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Quand Sessègnon faisait le bonheur du Mans

Par Romain Duchâteau
Quand Sessègnon faisait le bonheur du Mans

Près de six années après son départ de France, Stéphane Sessègnon a effectué son retour en rejoignant Montpellier et Frédéric Hantz. Un homme qui l’a lancé en Ligue 1, au Mans, il y a de ça maintenant dix ans. Une époque où l'ancien Parisien ne laissait personne indifférent. Retour sur les deux saisons mancelles où le phénomène béninois s’est éveillé.

Sans se retourner, il avait quitté la France avec fracas et détermination. Pour se laisser porter par le charme britannique et prouver de l’autre côté de la Manche que son histoire tourmentée avec le championnat français n’était qu’un mauvais concours de circonstances. Du temps, beaucoup de temps s’est depuis écoulé. Cinq ans et demi après son départ, Stéphane Sessègnon a officialisé son retour dans l’Hexagone en rejoignant, fin septembre, Montpellier au terme d’un feuilleton qui a longtemps paru interminable. Les promesses se sont envolées. Les fulgurances passées, elles, sont désormais enfouies dans une boîte à souvenirs. Mais Frédéric Hantz a tendu la main au Béninois, lequel était sans club depuis la fin de son contrat avec West Bromwich Albion.

« Champion » , force de la nature et talent brut

Dans la mémoire collective, évoquer Stéphane Sessègnon, c’est forcément conter son parcours à la fois heurté et tumultueux au Paris Saint-Germain. Ou rappeler ses trop rares faits d’armes, comme cette lucarne nettoyée à Sochaux pour son premier but sous les couleurs du club de la capitale et cet improbable coup du crapaud réalisé au Parc des Princes un soir de Coupe de la Ligue contre Lens.

Mais avant les projecteurs de la Ville Lumière, il y a eu un passage plus que remarqué au Mans. À l’été 2006, l’enfant d’Allahe débarque dans la Sarthe après deux années passées en Ligue 2 et au club de Créteil-Lusitanos. « Moi, j’ai l’habitude de dire que le recrutement, c’est une émotion, pose Alain Pascalou, directeur technique du Mans à l’époque. Et, pour moi, rien ne remplaçait la visualisation depuis le stade. La vraie émotion, je la trouve sur un terrain de foot. Et pour X raisons, quand j’ai vu Stéphane jouer, cela a été un coup de cœur. Il sortait tout de suite de la norme. » Le 1er juillet, le transfert est officiellement acté. Le fruit d’un travail effectué par la cellule recrutement durant de longs mois. « On l’avait déjà supervisé lors de sa première année à Créteil, je me souviens qu’il nous avait baladés à l’époque (Le Mans était alors en L2, ndlr). À l’époque, ils ne pouvaient pas le lâcher et beaucoup de clubs étaient sur lui, éclaire Pascalou. La deuxième année, il avait été moins bon et on avait continué de le suivre. Puis on a eu les disponibilités financières de le prendre. C’est Daniel Jeandupeux, conseiller du président, qui avait négocié avec Créteil. » À l’époque, l’arrivée de Sessègnon s’inscrit pleinement dans la politique menée par les dirigeants manceaux : tenter des coups dans des divisions inférieures à bas prix, puis les mettre en lumière.

Arrivé à vingt-deux ans dans l’anonymat le plus complet à la Pincenardière, il ne tarde pas à faire étalage de toutes ses qualités. « Je ne le connaissais pas, mais dès qu’il a joué, il a mis tout le monde d’accord » , se souvient Cyriaque Louvion, défenseur recruté le même été que lui au Mans. Après avoir éliminé quelques kilos superflus et s’être bien intégré dans l’effectif, le Béninois aux jambes de feu s’installe définitivement sous les ordres de Frédéric Hantz à partir de novembre 2006. Une évidence. « Il était impressionnant, explique Jean Calvé, l’un de ses anciens partenaires. Ses déplacements, ses contrôles orientés, ses changements de rythme, il avait une telle vivacité, un tel coup de rein… Il faisait la différence à lui tout seul. » Même son de cloche de la part d’Arnaud Cormier, entraîneur adjoint au Mans durant quatre ans (2005-2009), qui affine en détail sa palette : « Il y a une vraie difficulté à lui prendre le ballon, car il a un très beau jeu de corps. Il a un centre de gravité bas qui fait qu’il est très solide sur ses appuis, c’est un joueur explosif. » « À l’entraînement, quand on faisait des duels en un contre un, je me mettais toujours contre lui, parce que c’était un défi pour moi. Je me rappelle même qu’un jour, je l’avais griffé sans faire exprès, poursuit Cyriaque Louvion, avant de dévoiler l’une des caractéristiques marquantes du milieu de terrain râblé (1m68). Il ne soulevait pas un poids de muscu, je ne l’ai jamais vu faire, mais c’était pourtant le plus costaud et le plus rapide d’entre nous. Il ne faisait pas d’abdos, pas de gainage, rien. C’est inné chez lui, il est tracé. C’est une force de la nature. » Pour son profil détonnant et parce qu’il s’érige comme le leader technique de sa formation, Sessègnon hérite ainsi du surnom « champion » par son compère ivoirien Romaric.

