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Rémi Gaillard : « Aujourd’hui, comme dirait Nicollin, le foot me fait moins bander ! »

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Rémi Gaillard : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Aujourd’hui, comme dirait Nicollin, le foot me fait moins bander !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Rémi Gaillard, c’est des centaines de millions de vues sur Youtube. Entre déguisements d’animaux, conneries et football. Car oui, le Montpelliérain le plus célèbre du monde est un fan de foot. Du MHSC, bien entendu, du foot de village et de David Trezeguet. Une rencontre drôle, passionnée et intéressante. À l’image du personnage, en somme.

Pour commencer, quel est ton rapport avec le foot ?

Bah écoute, j’aime le foot depuis que je suis petit. J’y ai joué dans un petit village près de Montpellier qui s’appelle Le Crès, et qui a été cendrillon de la Coupe de France en 1986, c’était un club de DH. On avait éliminé le leader de Ligue 2 de l’époque qu’était Alès, et ensuite on avait perdu en match aller-retour contre le Matra Racing. Je peux même te dire qu’en face, il y avait Eugène Kabongo. Et puis 1986, c’est également l’année de la première Coupe du monde que j’ai suivie à la télévision. Je me souviens très bien de toute l’épopée de la bande de Michel Platini. Je me rappelle tout, du premier match contre le Canada, où c’est Papin qui avait marqué, jusqu’au match de troisième place contre la Belgique. Et puis, bien entendu, je me souviens de ce match qui restera, pour moi, comme le match du siècle, ce fameux quart de finale conte le Brésil, à Guadalajara, où on gagne aux penaltys. Je crois même pouvoir te dire que c’est le jour des 31 ans de Michel Platini, qui égalise d’ailleurs à la 41e. On va jusqu’en prolongation, avec un Joël Bats qui est dans une forme olympique, il arrête même un penalty de Zico pendant le temps réglementaire. Il récidive ensuite pendant la séance en arrêtant un tir au but de Sócrates. Et c’est au cours de cette même séance que Platini va rater son seul penalty. Après, bien sûr, on perd en demi-finale contre ces mêmes Allemands qui nous avaient déjà éliminés quatre ans plus tôt, à Séville. Voilà, ça te va, ça ? (rires)

Putain, mais c’est quoi cette mémoire de malade ?

Non, mais ce sont des souvenirs de gamin, en fait. Et généralement, ce sont d’ailleurs les plus beaux. Je me souviens de cette année car c’était vraiment fabuleux. C’est également l’année où Coluche est mort, et je crois même qu’il est mort entre la victoire contre l’Italie et la victoire contre le Brésil, qui était un 21 juin, il me semble. En plus, à l’époque, les autres sports n’étaient absolument pas médiatisés, tu n’avais que le foot. Et avec des matchs comme ça, tu étais obligé de kiffer ce sport.

Tu as donc joué pendant longtemps en club ?

J’ai joué en club jusqu’en DH, je n’ai jamais joué à un niveau supérieur. J’ai arrêté quand mon petit club a dû fusionner avec le village voisin, pour des raisons financières. Et ça, c’est vraiment quelque chose qui ne m’a pas plu, car je suis un enfant du football de clocher, quand tu te bats pour ton village, tu vois. En plus, on a fusionné avec le club d’à côté, qui était le club ennemi, contre eux, c’étaient les derbys, quoi. C’est un peu comme si Montpellier et Nîmes fusionnaient aujourd’hui, je ne sais pas trop comment ce serait pris du côté des supporters. Donc voilà, c’est une partie de mon enfance qui a disparu, ça m’a vraiment tué, honnêtement. Après je n’ai plus joué qu’en loisir, et je me suis bien rattrapé sur internet car j’ai mis beaucoup de buts qui ont eu plus de succès que les buts que je mettais étant jeune (rires).

La rumeur qui veut que tu aies été proche d’entrer en centre de formation n’est donc qu’une légende ?

(rires) À l’époque, j’avais lancé ces rumeurs au second degré, pour déconner. Après, est-ce que j’aurais pu jouer à Montpellier ou dans un autre club si j’avais continué, j’en sais rien. J’avais peut-être la technique, mais moins le physique. Et puis bon, j’ai l’impression que c’est aussi beaucoup la chance qui permet de faire carrière aujourd’hui, car tu ne seras pas forcément toujours repéré. Je trouve qu’il y a deux générations : ma génération, qui est celle qui gagne la Coupe du monde en 1998, car j’avais à peu près le même âge que ces gars-là ; et puis il y a la génération d’après, c’est celle du fric et c’est celle qui ne descend pas du bus à Knysna. Tu vois, je serais gamin maintenant, je ne sais pas si j’aurais envie de faire du foot. Moi j’ai aimé ce sport pour des valeurs qui me semblent un peu plus justes. Aujourd’hui, comme dirait Nicollin, ça me fait quand même moins bander !

