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Pourquoi les pelouses françaises sont-elles toutes pourries?

Par Antoine Mestres et Raphael Gaftarnik
Pourquoi les pelouses françaises sont-elles toutes pourries?

Elle sont grasses, plus toujours très vertes et vivent mal l'hiver. Les pelouses de Ligue 1 et Ligue 2 n'ont pas vraiment une bonne réputation comme on a pu le constater ces derniers jours. Mais alors d'où vient ce mal français ?

« Il faut tout simplement que le ballon rebondisse quand le terrain est boueux. Si le terrain est gelé, c’est dangereux pour les appuis des gardiens et des joueurs. Et en cas d’orage ou de foudre, il ne faut prendre aucun risque. ». Pour Bruno Derrien, qui en a vu d’autres au cours de sa carrière internationale, la décision de reporter un match paraît évidente. Chaque année, la même rengaine. Lorsque le froid s’installe, la pluie se fait drue et le vent plus sec, le bal des matchs reportés peut commencer. Véritables piscines ou repères de castors énervés, les pelouses françaises souffrent d’un mal indicible et sournois. Ce dimanche, José Anigo pestait contre l’état de celle du Vélodrome : « Aujourd’hui, j’ai l’impression que je suis venu jouer sur l’hippodrome du Pont-de-Vivaux. En fait, il faut faire courir les chevaux sur le stade Vélodrome. Cela devient injouable ! ». Même si ses canassons l’ont emporté face à Reims (2-0), le coach de l’OM a une nouvelle fois pointé les manquements de son terrain.

Une situation qu’il n’est pas le seul à déplorer. Le 23 décembre dernier, Pascal Dupraz s’était étonné que la pelouse de l’Allianz Riviera soit dans un tel état : « Le stade est magnifique, il faut juste que la pelouse soit meilleure. Quelques sangliers sont venus se promener. ». À Brest, les Parisiens attendent encore de commencer leur 32e de finale de Coupe de France après un double report au milieu d’un calendrier infernal. Qu’ils soient entraîneurs, joueurs, arbitres ou présidents, tous concèdent qu’en la matière, la France pèche et patauge. Une faute partagée entre les différents acteurs responsables de la pose, de l’entretien ou même du choix de la pelouse (naturelle ou synthétique). Une gestion et des projets bâtards
À en croire David-Pierre Mangiapan, consultant pour Monaco Euro Méditerranée porteur de projets dans des stades en Afrique du Nord, le problème des pelouses françaises réside essentiellement dans leur mode de gestion : « Les derniers stades sont souvent construits sous la forme de PPP (partenariats public-privés) et la pelouse est sous-traitée à des entreprises spécialisées. Lorsque les stades appartiennent à la commune, ce sont les services municipaux qui s’en occupent. En France, le dialogue à plusieurs complexifie le processus. ». Le principal mal serait donc là. Ce que confirme Antoine Lisolo, président de la commission des terrains de la Ligue Méditerranée : « La majorité des clubs ne sont pas propriétaires de leur stade. Ils ont bien souvent des contrats qui leur permettent seulement d’exploiter l’enceinte. ». Cette multiplicité des acteurs conduit donc à des situations où les enjeux politiques d’une ville prennent le pas sur l’intérêt sportif. À Saint-Étienne, le club s’est heurté à la volonté des pouvoirs publics concernant le chauffage de sa pelouse en période hivernale. Trop couteux, trop lourd : l’agglomération a refusé de payer la facture, laissant cette charge aux dirigeants stéphanois. Propriétaires soucieuses de faire des économies, les villes ont donc leur part de responsabilité dans l’état des pelouses. Mais la multiplicité des acteurs n’explique pas tout. À Nice, alors que Vinci, prestataire choisi pour mener à bien le projet Allianz Riviera, avait tout à loisir de réaliser un projet d’envergure, le retard accumulé a plombé la pelouse pour cette saison au moins. Terminé à la va-vite début septembre, c’est un rectangle vert pas totalement enraciné qui subissait deux semaines plus tard les lourds assauts des rugbymen de Toulon et Clermont. Six mois plus tard, l’heure est déjà au replaquage.

À Monaco, le problème est plus profond. Construit sur un parking, le terrain atteint en été la température énorme et meurtrière de 50°, une chaleur difficile à supporter pour n’importe quel gazon. D’un amateurisme certain, ces décisions structurelles gâchent une partie du spectacle proposé chaque week-end. Pour David-Pierre Mangiapan, le calcul des clubs est souvent erroné : « Concernant le Stade Louis-II, ils ont voulu faire des économies sur des postes de dépenses qui au départ sont couteux, mais sont très rentables sur le long terme ». En filigrane, certains pourraient même y voir un business de la pelouse. Car pour des prestataires de services, chaque replaquage ou changement de pelouse représente une manne supplémentaire. De là à parler d’un trafic d’herbe… Des efforts vains ?
La comparaison fait mal. En France, lorsqu’on compte trois ou quatre jardiniers pour une pelouse de Ligue 1, ils sont une vingtaine en Angleterre. « Les clubs sont propriétaires de leur stade et les moyens affectés ne sont donc pas les mêmes », explique David-Pierre Mangiapan. Pour répondre à cette faiblesse nationale, la LFP a lancé un championnat de France des pelouses, qui existe déjà à l’étranger depuis plusieurs saisons. La qualité du terrain est également devenue un critère dans l’attribution de la « licence club ». Cet outil invite les clubs à se développer avec pour carotte la répartition de 10% des droits télé entre les clubs. « Le Championnat de France des pelouses a été créé pour faire un benchmarks des bonnes pratiques. C’est bien de mettre en valeur les bonnes pratiques, mais si tu ne mets pas les moyens qui sont nécessaires à les promouvoir, ça ne sert à rien », affirme David-Pierre Mangiapan. Chose que confirme Antoine Lisolo : « Le projet a au moins le mérite de faire émerger des concepts et des pratiques ». Mais il faut croire que l’initiative n’a pas eu l’effet escompté. Cette saison, tous les clubs de Ligue 1, à l’exception d’Ajaccio, ont obtenu cette licence club alors que la France du foot a encore droit à des pelouses bien dégueulasses…

Autre manque : l’absence d’échange entre les jardiniers des différents clubs qui confirme le manque de « culture pelouse » en France. Un ancien jardinier de l’élite confirme : « On aurait aimé avoir plus d’échanges entre nous. On ne se rencontrait jamais, il n’y avait aucune interaction. ». À côté de cela, des clubs comme Lorient, Châteauroux ou Nancy ont fait le choix du synthétique, « qui permet de faire des économies à court-terme, mais ne satisfait visiblement pas tous les joueurs à long-terme », ajoute David-Pierre Mangiapan. D’autres se sont attaché les services des meilleurs jardiniers du monde. C’est le cas du PSG, qui s’est offert lors du dernier mercato estival le savoir-faire de Jonathan Calderwood, élu meilleur jardinier de Premier League en 2009 et 2012 avec Aston Villa. Bruno Derrien, lui, ne perd pas espoir, le savoir-faire français existe : « Il y a quand même des bons jardiniers de France, je me souviens que la pelouse de Sochaux a été magnifique pendant des années. ». À la Ligue 1 de s’en servir.

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