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Richard López : « On me disait de ne pas trop sortir la nuit »

Propos recueillis par Ruben Curiel, à Buenos Aires
Richard López : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On me disait de ne pas trop sortir la nuit<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Joueur argentin de 23 ans, Richard López a choisi l'exil, après plusieurs essais infructueux sur sa terre natale. Mais l'aventure a vite tourné au calvaire. Arnaqué par un agent, il a débarqué au Mexique et au Honduras, sans jamais pouvoir signer dans un club, pour des problèmes administratifs. Parcours d'un homme bloqué depuis un an au Honduras, qui a tout perdu pour le football.

Quel a été ton parcours avant de quitter l’Argentine ?

J’ai commencé le football à huit ans, à Córdoba, où je suis né. Je jouais le Baby Fútbol (ligue pour les jeunes argentins, ndlr). À douze ans, j’ai intégré la filiale de Boca Juniors à Córdoba. Je ne suis pas resté longtemps là-bas, et General Paz Juniors, à l’époque en troisième division, m’a recruté. J’ai quitté ma ville ensuite, et j’ai rejoint le club Sportivo Italiano, dans la banlieue de Buenos Aires. Je suis resté un an, et j’ai signé à Defensores de Belgrano. C’est l’un des seuls clubs où je me suis vraiment imposé. Là-bas, j’ai connu un recruteur qui m’a envoyé faire un essai à Tigre (club de première division, ndlr). Je suis resté trois mois. J’ai fait la pré-saison avec les professionnels au Mexique, mais ils ne m’ont pas gardé. Et la fameuse entreprise est apparue.

Quelle entreprise ?

Une entreprise mexicaine de recruteurs qui s’appelle « Proyect Talents » . Ils achètent les droits sportifs des joueurs et se présentent comme une sorte de centre de formation. J’ai accepté leur proposition. J’ai fait un essai à Pachuca, où il y avait plusieurs dirigeants argentins. Jusque-là, tout allait bien. C’était l’occasion pour moi de quitter le foot argentin, qui commençait à m’ennuyer. Finalement, je suis resté un mois à Pachuca, car l’entreprise n’a pas trouvé d’accord avec le club. Ils m’ont envoyé ensuite à Tecamachalco, en deuxième division mexicaine. J’ai commencé à avoir des doutes sur les réelles intentions de ces gars. Déjà, Sergio Belloti, celui qui m’a mis en contact avec cette entreprise mexicaine avait disparu. Il ne répondait plus au téléphone.

Finalement, tu as joué au Mexique ?

Oui, mais seulement en deuxième division. En plus, j’avais des faux papiers. J’ai joué sans permis de travail pendant trois mois. Les autorités s’en sont rendu compte, et le club a pris une amende. J’ai eu pas mal de problème, les Mexicains n’aiment pas trop les Argentins.

Comment as-tu atterri au Honduras ?

En janvier 2014, mon agent (qui travaille pour l’entreprise « Proyect Talents » , ndlr) m’a présenté une offre d’un club hondurien qui s’appelle Real Sociedad (à Tocoa, au nord du pays, ndlr). Le contrat était prêt, et l’agent avait déjà trouvé un accord avec le club. Mais il n’est pas venu avec moi. Il disait qu’il devait régler quelques problèmes administratifs au Mexique. Concrètement, il m’a totalement arnaqué. Je suis arrivé là-bas, et le président voulait que je paie pour jouer dans leur club ! Du grand n’importe quoi.

Comment as-tu réagi ?

J’ai refusé. En plus, l’arnaque était parfaite : le club ne pouvait pas recruter de joueurs étrangers. Le président de ce club m’a ensuite dit qu’il avait trouvé un accord avec mon représentant. Toujours la même histoire. Il me demande deux mille dollars pour que je signe. C’était la somme que mon agent lui avait promise. Ils avaient fait leurs affaires entre eux et se sont servis de moi. J’ai réussi à décrocher des essais dans d’autres clubs.

Sans l’aide de l’agent ?

Non, il m’a abandonné. Il ne me répondait plus. Je l’ai harcelé sur son téléphone, sur WhatsApp, sur Facebook, mais je n’ai plus jamais entendu parler de lui. Je préfère ne pas donner son nom, ne pas me comporter aussi bêtement que lui.