Vu le niveau que tu as dans tes vidéos, tu as quand même dû continuer à jouer pas mal, non ?

J’ai joué en loisir, j’ai fait du futsal. Et puis, oui, j’ai continué à m’amuser également à travers mes vidéos. De toute façon, j’adore le foot, donc voilà. Mais c’est vrai que tout ce qui gravite autour, ce n’est pas mon truc. Quand tu vois qu’aujourd’hui, un mec comme Ibra, et tant mieux pour lui hein, je ne suis pas là pour lui jeter la pierre, gagne entre 14 et 17 millions d’euros par an, mais c’est une autre planète, quoi. Et puis ce type, c’est même pas mon héros, quoi. Les vrais héros, ils sont dans la rue, en plein cagnard, en train de construire des maisons. Mais c’est sûr que les ouvriers, ils ne vont pas te mettre des buts ! Par exemple, je ne suis pas sûr qu’à l’époque, un mec comme Platini, qui était quand même l’un des meilleurs joueurs au monde, gagnait plus qu’un mec lambda de Ligue 2 aujourd’hui, tu vois. Moi, je supporte à fond Montpellier, et c’est vrai que c’est un club dans lequel je retrouve presque mes valeurs de « foot-clocher » .

D’ailleurs, en parlant de tes fameuses vidéos de foot, tu passes longtemps à les faire ?

Écoute, si je n’y passais pas du temps, je pense que Courbis me recruterait ne serait-ce que pour tirer les coups francs. Non, mais ouais, forcément j’y passe du temps, même si ça m’arrive de réussir du premier coup, mais c’est quand même assez rare. Il y en a qui sont hallucinants et que j’ai réussis du premier coup ; par contre, j’en ai tiré parfois plus de 50 sans réussir, ça dépend. Mais je ne montre que les images où je réussis, comme ça, je passe pour un génie, ce qui n’est pas vraiment le cas dans la réalité (rires). Mais au final, ça représente un peu le joueur que j’étais, pas forcément le plus doué, mais celui qui ne lâchait rien. Je mouille le maillot, quoi.

Tu as quand même dû halluciner quand tu t’es retrouvé à faire des vidéos interposées avec Ronaldo, non ?

Alors, c’était pour une pub au Brésil, et les gars, quand ils ont vu le nombre de vues que je faisais sur internet avec un ballon, une canette ou une poubelle, ils m’ont capté pour faire une sorte de défi avec Ronaldo. En gros, ils m’ont dit : « Si tu fais un appel à Ronaldo, il te répondra. » Donc je savais à l’avance qu’il allait répondre. Ça m’a fait sourire, j’ai trouvé ça plutôt rigolo. Mais lui a truqué ses vidéos, et ça se voit ! Il ne devait pas avoir la patience, certainement. Moi je demande toujours à mon caméraman de se mettre derrière la cible, comme ça, on voit le ballon arriver et là tu ne peux pas tricher !


Et tu peux nous jurer, là, que tu n’as jamais truqué une seule vidéo ?

Ah pas une seule fois, je te jure ! Par contre, ça me prend du temps, hein ! Ce n’est pas toujours évident, même pour mon caméraman. Quand ça fait 50 fois que tu tires, lui, il faut qu’il continue à avoir les bons réflexes, qu’il zoome et tout, c’est pas facile. Des fois, il m’arrive de réussir et c’est lui qui rate, donc là t’es reparti pour 30 essais (rires).

Parle-nous un peu de ton amour pour le club de Montpellier.

Ah bah je suis fan depuis toujours ! Je suis Montpellier depuis 1987, c’est l’année où on monte en première division. Et on a une équipe incroyable, derrière t’as Laurent Blanc, associé à Júlio César, t’as Pascal Baills. On était des promus, mais je crois qu’on finit avec la meilleure attaque de la décennie, et on ne perd qu’un seul match à la maison, et c’était contre le Toulon de Rolland Courbis. Je me rappelle, à l’époque, à l’entrée du stade, il y avait marqué : « Au stade de la Mosson, abandonne tes illusions ! » Réalise quand même qu’on a réussi, depuis, à être champion de France. C’est extraordinaire. Tu sais que Marca, qui est un peu L’Équipe espagnol, avait carrément dit que c’était l’exploit sportif, au niveau financier, de ces vingt dernières années. On doit être le 14e ou 17e budget du championnat, en plus c’est la première année des Qataris et on leur met un peu dans le cul, quoi ! C’est les pétrodollars contre les poubelles de Nicollin. Poubelle la vie, j’ai envie de te dire !

Tu continues à aller au stade, encore aujourd’hui ?

