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Ranieri, le père la bricole

Par Mathieu Faure
Ranieri, le père la bricole

Limogé de son poste de sélectionneur de la Grèce après seulement quatre matchs (un nul, trois défaites), Claudio Ranieri a finalement retrouvé un banc et la Premier League en rejoignant le promu Leicester. Dix ans après son départ de Chelsea, revoilà Ranieri en Angleterre, là où il avait hérité de son surnom de Tinkerman. Le bricoleur.

À 63 ans, Claudio Ranieri est ce qu’on appelle un vieux de loup de mer. On l’imagine très facilement attablé à une terrasse de café, journal sur table ouvert aux courses hippiques et le petit café posé délicatement à côté. Sauf que Claudio Ranieri est aujourd’hui entraîneur à Leicester, au sein du championnat le plus bankable de la planète. Voilà près de 30 ans qu’il navigue sur les bancs de touche d’Europe avec ses lunettes et son sourire malicieux. Même s’il n’a pas le CV d’un Josep Guardiola ou d’un Laurent Blanc sur le terrain (il a fait une honnête carrière de footballeur dans le sud de l’Italie, à Catanzaro puis à Catania et Palerme), Ranieri le coach a roulé sa bosse dans toutes les plus belles contrées du football européen. Que ce soit en Italie (Naples, Fiorentina, Inter, Juventus, Roma), en Espagne (Valence, Atlético), en France (Monaco) ou en Angleterre (Chelsea), Ranieri a marqué ses contemporains. À Monaco, alors que l’équipe est en Ligue 2 et adossée à la fortune d’un nouveau riche russe, il débarque à sa première conférence de presse en jogging du club, prend place face aux journalistes et sort un merveilleux « Bonjour, je suis Catherine Deneuve » . Tout le monde rit. Lui le premier. Forcément. Qui est ce drôle de papy au CV reluisant venu se perdre dans un club de Ligue 2, même ambitieux, alors qu’il luttait pour le titre avec la Roma quelques mois auparavant ? C’est simple, Claudio Ranieri est un bâtisseur.

S’il n’a pas le palmarès qui va avec son aura (1), il a surtout eu le mérite de prendre en main des équipes qui tiraient la tronche en milieu de tableau ou des escouades qui venaient de tout gagner. C’est le challenge qui l’excite. Mettre sa touche. Mine de rien, Claudio Ranieri a pris en main le Napoli de l’après Maradona, la Juventus de l’après Serie B, entraîné Cagliari en Serie C, Valence dans le ventre mou de la Liga, Chelsea de l’après Vialli, la Roma suite au départ de Spalletti ou encore Monaco en Ligue 2. Bref, vous l’aurez compris, il aime mettre la main dans le cambouis. Alors Leicester, promu en Premier League, c’est typiquement pour lui. Sur place, il trouvera sûrement des jeunes joueurs méconnus à qui il donnera leur chance. À défaut d’avoir un palmarès éloquent, il s’est forgé un palmarès humain intéressant. On parle de l’homme qui favorisa l’éclosion de Gianfranco Zola à Naples ou du binôme John Terry et Frank Lampard à Chelsea. À Monaco, il a cru en Fabinho et Layvin Kurzawa avant les autres. On peut dire qu’il a le nez creux. Même quand il s’agit de bricoler. Lors de son passage à Chelsea – où il a très vite appris l’anglais – il s’était lui-même surnommé le bricoleur « Tinkerman » , le genre de folie dont les Anglais raffolent, eux qui adorent ceux qui ne se prennent pas au sérieux.

Claudio le maudit

Malgré tout, la carrière de l’Italien est poursuivie par une certaine poisse. Celle de gagner. Quand il est à la tête de la Fiorentina, il manque d’un souffle une finale de Coupe des coupes 1997. Alors que son équipe ramène un précieux nul de Barcelone (1-1), Batistuta est averti pour une broutille et manque le match retour avant que l’arbitre ne siffle la fin du match sur une contre-attaque florentine. En Toscane, le Belge Oliveira est vite mis hors d’état de nuire et les Espagnols l’emportent 2 à 0. C’est un peu le reflet de sa carrière. Un poil maudit. Lui prend le temps de tout remettre à plat, de refaire la maison du sol au plafond mais n’emménage jamais une fois que la demeure est habitable. Son premier poste ? Cagliari alors en troisième division. La suite est du même acabit. Quand il débarque à Florence, l’équipe est en Serie B, Valence n’a rien gagné depuis 25 ans et Monaco est en Ligue 2. Quand il part, les équipes sont prêtes à franchir le pas pour gagner des trophées… sans lui. Héctor Cúper lui doit une fière chandelle. Quand l’Argentin hérite de Valence, Ranieri a déjà fait tout le sale boulot. Moralité, Cúper parviendra deux fois en finale de Ligue des champions avec un groupe construit par Ranieri. Même raisonnement à Chelsea où Mourinho bâtira sa première conquête de Londres sur les fondations de l’Italien.

Un Ranieri qui n’est pas dupe : « Si je construis une équipe et que cette équipe gagne ensuite avec un autre entraîneur, alors la victoire m’appartient aussi » . D’autant que le Mister n’a jamais été un adepte du dogme tactique. C’est simple, il a tout tenté : 3-5-2, 3-4-3, 4-4-2, 4-3-1-2, etc. « Mon système de jeu favori, c’est un système qui gagne, avec des joueurs gagnants » , disait-il lors de sa dernière saison à Monaco, ponctuée par le record de points du club en championnat (80) et un… licenciement. Limogé encore une fois, comme à Naples, Valence, Chelsea, Juventus, Inter et la Grèce. À chaque fois, il est parti la tête haute et les poches remplies. Des poches dont certains estiment qu’elles sont également remplies d’oursins. Pas grave, le bricoleur est un aventurier. C’est d’ailleurs ce qui le pousse à tenter l’étranger en 1997 (Valence) quand tous les italiens coachaient à la maison. Sa réussite espagnole a donné le « la » . Depuis, les Ancelotti, Mancini, Spalletti lui ont embrayé le pas. En 2015, Claudio Ranieri n’a plus rien à prouver au football moderne. Il a pris Leicester comme un dernier défi d’une carrière folle, remplie de rencontres et d’humour. Ainsi, quand il officiait encore à Chelsea, les médias anglais parlaient avec insistance de son limogeage et de l’arrivée d’Eriksson dans ses souliers. Un soir de match à Wolverhampton, les fans des Blues ont tranché en chantant « On n’a pas de besoin d’Eriksson » avant d’acclamer leur bricoleur. En conférence de presse, Ranieri a simplement répondu: « Ils ont bon goût ! » . Avec le sourire qui va avec. Nul doute que les supporters de Leicester vont vite lui trouver une petite chanson. Il le vaut bien.

(1). Une coupe d’Italie (1996), une Coupe du Roi (1999) et un titre de champion de Ligue 2 (2013).

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Par Mathieu Faure

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