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QPR, et si ça marchait ?

Markus Kaufmann
QPR, et si ça marchait ?

Entre 2007 et 2011, les folies de Flavio Briatore et Bernie Ecclestone ont fait rire toute la planète football. Et depuis le rachat du club et sa montée en Premier League en 2011, le nouveau propriétaire malaisien Tony Fernandes a bien du mal à démontrer que QPR est un projet sérieux. Pourtant, les arguments ne manquent pas chez les Hoops : de la passion, des vues à long terme et une ambition sans limite.

Un club en toc, vraiment ?

Vite rangé dans la catégorie des « clubs nouveaux riches » , le joujou bleu et blanc des patrons de la F1 Flavio Briatore et Bernie Ecclestone s’est fait une sale réputation depuis 2007. Entre De Canio et Warnock, huit coachs défilent avec une moyenne de onze matchs, le club paye des amendes pour des transferts illégaux, un coach se fait virer après avoir reçu un coup de boule de la star de l’équipe, un autre est renvoyé après avoir révélé les menaces de mort que lui envoyait son propriétaire… Le gros bordel*. Le prix des places augmente, le sponsor Guinness est viré, le logo est refait et les Hoops abordent des maillots away au goût douteux, certainement destinés au marché asiatique. Et malgré tout ce qu’on leur a fait subir, les Rangers prennent ces aventures avec humour – esprit british oblige – comme en témoigne le chant « Gigi De Canio, Flavio and Bernie » sur l’air de La donna mobile. Car avant tout cela, sans argent ni scandale, QPR était bien un vrai club de football affichant fièrement 120 ans d’existence.

Tout juste débarqué du côté de Loftus Road, Park Ji-Sung se dit d’ailleurs heureux de signer pour « un club avec une histoire et une tradition énormes » . Évidemment, il exagère : Park lui-même a un palmarès bien plus grand que le club dans lequel il débarque. Mais à défaut de faire dans la grandeur, QPR fait dans l’esprit. Sa marque de fabrique ? L’âme de West London. Une rivalité de longue date avec les Blues de Chelsea, les « standing seats » du Loftus Road et un public qui respire Fred Perry et le rock britannique. QPR, c’est tout de même le club de Mick Jones (The Clash), Glen Matlock (Sex Pistols), Robert Smith (The Cure) ou encore Pete Doherty. À côté de cela, c’est quoi, Arsenal, au juste ? Un Doherty tellement fou amoureux des royal blue and white qu’il passa son adolescence à écrire un fanzine pour les R’s. En 2005, il affirmait : « Je suis très déçu de ne pas avoir été choisi pour composer l’hymne de QPR. J’ai toujours fait de mon mieux pour eux. J’ai même mis une photo de Kate Moss avec le maillot des Rangers dans la pochette de mon dernier album. » Du rock, de la lose et de l’humour, du vrai football anglais.

« Nous voulons montrer que nous sommes sérieux »

Mais même après le départ de Briatore, les choix sportifs de QPR paraissent complètement dingues. Alors qu’il n’est même pas en position de relégable, le coach Neil Warnock est viré en janvier « à la Kombouaré » et remplacé par Mark Hugues, l’homme ayant un jour demandé à son propriétaire de dépenser 42 millions d’euros pour Robinho. Le nouveau boss s’appelle Tony Fernandes, magnat malaisien de 48 ans, patron de AirAsia, de la ASEAN Basketball League et de la Caterham F1 Team, épaulé par un vice-président qui n’est autre que le gendre de papa Mittal. Forcément, difficile de les prendre au sérieux. Car sur le terrain, QPR semble chercher des joueurs répondant à deux critères : un nom assez cool pour être voulu par un club cherchant un nouveau statut, et une ambition assez réduite pour que le fait de jouer à Londres leur suffise. Ainsi, Shaun Wright-Phillips, Kieron Dyer, Djibril Cissé, Bobby Zamora ou encore Taye Taiwo viennent afficher leur nom dans un Loftus Road de 19 000 places.

QPR devient ainsi la synthèse du football anglais moderne : un proprio richissime venant d’un pays émergent, une majorité de joueurs étrangers venus pour profiter de Londres, et un vestiaire mêlant la moustache de Joey Barton, le bouc d’Adel Taarabt, Robert Green et Djibril Cissé. Il paraît que les opposés s’attirent… Mais si l’on demande à Tony d’expliquer ses choix sportifs, les réponses sont claires et cohérentes. Pour survivre en Premier League, QPR avait besoin d’expérience et de se faire respecter par ses adversaires. D’où les gros noms, et Joey Barton. Dans le football comme dans le business, Tony aime jouer sur le mental. Et maintenant que le maintien est acquis, Fernandes forge un discours portant sur le long terme, avec un mercato différent et de nouvelles infrastructures.

L’ambition de Tony Fernandes au défi de la Premier League QPR est en pleine croissance, et son ambition semble aujourd’hui sans limite : un nouveau centre d’entraînement dès cet été, un nouveau centre de formation et un nouveau stade de 45 000 places, dont le projet sera dévoilé « d’ici peu » . La semaine dernière, le club des R’s a fait sensation avec la signature de Park Ji-Sung. Tony n’est pas peu fier : « La signature de Park montre que notre projet est sérieux » . Et il n’a pas tort : ces 3 millions d’euros pour Park pourraient devenir le meilleur coup de l’été. Sur le mercato, QPR s’active de façon intelligente : Ryan Nelsen (capitaine des All Whites) pour le muscle et l’expérience en défense, Samba Diakité pour le muscle tout court au milieu, Andrew Johnson et sa dégaine de reptile pour le fighting spirit en attaque, Robert Green (lui-même) comme gardien du temple. Et surtout les deux Red Devils : l’achat de Park Ji-Sung et le prêt de Fabio. Fernandes a vite compris comment survivre parmi les crocodiles de l’EPL, et sa façon d’expliquer le choix du prêt de Fabio en dit long sur son ambition : « Nous avons réalisé une opération de prêt fantastique avec Fabio, mais cela ne représente pas vraiment ma stratégie. Je veux construire sur la loyauté, je ne suis pas ici pour entraîner les joueurs d’autres personnes. » Une pointe d’arrogance qui plaît toujours en Angleterre, dont le championnat aime bouffer les petits et adorer les grands. Tony, lui, a choisi son camp. Reste à voir si le club saura aussi grandir dans le jeu sur le terrain. Le manager Mark Hughes semble convaincu : « Park Ji-Sung a été attiré non pas par ce qu’est QPR, mais plutôt par ce que devient QPR. » C’est-à-dire, selon Rodney Marsh, légende des Hoops des années soixante : « Un super petit club familial qui cherche à faire de grandes choses… » * à voir: le documentaire « The Four Year Plan » de la BBC

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