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René la castagne !

Par Matthieu Rostac, à Amsterdam
René la castagne !

Ce mardi se jouent les huitièmes de finale de la KNVB Beker, la Coupe des Pays-Bas. Si des affiches comme Heracles-PSV ou Feyenoord-Willem II s'annoncent prometteuses, d'autres sentent le fond de « Jupi » League. Comme ce Excelsior '31–Den Bosch dont l'un des rares intérêts s'installera sur le banc visiteur : René van Eck. Un entraîneur dont les méthodes et le style sont aux antipodes du football moderne. Voire du football tout court.

Orlando Smeekes se rappellera longtemps de son passage du côté du FC Carl Zeiss Iena entre 2009 et 2011. Lors d’un entraînement avec le FCC, le milieu curacien de 33 ans avait fini la lèvre supérieure en sang. Son entraîneur, René van Eck, lui, avait tout autre chose aux lèvres : le sourire. Et pour cause, depuis le début de sa carrière comme coach en 2002, le technicien néerlandais a pris pour habitude de « muscler le jeu » de ses ouailles en leur offrant des séances de… kickboxing. Un mal pour un bien. « Ça peut te permettre de contrôler ton corps tout en restant agressif sur les tacles » , selon le natif de Rotterdam, sans oublier de rappeler que dans sport de combat, il y a « sport » : « Après une heure d’entraînement, certains d’entre eux ont sans doute dû croire qu’ils étaient Bruce Lee. Mais ça n’est pas aussi facile que ça en a l’air à la télévision. » Ce jour-là, Orlando Smeekes ne s’est pas pris pour Bruce Lee, Jean-Claude Van Damme ou Steven Seagal. Il s’est simplement « bien défendu » , dixit son entraîneur. Et Van Eck sait de quoi il parle : du bout de ses 50 ans, le kickboxing et lui, ça fait plus de vingt ans que ça dure.

« Moi, c’est Andy, champion de K-1 »

En 1993, René van Eck est un défenseur rugueux et volontaire qui, après avoir joué du tacle en seconde division néerlandaise à l’Excelsior Rotterdam, puis à Den Bosch, s’est installé depuis trois ans dans les Alpes suisses, au sein de la défense du FC Lucerne plus précisément. C’est alors que le grand blond (1,84m pour 85kg) avec deux chaussures noires se fait les croisés. Encore une fois, un mal pour un bien qui implique les pieds et les poings. En pleine rééducation, Van Eck est rapidement aidé par un homme aux épaules aussi fournies que sa moustache : « Je lui demande qui il est : « Moi, c’est Andy, champion de K-1. » » Andy AKA Andy Hug. Peu connu dans sa Suisse natale, le bonhomme est une vraie star au Japon où cette forme de kickboxing vient d’être créée par Kazuyoshi Ishii. Dans les années 90, celui que les Nippons surnomment le Samouraï aux yeux bleus ou encore Tetsujin (l’homme de fer) remporte le K-1 World Grand Prix en 1996 avant de garder pendant quatre ans une ceinture de champion du monde de kickboxing en catégorie poids super-lourds. René van Eck, lui, se déplace avec son pote Andy, parfois jusqu’au pays du Soleil-Levant, l’observe coller des trempes à ses adversaires, apprend.

Footballeur, entraîneur puis – presque – kickboxer

« Sur le ring, ils se cognent comme des acharnés, mais en dehors, il y a tellement de respect et d’amitié. Et ils ne lâchent rien, hein ! Andy m’a vraiment ouvert les yeux, même en tant qu’entraîneur. Ma rééducation, je l’ai terminée avec lui. Tu ne comprends pas trop ce qui t’arrive et tu finis par te dire que les joueurs peuvent toujours travailler un peu plus. Par la suite, j’ai régulièrement amené mes équipes à la salle de sport : à Iena, à Aix-la-Chapelle et même à De Vliert (le stade de Den Bosch), ce sera bientôt le cas » , confiait le Néerlandais à Voetbal International. En août 2000, Andy Hug est emporté par une leucémie foudroyante à seulement 35 ans. Ses préceptes, eux, restent bien ancrés dans la tête de Van Eck. Une fois les crampons raccrochés en 2001 après des piges à Nuremberg, Winterthour et Kriens, le Néerlandais intensifie ses entraînements de kickboxing tout en coachant des équipes suisses (Lucerne, Wohlen, Thoune) avec pour ambition d’un jour monter sur le ring. Un combat est même prévu en 2009… Avant que le football ne le rappelle définitivement à son sport premier : deux semaines avant l’affrontement, Van Eck est engagé comme nouvel entraîneur du FC Carl Zeiss Iena.

