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  • Coupe du monde 2014 – Quart de finale – Brésil/Colombie

Pourquoi la Colombie n’a jamais organisé son Mondial ?

Par Régis Delanoë
Pourquoi la Colombie n’a jamais organisé son Mondial ?

Le brillant quart-de-finaliste colombien n'a encore jamais accueilli une Coupe du monde à domicile. Il en a pourtant eu l'occasion en 1986, étant désigné pays organisateur par la FIFA. Mais, déjà à l'époque, les tensions entre instances internationales du football et politiques locaux pouvaient être vives et il a fallu se rabattre sur un plan B. Le Mondial 86 se fera finalement au Mexique. Récit d'un épisode oublié de l'histoire du ballon rond.

L’histoire commence très exactement le 9 juin 1974 à Stockholm, lors d’une réunion extraordinaire de la FIFA. La dernière pour son président Sir Stanley Rous, qui a annoncé quelque temps plus tôt son retrait des affaires et qui sera remplacé par João Havelange. Le respecté Chevalier de l’ordre de l’Empire britannique à une dernière annonce à faire avant la quille, une promesse à tenir. Car depuis quelque temps déjà, il a eu maintes et maintes fois l’occasion de constater la détermination du président colombien de l’époque, Misael Pastrana. Celui-ci, élu 4 ans plus tôt, veut que son pays puisse accueillir sa Coupe du monde, comme avant lui ses voisins l’Uruguay, le Brésil, le Chili et l’Argentine, laquelle a été désignée depuis longtemps déjà pour organiser l’édition 1978. Son lobbying est intense et la FIFA se laisse convaincre. Sans qu’il n’y ait d’autres appels à candidature, la Colombie est désignée par Stanley Rous en ce 9 juin 1978, comme étant l’heureuse élue pour s’occuper du Mondial 1986. Pastrana est content du cadeau fait à son peuple, mais ce dernier l’ignore et aux élections présidentielles d’août, il est désavoué. Les organisateurs perdent leur principal soutien politique au bout de seulement quelques semaines. Donc dès le départ, les affaires semblent mal engagées. Quelques projets de travaux sont néanmoins mis en branle, notamment la construction d’une grande enceinte nationale dans la ville de Barranquila : le stade Metropolitano Roberto Melendez, qui sera bel et bien inauguré en 1986… Mais qui n’accueillera pas de matchs de Coupe du monde comme prévu. Car entre-temps, il a bien fallu se résoudre : la responsabilité était trop grande pour un pays comme la Colombie et les dépenses à engager trop importantes.

La FIFA, « multinationale du football »

L’annulation est officialisée en novembre 1982, au cours d’une très officielle allocution télévisuelle du nouveau président en place, le conservateur Belisario Betancur. Pendant 20 minutes, il va d’abord justifier son choix, puis s’occuper de régler ses comptes à une FIFA aux méthodes déjà très contestées à l’époque… Pour ce qui est de l’argumentaire, Betancur explique que sitôt son investiture en août précédent, il a demandé une consultation sur cet épineux dossier, dont les conclusions sont sans appel : la Colombie ne peut pas se permettre d’engager trop d’argent dans cette organisation d’un tournoi sportif, alors même que le pays est confronté depuis la fin des années 1970 à la montée du narcotrafic en même temps qu’à la chute du cours du café, sa principale richesse légale. Mieux vaut engager l’argent dans les écoles, les hôpitaux et les transports, explique Betancur. Et pour ce qui est de l’accusation, ce dernier y va franco. « La règle d’or selon laquelle le Mondial devrait servir à la Colombie et non la Colombie à la multinationale du football (sic) n’a pas été respectée » , balance-t-il, avant d’enchaîner : « Nous n’avons pas le temps de nous occuper des extravagances de la FIFA et de ses membres. » Et vlan ! Concrètement, Havelange, le successeur de Stanley Rous, est accusé d’avoir considérablement augmenté les exigences du cahier des charges depuis 1974, demandant que le pays organisateur puisse disposer de douze stades de plus de 40 000 places, dont deux de plus de 80 000. C’est trop pour la Colombie de Belisario Betancur, lequel conclut son intervention télé en expliquant que Gabriel Garcia Márquez, qui vient alors de se voir décerner le prix Nobel de littérature, est une meilleure publicité pour le pays que l’organisation d’une coûteuse Coupe du monde.

En 2026, 40 ans après ?

La nouvelle de l’annulation ne surprend pas grand-monde à vrai dire et ne déçoit pas plus que ça le peuple colombien, qui a d’autres soucis. Quant à la FIFA, elle doit trouver un plan B à l’arrache, à moins de quatre ans du début du tournoi. Par souci d’alternance, c’est sur le continent américain qu’il doit avoir lieu. Le Brésil se montre d’abord intéressé, mais se rend aussi vite compte qu’il n’a pas les finances nécessaires. Les États-Unis et le Canada sont également candidats. Eux ont les moyens pour organiser la chose, mais Havelange n’est pas chaud du tout. En cause, la manière dont les instances locales de soccer ont tendance à composer leurs propres règles pour la NASL locale : disputer des tirs au but après 90 minutes pour désigner coûte que coûte un vainqueur par exemple. Le football est un sport conservateur et on n’en change pas le règlement sans provoquer quelques crispations… Et puis, surtout, les pays d’Amérique latine menacent d’un boycott pur et simple si ce n’est pas l’un des leurs qui remplace la Colombie. Le Mexique se porte alors candidat, bien qu’il ait déjà accueilli la compétition il y a peu, en 1970. Ce choix finit par s’imposer et le 20 mai 1983 à Zurich, au lendemain de la désignation de l’Italie pour organiser le Mondial 1990, le Mexique est élu à l’unanimité des voix devant les États-Unis et le Canada. Les Colombiens n’ont donc jamais encore pu organiser leur Coupe du monde. Candidats pour cette édition 2014 avant de se ranger derrière le Brésil, ils le sont encore officiellement pour organiser l’édition 2026. Quarante ans après, ils vont peut-être enfin pouvoir l’avoir, le plus grand des tournois.

JO : l’important n’est ni de gagner ni de participer

Par Régis Delanoë

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