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Quatre salles, quatre ambiances

Par Eric Carpentier, à Paris, Marseille, Lille et Lyon
Quatre salles, quatre ambiances

Les Bleus ont joué à Paris, à Marseille, à Lille et à Lyon. Un véritable Tour de France pour la bande à DD, qui se boucle avec le retour au Stade de France. Dans les rues de chaque ville, l'ambiance a été chaude. On fait le point.

À Paris, l’échauffement : vendredi 10 juin, 21h, France-Roumanie

Deux ans que la France attend ça. La naissance d’un groupe au Brésil, une interminable série de matchs amicaux et, enfin, l’Euro. En début de journée, rien n’indique pourtant que moins de quelques heures séparent le pays du coup d’envoi de son Euro. Les rares maillots croisés sont plutôt verts et les regards pas très frais : la nuit a été longue dans les pubs du boulevard de Clichy. Du vert donc, mais aussi du rouge, du jaune ou du bleu, une mosaïque de couleurs européennes annonce la compétition à venir bien plus que les drapeaux français. Seuls les kiosques et les bazars, toujours premiers sur le biz, affichent pavillons tricolores.

Un frémissement commence à parcourir la capitale avec la fin de l’après-midi – à moins que ce ne soit le plaisir hebdomadaire de l’apéro à venir. Les terrasses et les bars paraissent quand même plus remplis qu’à la normale. Sur les écrans, le 20h de Gilles Bouleau ne parle que de ça ; sur les grands boulevards, la circulation commence à s’éclaircir. Si le contexte général, entre crainte terroriste, inquiétude sociale et peur que le ciel nous tombe sur la tête, a quelque peu éclipsé l’Euro des préoccupations des Français, la sélection nationale est devenue un sujet suffisamment central pour que personne ou presque ne songe à rater ce match d’ouverture. Surtout quand elle est, souvent, un sujet de société plus que de sport, et que la majorité a oublié le terrible France-Roumanie de 2008.

Au coup d’envoi, finalement, les moteurs se taisent et les voix s’élèvent. Après les sarcasmes sur la performance de David Guetta, la Marseillaise lance le match. Les esprits sont réchauffés par la compétition et les derniers résultats positifs, il va y avoir du grand spectacle. Logiquement, l’enthousiasme retombe un peu à la mi-temps, lorsqu’on réalise que battre la Roumanie n’est pas si facile que ça. À la mi-temps, de rue Montmartre à Stalingrad, rien ne permet de distinguer cette soirée d’une autre, si ce n’est ces quelques maillots bleus sous les braises rougeoyantes. Jusqu’à Dimitri Payet et l’explosion, en différé selon les écrans. Il est là, le premier vrai frisson de l’Euro. La fête dure, un peu, puis la nuit reprend un cours normal. Les Bleus occupent davantage les conversations, de même que le soulagement d’une soirée sans accroc majeur. Le show d’ouverture a duré deux minutes, les dernières. Demain commence vraiment l’Euro.

À Marseille, l’explosion : mercredi 15 juin, 21h, France-Albanie

Le retour des Bleus sous le regard de la Bonne-Mère. 18 mois que la sélection n’a pas mis les pieds dans la cité phocéenne, depuis un France-Suède un soir anonyme de novembre. Pour ambiancer le tout, les Albanais sont présents et chantants, dans une atmosphère festive malgré les couleurs rouge et noire du diable. Des démons albanais présents en masse du côté du rond point du Prado séparé en deux, d’une part les Bleus, de l’autre les Rouges, parfois quelques émissaires perdus dans l’autre camp, mais toujours bien reçus. De l’autre côté du parc Borély, les Bleus retrouvent pour la première fois une véritable ferveur au départ de leur car. Peu importe que les joueurs s’engouffrent comme des ombres dans le bus, les inconditionnels chantent, et les scooters hurlent pour tenter une escorte anarchique vers le stade. Une ambiance de grande compétition qui a quelque chose de 1998.

Les terrasses du Vieux-Port et leur alignement de télés tournées vers l’extérieur ont en revanche plus de mal à se remplir. Le souvenir d’une nuit sportive, le samedi précédent, est présent, le public réticent à retourner là où tant de chaises ont volé, parfois dramatiquement. L’appel est plus fort, finalement, et il n’est plus possible de passer entre le O’Malley et le Little Temple Bar. On ne le sait pas encore, mais on est à nouveau parti pour 90 minutes de stress. Alors, quand Griezmann et Payet libèrent le pays, les bières peuvent s’envoler. Une image que l’on reverra pendant cet Euro. Après l’explosion, la nuit a, davantage qu’à Paris, un goût de compétition internationale. On retrouve des Anglais, des Islandais ou des Nord-Irlandais, qui ont ou vont jouer dans la région. Côté français, avec deux victoires en deux matchs et une qualification assurée, on peut faire la fête l’esprit libre. Jusqu’ici, tout va bien.