Comment se sont passés les tests ?

Très bien. Je me suis entraîné avec un club qui s’appelle Parrillas One et un autre nommé Villanueva FC. Mais je n’ai pu signer avec aucun des deux. Le premier ne pouvait plus recruter de joueurs étrangers, et l’autre n’a pas voulu s’occuper de mes problèmes administratifs. Avec Parrillas One, je me suis entraîné pendant toute la saison finalement. Mais ils ne me payaient pas. Ils m’avaient promis qu’ils me recruteraient pour la saison suivante. Mais je me suis blessé, ils ont changé d’entraîneur, et ils m’ont laissé à l’écart.

Tu es toujours sous contrat avec cette entreprise ?

Non, j’avais signé un contrat d’un an, heureusement. D’ailleurs, l’agent a réapparu récemment. Il m’a appelé, mais je ne lui ai pas répondu.

Quel est le niveau du football au Honduras, comparé à celui en Argentine ?

Le football ici, c’est brusque. Ils ne jouent pas, ils se battent. La tactique, c’est de balancer devant. Le niveau est très pauvre, même en première division. Alors en deuxième, tu n’imagines même pas. Il faut jouer avec une armure, sinon tu meurs.

Tu as pu finalement signer dans un club ?

Non, partout où j’allais, je ne pouvais pas jouer, parce que je n’avais pas de papiers. Le même problème qu’au Mexique. Je n’avais pas un centime à cette époque-là. Parrillas One, le club où je suis resté six mois, me payait la nourriture, c’est tout.

Tu as reçu de l’aide ?

Au début non. J’ai même vécu dans la rue, dans une cabane au bord d’un fleuve pendant un mois. On me disait de ne pas trop sortir la nuit. J’ai vécu des choses horribles, qu’un footballeur n’imagine pas subir dans sa vie. Il y a des jours où je ne mangeais pas. Je dormais, et j’allais courir. Pendant cette période, je me demandais ce que j’étais venu foutre ici. Mais grâce à Dieu, je m’en suis sorti. Je travaille dans un gymnase. Et un ami m’a accueilli chez lui.

Tu es en contact avec ta famille ?

Ça fait trois ans que je n’ai pas vu ma famille. Et par fierté, je ne leur ai jamais demandé de l’aide. Je n’aime pas quémander. Je ne leur ai jamais raconté la merde que j’ai vécue ici. Ils n’ont découvert que récemment ma situation.

Comment ?

Parce que mon histoire est sortie dans les médias ici. Ma mère m’a appelé complètement paniquée. Elle me dit de revenir. Je veux retourner en Argentine, mais je n’ai pas d’argent. J’espère pouvoir rentrer dans quelques mois. J’ai perdu ma grand-mère récemment, j’ai touché le fond ici.

Tu veux toujours faire carrière dans le football ?

Oui, c’était mon rêve. Mais je veux me barrer d’ici. Je ne jouerai jamais dans ce pays, je l’ai compris. J’ai eu une période où j’ai voulu tout plaquer. Mais le fait que mon histoire soit relayée par la presse ici au Honduras, je l’ai pris comme un message de Dieu. Un joueur uruguayen qui joue ici m’a proposé de l’aide aussi. Jairo Ríos, l’entraîneur du club de Marathón m’a même appelé pour me proposer de venir faire un test. Mais mon but est de revenir à la maison.

Tu regrettes cette expérience ?

Oui. J’ai beaucoup appris de la vie, et les coups que j’ai pris m’ont permis d’être plus mature. Mais je sais que Dieu ne laisse rien au hasard, et qu’un futur différent m’attend. Pas ici, c’est sûr. J’en ai marre de galérer pour survivre.

Un journal hondurien a affirmé que la Fédération argentine t’a contacté.

(Il coupe) Non, c’est de la merde, ça. C’est faux. Personne ne m’a contacté à part toi (rires). Même l’ambassade argentine au Honduras m’ignore. Je les ai contactés il y a cinq mois déjà. Ils disent qu’ils ne peuvent rien pour moi.

Un mot pour la fin ?

Si tu connais un club français qui a besoin d’un meneur de jeu, je suis là (rires).
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Propos recueillis par Ruben Curiel, à Buenos Aires

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