Bah tu vois, là je suis dans ma voiture en direction du stade (l’interview a été réalisée le jour de Montpellier-Marseille, ndlr). Je vais quasiment à tous les matchs à domicile. Par contre, j’ai un vrai respect pour les gars qui se font tous les déplacements, les vrais supporters. Souvent, on m’interviewe comme supporter n°1 de Montpellier, alors que ce n’est pas vrai ; à la limite, je suis peut-être le plus célèbre avec Galabru, mais les vrais supporters, ce sont ceux qui se tapent tous les déplacements. Je trouve ça hallucinant.

Et maintenant, avec ta notoriété, tu es toujours kop ou plus présidentielles/petits fours ?

Ah non, c’est vrai que je ne vais plus trop en kop. Si j’y vais, il faut que je mette une capuche, sinon je fais des photos avec tous les supporters (rires). Même si je le ferais avec plaisir, car je suis assez facile avec ça. Mais putain, ouais, maintenant, je vais me taper du champagne dans les loges, je suis vraiment un gros crevard (rires) ! Après, je vais quand même souvent dans le stade, même si ce n’est pas forcément dans la Butte Paillade, car j’aime bien voir les gens, entendre les supporters.

T’as des potes dans l’équipe ?

Je les connais quasiment tous, ouais. Giroud, c’est mon pote. Je m’entends bien avec Cabella, également. Après, ce n’est pas non plus mes amis, mais c’est vrai que je m’entends bien avec la plupart, ouais. Et puis j’en profite pour leur demander des maillots, je me fais la collection de tous les joueurs de Montpellier !

De manière générale, quel est le joueur qui te fait vraiment kiffer !

Moi j’adore David Trezeguet ! Pour moi, c’est la classe internationale. C’est un buteur comme on n’en a jamais eu en France. En Équipe de France, il ne jouait que des bouts de matchs et il arrivait toujours à te mettre des pions, et puis des buts importants, en plus. Je ne te parle pas de son but en or contre l’Italie à l’Euro 2000. D’ailleurs, si on va à l’Euro, c’est grâce à Trezeguet qui nous qualifie en marquant en Finlande. Et c’est bien dommage que Domenech n’ait pas eu le même sentiment que moi avec ce joueur. Je connais un peu Carotti, qui s’occupe du recrutement à Montpellier, il m’a dit qu’il l’avait contacté il y a quelques années ; mais putain qu’est-ce que j’aurais kiffé qu’il vienne jouer ici ! Le mariage entre mon club et mon joueur préféré, ça aurait été exceptionnel !

Et cette Coupe du monde, en juin, tu la sens comment pour les Bleus ?

Écoute, bizarrement, je la sens bien. En 2010, j’avais parié avec un joueur de l’équipe de hand de Montpellier qu’on ne passerait pas le premier tour et j’avais gagné ; putain, il me doit un resto, d’ailleurs. Mais là, ouais, je la sens bien. On sera un peu loin de chez nous, en plus on a un groupe facile quand même. Et puis, il ne faut pas oublier que Deschamps, c’est une machine à gagner, ce type. De là à gagner, je n’en sais rien, mais je sens une belle Coupe du monde.

Tu as prévu d’y aller au Brésil, ou pas du tout ?

Je suis invité à y aller, pour aller faire des shoots dans les favelas et tout. Mais le problème, c’est que j’ai peur de l’avion. On a tous nos phobies, hein. Et donc voilà, je ne suis pas sûr d’y aller. Mais quoi qu’il arrive, je les suivrai à la télé si je n’y vais pas.

En période de Coupe du monde, t’es comment d’ailleurs : à fond derrière l’équipe nationale, ou tu regardes ça un peu de loin, de façon plus distante ?

La seule fois où je n’étais pas à fond pour la France, car elle ne me faisait pas bander, ni vibrer, bah c’était en 2010. Et tu vois, quand ils se font éliminer, bah je n’ai pas chialé, alors qu’en 1986, j’ai pleuré comme une merde quand ils se sont fait sortir. Il y a également l’Euro 1996 où j’étais dégoûté, car Aimé Jacquet ne prend pas Cantona, alors que c’était un joueur que j’adorais vraiment. En plus, cette année-là, ils vont jusqu’en demi-finale, et ils se font éliminer dans le stade de Manchester United, peut-être qu’avec Cantona, ça aurait changé, qui sait ? Donc voilà, ce sont les deux seules fois où je n’étais pas forcément à fond, alors que d’habitude je suis vraiment un grand supporter des Bleus !

Quelle sera ton équipe de secours, au cas où la France est éliminée prématurément ?

Souvent, j’aime bien les équipes africaines. De toute façon, comme tout le monde, dans un combat David contre Goliath, je suis pour David. Je vais toujours supporter l’équipe qui n’est pas favorite. Bref, je suis pour les plus petits en général. Je me souviens de la Coupe du monde 1990 quand le Cameroun de Roger Milla arrive jusqu’en quarts de finale, ça m’avait fait kiffer !
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