Sauveur de la patrie
Ce qui était moins évident, c’est que cette sentence transformée allait représenter le seul et unique ticket de passage pour la Coupe du monde. Car une semaine à peine après cet épisode, les dés sont désormais jetés : à domicile, la Nati a assuré un score nul et vierge lors de la seconde manche, et se rendra, par ricochet, en Russie l’été prochain. C’est donc peu dire que le coup de patte de Rodríguez revêt une importance capitale pour son pays. Plus globalement, ce but symbolise également l’importance prise par l’arrière au sein de sa patrie. Serait-ce exagéré de dire qu’il en est même le sauveur ? Pas vraiment. En témoigne ce sauvetage à la dernière minute du deuxième round, alors que les Irlandais poussaient pour arracher la prolongation.
Ricardo Rodríguez makes a crucial goal-line clearance in stoppage time!!! Sommer flapped at the corner but Rodríguez was there to stop an Evans header!! Heroic. #Switzerland #SUINIR #WCQ ???? pic.twitter.com/lpRkN7NkBq
— Jason Foster (@JogaBonitoUSA) 12 novembre 2017
Attention : Rodríguez n’est pas excellent. Pas encore, du moins. S’il fait parfaitement son taf, et même un peu plus (deux pions pendant la phase de groupes, quelques coups francs toujours bien sentis), l’ancien de Wolfsbourg en a encore sous le pied pour se mettre au niveau des meilleurs de la planète à son poste. C’est d’ailleurs aussi le cas avec Milan, où il est arrivé cet été avec l’étiquette du latéral moderne pour 18 millions d’euros. Capable de s’adapter à différents schémas tactiques (il peut évoluer à gauche d’un 3-5-2 ou dans une défense à quatre, et a même dépanné dans l’axe central durant six mois en Bundesliga), Ricardo ne déçoit pas. Mais il lui arrive encore de connaître quelques fautes de concentration et de réaliser des erreurs que l'on peut qualifier d' « immatures » (notamment ces derniers temps). Comme lors du derby le mois passé, lorsqu'il a offert le penalty de la victoire à l’Inter. Idem contre la Juventus, où sa prestation à la limite de la catastrophe plombe indirectement sa team.
Des limites ? Quelles limites ?
Tout cela, Rodríguez le sait. Avoir conscience de la réalité constitue l’une de ses forces et doit le guider pour travailler et aller plus haut. « Le Milan m’a fait une très bonne impression, c’est une belle équipe. Je sais que je peux m’améliorer tactiquement et à plein d’autres niveaux. J’aime apprendre » , développait-il l’été dernier dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport pour expliquer son choix. C’est que le bonhomme était courtisé par d’autres grands clubs, surtout depuis son Euro réussi en France. Arsenal, le Paris Saint-Germain, le Real Madrid, Chelsea ou encore l’Olympique de Marseille... Tous auraient tenté leur chance. Ce sont finalement les Rossoneri qui ont chopé le gros lot. Et la Suisse, évidemment. « Je ne me fixe aucune limite ! » , a réagi Vladimir Petković, son sélectionneur, après la qualification des Helvètes au Mondial brésilien, avant d’envisager grimper « là où l'on pense qu'il est impossible d'aller » . Ça tombe bien, son latéral gauche salvateur pense la même chose.
Par Florian Cadu
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