À Lille, la frustration : dimanche 19 juin, 21, France-Suisse

Plus concentrée que les précédentes, Lille se teinte très nettement de rouge dès le samedi soir. Quelques Gallois pas décidés à prendre des coups de soleil à Toulouse prêtent main forte aux supporters de la Nati pour comprendre, puis faire claquer leurs chants. « Le coq est mort ce soir » et son refrain à base de « owimbolo » ont du succès et font valser pas mal de pintes. Le lendemain, les cinq cents mètres séparant la gare de la Grand Place sont repeints en rouge et bleu, encore. Autour de la fontaine et sous la déesse, un battle s’improvise entre Suisses et Français, largement remporté par les premiers. Après deux premiers matchs marqués par une charge de hooligans allemands et une haute tension entre équipes du groupe B, la ville est heureuse de retrouver une ambiance fraternisante. Une atmosphère d’Euro, quoi.

Pour la première fois, la fan zone de la ville hôte du match est débordée. Alors que Paris s’inquiétait des terroristes et Marseille des hooligans, ces menaces semblent éloignées, et les Nordistes affluent en masse à l’entrée de la zone marketée UEFA, qui doit finir par refouler du monde. Climat oblige, il est plus difficile de trouver des écrans tournés vers les terrasses. Le cadre, entre flamand et anglo-saxon, est lui plus propice à la chaleur des bars et de leurs choix de bières. Il n’y a que quelques irréductibles, comme le Blue Moon ou le Dracir, pour ressortir tables et bancs en bois utilisés pour la braderie sans s’inquiéter de la météo toujours capricieuse. Capricieux, aussi, le sort qui envoie la frappe de Pogba et la reprise de Payet sur la barre. Résultat 0-0, et une première place qui ne suffit pas à faire lever les verres jusqu’à pas d’heure. Il est dimanche soir, le travail a été fait, il est temps d’aller se coucher. Sauf pour les Suisses, évidemment.

À Lyon, la démonstration : dimanche 26 juin, 15h, France-Irlande

Le début des matchs qui comptent. La rencontre avec le public qui a marqué le début de l’Euro. Un dimanche après-midi propice aux déplacements. De toute la France affluent des supporters grimés, qui en coq, qui en coupe, qui en Jacquie et Michel. À la Part-Dieu, les bénévoles de l’Euro ont du boulot pour orienter les perdus des transports. Le décalage entre les couleurs et le calme est frappant. Tout le monde est déguisé, mais la fête n’a pas encore commencé pour ceux qui débarquent dans la capitale des Gaules ce dimanche midi.

Pour les autres, elle n’est pas tout à fait terminée. Toute la nuit précédente, le Vieux-Lyon et les pubs de la rue Saint-Jean ont résonné des chants à la gloire des Boys in Green. Les Français sont venus nombreux, curieux de voir ce public duquel on dit tant de bien, espérant secrètement enregistrer la prochaine vidéo virale. Une véritable démonstration de la part de la Green Army. Résultat, jusqu’au dimanche midi, ça décuve sévère chez les Irlandais, et les Français tiennent le pavé. Du côté de la place Bellecour, aux abords de la fan zone, on voit même des Verts à l’eau. D’autres se retrouvent submergés par des vagues bleues, fumigènes en guise d’écume, qui viennent célébrer, ou imiter, leurs joyeux invités. Il n’en faut pas plus pour faire dégainer les Irlandais et la rue de la République de prendre une teinte bleu, rouge et vert. Le match va commencer, mais ce ne sera pas encore du côté de la fan zone, une nouvelle fois prise d’assaut malgré le cagnard. Repli général vers les terrasses.

Bien vite, les bouchons lyonnais doivent accepter la réalité : ils ne pourront pas obliger tous les clients à prendre entrée-plat-dessert. De toute façon, manger entouré d’une foule compacte n’est pas conseillé pour la digestion. Les Marseillaises s’enchaînent, à moitié pour pousser, à moitié pour se rassurer. Enfin, Griezmann délivre la France et Lyon peut exulter. Du pont Bonaparte au pont de la Guillotière, les klaxons fendent l’air et les roues arrières la foule. Le « ahou ! » claque régulièrement, rythmé par les djembés. Des groupes de supporters français se sentent l’âme gaélique et chantent debout pour la police française. L’ambiance est belle en ce dimanche finissant. Et l’on se dit que, vraiment, qu’est-ce que ce serait bon d’aller au bout.

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