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  • Le derby du week-end – Maroc – Raja/Wydad Casablanca

Raja ou Wydad ? À Casablanca, il faut faire un choix

Par Régis Delanoë
Raja ou Wydad ? À Casablanca, il faut faire un choix

Dimanche aura lieu au stade Mohamed V le 115e derby de Casablanca entre le Raja et le Wydad de Casablanca. Un rendez-vous incontournable, souvent cité parmi les événements les plus chauds de la planète football. Verts contre rouges, chaque confrontation entre ces deux fidèles rivaux est l'occasion pour les Marocains de montrer combien ils savent s'enflammer pour le ballon rond, malgré le contexte de crise actuel.

« En général, lorsque vous discutez avec un Marocain, il y a toujours cette question qu’on vous pose : Raja ou Wydad ? Le fait que l’on ne soit pas forcément originaire de Casablanca ne leur traverse pas l’esprit. » Le fait que l’on ne soit pas forcément fan de foot non plus. Car tout le monde au pays aime le foot. Et tout le monde au pays a aussi forcément ses favoris parmi les deux ennemis éternels de Casablanca. La journaliste de Maroc Football Laila Bartali situe la rivalité : « Le Raja est vu comme étant le club des quartiers populaires tandis que le Wydad est plus considéré comme le club des classes moyennes. » Même si les deux ont été créées avant l’indépendance (Wydad en 1937, Raja douze ans plus tard), le derby de Casablanca est véritablement né avec la naissance du championnat marocain en 1956. À l’époque, les Rouges du Wydad ont déjà un joli palmarès, avec plusieurs titres nationaux conquis du temps d’un homme devenu légendaire : Affani Mohamed Ben Lahcen, plus connu sous le patronyme de « Père Jégo » . Il y aurait un article entier à consacrer à cet étrange personnage, père du football marocain. Formé au coaching en Angleterre au cours d’un des nombreux voyages qui ont jalonné sa vie, il façonne le style du Wydad dans les années 40, avec un jeu direct, basé sur le physique et la tactique. Viré du club en 1952, il trouve refuge chez le voisin Raja, où il décide à partir de 1955 d’appliquer des méthodes complètement différentes, afin d’obtenir un jeu technique et de mouvement, d’inspiration plus sud-américaine qu’européenne. Aujourd’hui encore, la rivalité entre Wydad et Raja est celle de ces deux philosophies qu’on peut schématiser grossièrement ainsi : pragmatisme contre spectacle.

Le doublé du Raja en 1996

Après des décennies à faire joli sans garnir l’armoire à trophées, le Raja Casablanca conquiert enfin son premier titre national en 1988. C’est au cours de la décennie suivante que le derby va prendre une tournure plus passionnelle que jamais, avec quelques affrontements mémorables. Si le Wydad reste d’abord globalement le plus fort (trois Botola – le nom du championnat marocain – et une Ligue des champions africaine entre 1990 et 1993), la montée en puissance des Aigles Verts du Raja va être spectaculaire. Retenons notamment qu’en 1996, les « Rajaouis » battent les « Wydadis » deux fois en un mois et s’offrent le doublé Coupe-championnat. Aujourd’hui, à l’avant-veille de la tenue du 115e derby de Casablanca de l’histoire de la Botola, difficile de départager les deux rivaux : si le Raja possède plus de victoires sur son adversaire (34, contre 27 pour le Wydad et 53 nuls), le Wydad possède un meilleur palmarès avec 17 titres nationaux contre 11 pour le Raja (mais une seule Ligue des champions contre trois pour le Raja…). Une chose est sûre, « aucune autre rencontre de la Botola ne draine autant de monde, précise Achraf Bakkali, journaliste pour Mountakhab, surtout dans un championnat qui, en général, est peu suivi en termes d’affluence dans les stades. Les jours qui précédent le derby sont marqués de vert et de rouge. » Le stade Mohamed V, situé en plein cœur de la ville, sera plein et chaud bouillant pour ce derby entre le Raja, actuel 5e avec 15 points (et 8 matchs disputés) et le Wydad, 4e avec le même nombre de points (mais 9 matchs disputés).

Le Wydad en reconstruction

Pour Laila Bartali, la pression repose surtout dimanche sur les épaules de l’équipe qui reçoit, les « Rajaouis » , « surtout qu’ils viennent de se rater lundi en finale de la Coupe du Trône » , dont ils étaient tenants du titre et alors qu’ils étaient opposés à un modeste adversaire, Difaâ El Jadida (0-0, 4-5 tab). Situé au calendrier entre un début de saison mitigé et la participation à la Coupe du monde des clubs dans moins d’un mois (en tant que champion en titre du pays organisateur), ce derby est l’occasion de se mettre les supporters dans la poche. D’autant qu’en face non plus, il ne règne pas forcément une grande sérénité, comme l’explique la journaliste de Maroc Football : « Il y a eu récemment un divorce entre le Wydad et son public. Suite à une gestion désastreuse la saison passée, les supporters ont réclamé le départ immédiat du président et se sont mis à boycotter les matchs(ils devraient par conséquent être moins nombreux que d’habitude au stade dimanche, NDR). » De son côté, Achraf Bakkali remarque tout de même que les Rouges « commencent à obtenir de très bons résultats ces derniers temps et ont le mérite de miser sur un rajeunissement très élargi de leurs rangs, une excellente initiative malheureusement trop peu prônée dans le football marocain » .

Le football marocain en crise

Le football marocain justement, comment se porte-t-il ? « Mal » , répondent unanimement et sans réserve nos deux observateurs. En plus des mauvais résultats actuels des clubs sur la scène continentale, l’équipe nationale est en déliquescence depuis près d’une décennie et pointe seulement au 77e rang mondial, juste devant la République Dominicaine… Elle est d’ailleurs sans entraîneur depuis septembre et a été l’une des rares à ne pas avoir profité de la dernière trêve internationale pour disputer un match amical. Pis, la dernière AG de la Fédération le 10 novembre a tourné au fiasco, comme le raconte Laila Bartali : « Elle s’est terminée le lendemain matin et pendant toute la nuit il y a eu des insultes, des engueulades, des bagarres… À tel point que la FIFA a dû intervenir et le président sortant, qui devait être remplacé, a été obligé de reprendre ses fonctions. » C’est donc dans cet étonnant contexte, entre crise du football marocain et préparation du Mondial des clubs au pays, que va se tenir l’immuable derby de Casablanca. Une valeur sure au cours de laquelle, si la qualité de jeu pratiquée n’est pas toujours à la hauteur, les supporters en tribune, eux, le sont. Tifos, fumis et boucan d’enfer seront comme d’habitude au programme des festivités.

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