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RC Lens : du neuf avec du mieux ?
Si sportivement, la santé du RC Lens reste fragile, en coulisses, on essaie de faire en sorte qu’il y ait du mieux pour les Sang et Or, qui évoluent de nouveau dans leur stade refait à neuf et qui pourraient bientôt tourner la fâcheuse page Mammadov.
Le 19 novembre dernier devait être jour de fête à Lens. Il était prévu que le stade Bollaert rénové, devenu Bollaert-Delelis désormais (du nom de l’ancien maire de la ville de 1966 à 1998, André Delelis, décédé en septembre 2012), soit officiellement inauguré. C’était un prélude au match de championnat du lendemain qui devait se disputer à domicile face à Niort, avec des tribunes pleines et peut-être même la présence exceptionnelle d’Hafiz Mammadov l’actionnaire majoritaire, qui ne s’est plus montré dans le coin depuis son unique visite publique en novembre 2013. À une semaine de la rencontre, déjà plus de 26 000 places avaient été vendues. Peut-être même bien que le public allait assister à une victoire des siens, l’équipe emmenée par Antoine Kombouaré étant alors sur une dynamique encourageante de deux victoires de suite et quatre matchs sans défaite.
Le malaise Quevilly
Mais du fait des attentats parisiens, le calendrier a été bousculé. À la place de la rencontre de L2 programmée face à Niort, il a fallu disputer vendredi dernier un tour de Coupe de France, perdu finalement face à un petit spécialiste des grands exploits dans la compétition : Quevilly. L’ambiance a forcément été plombée par cette élimination assez honteuse, plombée aussi par le climat évidemment morose de ces jours derniers. Finalement, contre la raison, l’inauguration du 19 novembre a tout de même été maintenue en tout petit comité, sans présence des supporters. Une hérésie pour un club traditionnellement réputé pour son rapport charnel avec un public parmi les plus passionnés de France. Malaise… Et puis Mammadov a encore posé un lapin, lui qui devait pourtant venir quand même. Finalement, le match entre Lens et Niort a bien eu lieu cette semaine, devant une belle petite chambrée (un peu plus de 26 000 spectateurs), mais pas au plein, pas autant qu’en début de saison et pas dans l’ambiance espérée. De nouveau fragilisée par la sortie en Coupe de France, l’équipe n’a pas pu obtenir mieux qu’un petit résultat nul 1-1 qui la laisse dans l’expectative en L2 : au 12e rang après 15 journées, avec 8 points de retard sur le podium, 6 d’avance sur la zone rouge…
Un repreneur potentiel rassurant
Sportivement, le RC Lens ne fait plus rêver depuis pas mal de temps. Quand l’équipe gagne, c’est au mental, à l’arrache, comme lors du choc face à Nancy (1-0) ou lors de la miraculeuse victoire à Auxerre le 6 novembre dernier, avec ce but improbable marqué par Kenny Lala en fin de match, en voulant dégager un ballon. C’est déjà ça : ces Sang et Or ont au moins retrouvé un esprit de combat, une envie de bien faire. Mais le talent manque et l’équilibre de l’équipe reste instable, entre une défense fébrile et une attaque trop souvent inefficace. Alors forcément l’avenir à court terme est incertain. Mais à long terme, une fois qu’on a énuméré les points négatifs – l’inauguration ratée, les résultats des derniers jours, la fébrilité de la bande à Kombouaré –, il se pourrait bien qu’enfin on puisse envisager d’en finir avec le grand n’importe quoi des dernières années. Car la première bonne nouvelle, c’est que Mammadov semble bel et bien décidé à vendre ses parts (il détient actuellement 99,9% du capital), ce qui permettrait d’en finir avec ce mirage azéri, ces promesses d’investissement qui jamais ne se concrétisent (même s’il aurait tout de même injecté une somme avoisinant les 22 millions d’euros au total depuis son arrivée au club en 2013). Et seconde bonne nouvelle : il y aurait un repreneur, et un crédible ! Il s’agit de Grégory Maquet, PDG du groupe Century 21 Benelux. Le gars fait dans l’immobilier, la pierre, du concret, du rassurant. Il connaît le secteur et a l’air de prendre cette transaction très au sérieux, en ayant demandé un minutieux audit des comptes du club avant de déposer une offre officielle de rachat. « C’est quelqu’un de très méthodique, très sérieux. Il a pris des conseils sur le plan juridique, financier. Il possède une entreprise très sérieuse en Belgique. Il est bien entouré. Il a une réelle volonté de venir au RC Lens. Il a également compris le contexte compliqué du club » , vantait l’ancien dirigeant intérimaire du RCL, Luc Dayan, interrogé par MaLigue2.
Garder les futurs Varane ou Kondogbia
Ce nouveau chapitre qui pourrait bientôt s’ouvrir permettrait de clore le tragi-comique épisode Mammadov. Il pourrait aussi laisser sur la touche le dévoué mais envahissant Gervais Martel, qui a déclaré il y a peu à la radio : « Il se peut très bien que je quitte le club dans les semaines ou les mois qui viennent. » Faut-il y voir un signe, lui qui n’a cessé de répéter jusque-là qu’il ne plierait les gaules qu’une fois le club stabilisé ? Cette stabilité va-t-elle finir par arriver pour tenter de réparer un club tout cabossé, qui continue pourtant de produire d’excellents joueurs de football, mais qui est désormais incapable de les garder : Varane, Kondogbia, Aurier… Reste enfin quand même une inconnue : Daniel Percheron va-t-il jouer un rôle actif dans l’après-Mammadov ? L’actuel président socialiste de région, bientôt retraité de la politique, est très impliqué dans les affaires de son club de cœur. Il a encouragé le financement par la collectivité qu’il représente d’une grande partie de la rénovation du stade (70 millions d’euros hors taxes). Il s’est rendu en Azerbaïdjan en septembre, il a aussi accompagné Gervais Martel devant la DNCG et il était bien sûr présent à l’inauguration du 19 novembre au cours de laquelle, rapporte la presse présente sur place, il a livré un discours offensif et critique. Celui d’un homme en campagne ?
Par Régis Delanoë