? Pas du tout. Cet ancien défenseur bosse aujourd’hui comme ouvrier dans le métro londonien. Ouvrier de nuit, pour être plus précis, puisque ses horaires quotidiens vont de 23h à 7h du matin. Une réorientation incroyable pour un joueur qui, il y a de cela huit ans, s’est retrouvé au marquage de Cristiano Ronaldo. Cristiano Ronaldo, le vrai ? Oui oui. C’était un soir de mai 2004, au Millennium Stadium de Cardiff. Millwall, club de deuxième division anglaise (où évolue alors Dennis Wise, après onze années passées à Chelsea), y affronte Manchester United, en finale de FA Cup. Robbie Ryan doit s’occuper personnellement de Cristiano Ronaldo, qui dispute là sa première saison en Angleterre. Une tâche complexe, puisque le Portugais inscrit de la tête le premier but de la rencontre, finalement remportée 3-0 par les hommes de Ferguson. De chien de garde de Cristiano Ronaldo à travailleur dans le métro. Parabole folle.

De la finale à la D6

Huit ans après leur rencontre sur la pelouse, Cristiano Ronaldo et Robbie Ryan se sont retrouvés à quelques centaines de kilomètres il y a quelques jours. Pendant que la star du Real Madrid quittait la pelouse de l’Etihad Stadium, après le nul 1-1 contre Manchester City, Ryan, lui, commençait son service, dans l’Ouest londonien. Son boulot est assez simple : chaque soir, il se présente au quartier général du métropolitain londonien et est orienté sur un certain secteur du « Tube » . Il part ensuite avec sa camionnette et doit aller régler les problèmes de câbles et d’alimentation, en profitant de l’arrêt du trafic pendant la nuit pour réaliser ses interventions. Mais comment les deux joueurs, qui se disputaient ce 22 mai 2004 un trophée (le premier de sa carrière pour Cristiano), peuvent-ils aujourd’hui se retrouver dans deux mondes totalement opposés ? Première chose à savoir : Robbie Ryan n’est pas un homme que le destin a rendu malheureux. Non. Changer des câbles dans le métro est devenu son quotidien, et l’Irlandais admet aujourd’hui sans vergogne qu’il « aime travailler pour Transport for London (TfL, équivalent de la RATP, ndlr) » . L’ancien défenseur y bosse désormais depuis cinq ans, et a même « déjà été promu une fois » . Classe.

Mais remontons en arrière de quelques années. Au moment où Robbie Ryan met un terme à sa carrière, un peu par obligation. À la fin de son contrat à Millwall, il demande aux dirigeants de le prolonger de trois ans. Refusé. Deux ans ? Refusé aussi. On ne lui offre qu’un an de contrat supplémentaire. Ryan, par principe, mais aussi par souci d’assurer son avenir, refuse. Le voilà alors qui se retrouve à chercher un nouveau club. Il écume les divisions inférieures, en signant d’abord pour trois ans aux Bristol Rovers (D4), sans jamais s’épanouir. Puis, il effectue des essais peu concluants et dans l’anonymat avec des clubs amateurs, où il passe à chaque fois quelques semaines, sans aucun contrat à la clef. Il a alors 30 ans et se rend rapidement compte qu’il ne pourra pas vivre de ses économies de footballeur pendant le reste de sa vie. Tout ce qu’il trouve, c’est un contrat avec Welling United, un club de D6. Trois ans après la finale face à Manchester United, Robbie Ryan rebascule donc dans le football amateur. Comme un banal employé au chômage, il doit chercher du travail et trouve ce job d’ouvrier de ligne dans le métro. Il signe. Pas un contrat de trois ans, mais simplement un CDI. Dur retour à la réalité.

Le maillot de Phil Neville

Aujourd’hui, Ryan, natif de Dublin, vit à Kent, à 90 bornes à l’est de Londres. Il se souvient évidemment avec plaisir de cette soirée où il a rencontré celui qui allait devenir quelques années plus tard Ballon d’or et, accessoirement, meilleur joueur du monde. « Il n’était pas aussi étoffé qu’aujourd’hui, mais il était déjà imposant. J’aurais préféré jouer Arsenal en finale, car c’était un jeu de passes, alors que Ronaldo, lui, arrivait vers toi à toute vitesse » , raconte-il au journal The Independent, avant d’y aller de sa petite anecdote sur une action de jeu. « Il m’a passé une fois, sur la ligne de touche. J’ai glissé et il a filé sur l’aile. Il a ensuite centré en faisant un coup du foulard… À cette époque, j’entraînais les enfants de Millwall, et l’un d’eux m’a dit :« Je t’ai vu sur YouTube, tu t’es fait avoir par Ronaldo ! » » Aujourd’hui, cette rencontre avec CR7 poursuit l’ancien défenseur jusque dans les couloirs du métro londonien. Les collègues du TfL n’hésitent à lancer quelques vannes bien placées à Robbie, comme il le raconte lui-même. « Au boulot, les gars me disent : « Oh, regarde, Cristiano Ronaldo a encore marqué un triplé, alors que contre toi, il n’a marqué qu’un seul but. » » Souvenirs, souvenirs…

Un souvenir qui a, forcément, pris le pas sur le reste de sa carrière dans la mémoire des gens. D’autant qu’il s’agissait là de son tout dernier match sous les couleurs de Millwall, après 6 années et 226 matchs disputés toutes compétitions confondues. « Même les professeurs, lors des réunions parents-profs de ma fille, ne me parlent que de cette finale de FA Cup » , avance-t-il, à mi-chemin entre agacement et fierté. De fait, de sa carrière de footballeur, il ne reste désormais plus grand-chose. Robbie Ryan n’est pas le genre à afficher chez lui des photos de lui ou à mettre sous cadre les maillots de ses illustres adversaires. Le seul maillot qu’il ait pu conserver de cette soirée de mai 2004, c’est celui de Phil Neville, qui est conservé dans une armoire chez sa mère, à Dublin. « C’est mon coéquipier Mark McCammon qui a gardé le maillot de Cristiano Ronaldo. Les autres gars du club lui ont dit : « Allez, c’est Robbie qui était au marquage sur lui pendant tout le match, le maillot devrait être pour lui. » Mark a répondu : « Non, il est à moi. » C’était un bon gars, alors je lui ai laissé » , se souvient-il. Au pire, il pourra désormais conserver le bleu de travail de l’un de ses collègues du métro. Mais il n’en tirera pas grand-chose sur eBay…

Les propos de Robbie Ryan ont été recueillis par Sam Wallace pour The Independent

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Eric Maggiori

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