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Requiem pour un foot

Par Alexandre Doskov
Requiem pour un foot

Johnny Hallyday s'en est allé, laissant derrière lui des hordes de fans en larmes. Artiste bigger than life, incarnation du rock n'roll et homme au destin exceptionnel, Johnny a connu un peu moins de réussite quand il s'est approché du monde du football. Entre chansons ratées, réponses approximatives et stades abîmés.

À la fin de l’été 1998, la France était un paradis sur Terre. Un joli bibelot doré nommé Coupe du monde venait de prendre place dans une vitrine de l’avenue d’Iéna, un coin de Paris qui pourrait être une case violette du Monopoly et où la FFF avait son siège à l’époque. Jospin avait englué Jacques Chirac dans cet Élysée qui lui servira de placard jusqu’en 2002, et régnait sur le pays avec sa gauche plurielle en tordant le cou au chômage. Sorti en tout début d’année, Titanic avait eu le temps de devenir le plus gros carton de l’histoire du box-office français et le pays hochait la tête sans relâche sur La tribu de Dana. Comment la vie pouvait-elle être plus belle ? Avec des concerts de Johnny Hallyday, pardi. Johnny a alors 55 ans et s’est déjà tapé tous les stades, tous les Zénith et toutes les salles de concert de France et de Navarre, mais un nouveau défi lui tend les bras.

Le Stade de France est sorti de terre quelques mois plus tôt pour le Mondial, ses murs sont encore fumants de la soirée du 12 juillet, et aucun artiste français ne s’y est encore attaqué. Rendez-vous est donc pris le 4 septembre 1998 dans le mastodonte pour une série de trois concerts. Enfin, en théorie. Car si les dieux de la musique se préparaient à passer une soirée dantesque, ceux de la météo ne voulaient pas de boucan sous leurs fenêtres. Nathalie Rihouet et Évelyne Dhéliat n’y peuvent rien, le soir du premier concert, le stade de France est fouetté par des trombes d’eau. Quelques minutes avant le début du show, le producteur du chanteur monte sur scène dans un anorak rouge pour annoncer que le matériel est mort noyé et que la soirée est annulée. Eh oui, quand Hallyday s’approche de près ou de loin de ce qui ressemble au monde du football, ça se termine souvent mal.

Vidéo

Homme de stade

En septembre 1998, Johnny avait rattrapé le coup en assurant les concerts le 5 et le 6 puis en ajoutant une nouvelle date le 11 pour rattraper le loupé du 4. Des spectacles monumentaux. Il fallait voir Johnny arriver en hélicoptère sur le toit du stade de France avant de toiser la foule au milieu du déluge de pyrotechnie. Magnifique. Indestructible. Johnny était roi en son royaume. À peine deux ans après ce tour de force, l’homme qui s’appelle Jean-Philippe Smet sur son passeport fêtait le nouveau millénaire avec le Tour 2000, une tournée estivale démentielle lancée par le concert mythique sous la tour Eiffel et qui devait le conduire dans les plus grandes arènes françaises. Fin juillet, Johnny fracasse les enceintes du stade Gerland devant des dizaines de milliers de personnes. Pas hyper scrupuleux au moment de rendre les clés de la bicoque, il laisse derrière lui une pelouse bombardée qui ne demande qu’à jouer des mauvais tours aux joueurs de l’OL.

Le décor est prêt pour le gag, et le 29 juillet 2000, pour la toute première journée de championnat, Greg Coupet encaisse un but débile en quatre minutes à cause d’un faux rebond causé par un trou dû au concert. En bref, Johnny et les stades, ça ne fait pas toujours bon ménage. Alors pour que l’idole des jeunes puisse aider le monde du football sans heurts, la FFF a un jour eu l’idée brillante de lui commander une chanson. Pas n’importe laquelle, puisque la chanson en question devait accompagner les Bleus champions du monde en titre au Mondial 2002 et leur servir d’hymne pendant qu’ils roulaient à nouveau sur la compétition.

Fan de Zazie

En deux temps trois mouvements, Catherine Lara et Thierry Eliez lui concoctent l’immonde Tous ensemble. Deux minutes et quarante-cinq secondes écœurantes de synthés agressifs, de boum boum bête et méchant et de rimes d’élève de CP pour escorter gentiment l’équipe de France vers le ridicule. À l’époque, les moqueurs jurent que ce petit désastre musical préfigure la débâcle sportive. L’histoire leur donnera raison. Un four accompagné d’une promo fâcheuse au cours de laquelle Johnny répond sans sourciller à Claire Chazal qu’il connaît très bien « Zazie » quand la journaliste lui demande qui sont ses joueurs préférés. Hallyday voulait bien entendu dire « Zizou » . D’ailleurs, Johnny aime tellement son Zinédine qu’il le crame sur Canal + sans le faire exprès l’année suivante.

Interrogé sur une mystérieuse clinique suisse que Zidane lui aurait conseillée, le chanteur opine du chef et se mue en VRP des lieux : « Oui, j’y ai été, c’est formidable. On vous enlève du sang, on le ré-oxygène, on vous le remet. Zidane y va deux fois par an, c’est vrai. Et je comprends. » Le tout quelques mois avant le grand procès de la Juve pour dopage de ses anciens joueurs où Zidane devra passer à la barre. Plus poissard que méchant, plus maladroit que vicieux, Johnny était simplement passé pour un étourdi. C’est comme ça, on ne peut pas en vouloir à Johnny. Même Tous ensemble a finalement connu un regain de sympathie pour devenir un hymne de ces soirées où on aime passer de la musique ringarde, un plaisir coupable dont tout le monde connaît le refrain par cœur. Un refrain qu’on aimerait chanter aujourd’hui en changeant un tout petit peu les paroles : « Adieu monsieur Johnny, on est tous avec vous. »

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Par Alexandre Doskov

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