Construire des igloos pendant les mises au vert

Mais le kickboxing ne constitue pas la seule facétie dont est capable de faire preuve le technicien néerlandais pour rythmer ses séances d’entraînement. Le Rotterdamer est notamment connu pour ramener son labrador à chaque entraînement sans que l’on sache vraiment s’il s’en sert comme d’un lièvre ou d’un chien de berger. Aussi, lorsqu’il était en charge du FC Lucerne entre 2003 et 2006, Van Eck s’est illustré d’une drôle de manière. Le club suisse, alors sponsorisé par une société fabriquant des télécabines de ski, bénéficie de quatre jours de mise au vert à Engelberg à plus de mille mètres d’altitude. « En pleine neige. Qu’est-ce que tu veux faire ? » racontait RVE au Brabants Dagblad en mars dernier, avant de s’offrir une saillie à faire pâlir Willy Sagnol : « Avec quelques Africains dans l’équipe, skier s’avérait trop dangereux. J’ai séparé l’équipe en plusieurs petits groupes et leur ai donné pour mission de fabriquer le plus vite possible un igloo. » Du team building, au sens littéral du terme.

« Mon corps est comme un livre de souvenirs »

Une liberté de penser, de concevoir, que le Batave porte à même le corps. Footballeur tatoué avant l’ère des footballeurs tatoués, des long sleeves fleuries et de l’irezumi exclusivement ornemental, la peau de Van Eck porte les stigmates de sa vie, comme il l’explique à Voetbal International : « J’ai commencé en 1990, mais maintenant, je me suis calmé, oui. Même mon vieux père n’était pas trop pour. Chaque fois que je lui rendais visite, il me disait : « Garçon, les tatouages, c’est pour les marins et les taulards ! » […] Mon corps est comme un livre de souvenirs. Il y a tout dessus. Les dates de naissance de mes enfants, une main de Michel-Ange et l’autre est sur le corps de mon fils. Quand nous sommes ensemble, c’est comme si ces deux mains se touchaient. Je trouve ça beau, ce symbolisme. Mon dernier tatouage, un 010 sur ma main, c’est parce que je suis de retour à Rotterdam » (010, les premiers chiffres des numéros de téléphone de la région de Rotterdam, ndlr). De fait, lorsque son père décède d’un cancer en 2007, RVE se fait graver cette douleur dans l’épiderme avec un tatouage qui lui mange le dos : une représentation de La Ville détruite, sculpture d’un homme au cœur arraché signée Ossip Zadkine située dans le centre de Rotterdam, censée symboliser la souffrance engendrée par la Seconde Guerre mondiale. « C’est la sensation que j’avais à l’époque » , confesse Van Eck.

Les aventures de Robinson Crusoé en Suisse

Une liberté qui lui tombe également et plus légèrement sur les épaules, vient lui chatouiller le buste, l’entraîneur du FC Den Bosch arborant un look cheveux longs filasses et barbe d’une semaine qui détonne dans le football européen. Et qui lui a déjà causé des soucis. En 2013, alors pressenti pour reprendre les rênes du FC Lucerne presque dix ans après ses premiers exploits (une finale de Coupe de Suisse en 2005 et une montée en première division en 2006), le principal investisseur du club, Bernard Alpstaeg, enfile son costume de Daniel Passarella devant la chaîne SRF et coupe court à toute candidature : « Van Eck est un oiseau du paradis, une sorte de Robinson Crusoé. […] Non, ça ne va vraiment pas. » Finalement, le Néerlandais bifurquera vers le Alemannia Aix-la-Chapelle en 3. Liga, dans un pays qui a enfanté Jack Wolfskin et Birkenstock. Avant de répliquer : « Je ne pense pas devenir un meilleur coach en me coupant soudainement les cheveux. » Après un exil de vingt-cinq ans, René van Eck est finalement revenu au bercail au FC Den Bosch en février dernier. Avec son kickboxing, avec ses tatouages, avec sa dégaine de viking. Et jusqu’ici, la méthode paie. Après avoir évité de justesse la relégation la saison dernière en Jupiler League, les Blue White Dragons ont toujours pour ambition de se qualifier pour les playoffs en Eredivisie. Pour ce faire, ils pourront compter sur Orlando Smeekes et sa lèvre ensanglantée, que Van Eck est venu chercher à WKE en quatrième division néerlandaise. Parce qu’entre combattants, on se comprend.

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Par Matthieu Rostac, à Amsterdam

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