Une aventure humaine gravée

Un « champion » qui évolue lors de sa première saison au poste de milieu offensif droit (30 matchs de L1, 5 buts et 4 passes décisives). C’est avec la venue de Rudi Garcia en remplacement de Frédéric Hantz, à l’été 2007, qu’il est repositionné derrière l’attaquant dans un 4-2-3-1. Mais celui qui a grandi à Cocody, dans la banlieue d’Abidjan en Côte d’Ivoire, ne se présente pas à l’époque comme l’unique atout du Mans. Avec dans ses rangs Yohann Pelé, Marko Baša, Romaric, Gervinho, Daisuke Matsui ou encore Túlio De Melo, le groupe manceau a fière allure. « La force de Rudi a été de comprendre que, sous l’impulsion de Frédéric, on avait insisté avec beaucoup de rigueur pour amener les joueurs à leur meilleur niveau, expose Arnaud Cormier. Puis il a laissé davantage de liberté et d’initiatives aux joueurs pour qu’ils s’expriment. Frédéric a posé le cadre de travail et Rudi a su optimiser le tout avec beaucoup d’intelligence. » Car, outre le fait d’adopter un style de jeu alléchant, le MUC 72 signe lors de cet exercice 2007-2008 l’une des plus belles pages de l’histoire du club (9e place du championnat à cinq points d’une place synonyme de participation à la Coupe de l’UEFA).

Durant cette époque dorée, Le Mans fait trembler le grand OL (3-2 avec un doublé de Sessègnon, septembre 2007), avant de se l’offrir à deux reprises (1-0 en quarts de finale de Coupe de la Ligue en janvier 2008, 1-0 en L1 en février 2008). « On avait terminé 9es, le président était très content. Mais moi, j’étais déçu parce qu’on avait une équipe pour finir mieux classée et décrocher une place européenne, lâche Cormier, aujourd’hui adjoint de Hantz à Montpellier.Par rapport au potentiel des joueurs qu’on avait sur le terrain et entre les mains, on avait une équipe de top niveau. » Derrière les regrets reste une aventure humaine encore ancrée dans toutes les mémoires. « C’est au Mans qu’on a eu nos meilleurs souvenirs, je pense, confie Jean Calvé, désormais à Amiens. Humainement, ce qu’on a vécu pendant deux ans, c’était quelque chose… Puis footballistiquement, c’était superbe. Cette saison-là, on avait l’équipe la plus jeune d’Europe (24,3 ans de moyenne d’âge).Je n’ai pas connu ça dans un autre club après. »

Liasses de francs CFA et jus d’orange alcoolisé

Quid du Stéphane Sessègnon en dehors des terrains ? L’actuel capitaine de la sélection béninoise (60 sélections, 15 buts) a laissé dans la Sarthe l’image d’un homme réservé et taciturne. Bien loin des extravertis Romaric ou Gervinho qui n’hésitaient pas à s’afficher de manière ostentatoire à travers leurs looks ou leurs voitures. « Stéphane n’est pas un garçon de grand discours, souffle Arnaud Cormier. Il était très introverti. » « Stéphane est un garçon qui ne te donne pas sa confiance tout de suite. Moi, il a mis un ou deux mois à me tester, corrobore Alain Pascalou. Au Mans, j’avais la réputation d’être l’accompagnateur privilégié des jeunes Africains qui arrivaient au club. Il avait l’habitude de m’appeler « Pasqual ». Lors d’un stage en Suisse, il était venu vers moi, car il voulait que je l’aide à monter une académie en Afrique où j’allais souvent. Là, j’ai ressenti une totale confiance de sa part, il s’est lâché. » Auprès de certains partenaires, aussi. Et de façon pour le moins originale. Khaled Adénon, compatriote béninois et qui a côtoyé Sessègnon durant ses derniers mois au Mans, se souvient ainsi d’un « grand frère » qui l’a « conseillé » et « pris sous son aile » , mais avec un sens de l’hospitalité très particulier.

Khaled Adénon : « La première fois que je suis arrivé au Mans, il est venu me chercher vers 20h. J’avais très froid, on est donc partis chez l’un de ses amis. Stéphane m’a proposé de boire un verre, mais je lui ai dit que je ne buvais pas d’alcool. Alors il m’a donné un jus d’orange et m’a dit que ça me réchaufferait. Mais, en fait, le jus d’orange était alcoolisé. Je ne le savais pas, alors je buvais, je buvais. Et quand on a pris la route pour aller à sa maison, je n’arrivais plus à marcher ! » Un épisode savoureux. Pas le seul durant ses deux années au Mans. « Un jour, Jean-François Jodar, sélectionneur du Mali à l’époque, m’avait dit qu’il avait un bon jeune. Il m’a appelé pour que je vienne le voir lors d’un match contre le Bénin, raconte Alain Pascalou, qui travaille maintenant à l’AJA comme recruteur. J’arrive le soir à l’hôtel, à Cotonou, où le match avait lieu. J’avais réservé pour deux-trois jours et j’avais une carte Mastercard. Mais le directeur de l’hôtel me dit qu’il ne peut pas prendre ma carte et comme je n’avais pas pris assez de liquide… J’ai alors appelé Stéphane, je lui ai dit que j’étais dans la merde, que j’avais besoin de fric. Le directeur m’a emmené avec sa camionnette à 22h le voir, c’était un peu le bordel. Quand je suis arrivé à son hôtel, Stéphane m’a filé une grosse liasse de billets en francs CFA ! C’est la première fois qu’un joueur faisait ça pour moi ! » Une personnalité décidément à part, aux facettes surprenantes et parfois insoupçonnées. À l’image d’une carrière sinueuse qui n’aura pas été à la hauteur des attentes placées en lui.

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Par Romain Duchâteau

Tous propos recueillis par RD

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