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Porto-Boavista, si proches, si loin

Par William Pereira
Porto-Boavista, si proches, si loin

Pour la première fois depuis six ans, la ville de Porto va avoir droit à son derby dans l'élite portugaise. Boavista est remonté en Liga Sagres à la faveur d'une victoire compliquée sur le terrain juridique dont les Panthères sont sorties très affaiblies. L'une des équipes les plus sexy du début du siècle est aujourd'hui confrontée à une toute autre réalité...

Porto, deuxième ville du Portugal. Porto, ville du vin et ville de football. Deux domaines dans lesquels sa domination ne souffre aucune contestation au niveau national. Depuis 1990, la Cidade Invicta compte 17 titres de champion sur 24 possibles. 16 d’entre eux ont été glanés par le seul FC Porto, l’autre l’a été par Boavista, club de l’Ouest de la ville et anomalie du paysage footballistique lusitanien. En 2001, et 55 ans après le titre de Belenenses, les Panthères sont devenues la deuxième équipe hors top trois historique à régner sur le pays. On parle là d’un temps que les moins de 20 ans peuvent difficilement connaître. Un temps où Pinto da Costa était aux anges. Voir une deuxième équipe « portuense » gagner le championnat si peu de temps après le « pentacampeonato » de ses Dragons de 1994 à 1999 était sans aucun doute jouissif pour lui, le régionaliste, l’anti-centraliste, l’anti-Lisbonne. Et tant pis si son FCP avait échoué derrière le frère ennemi. Ou plutôt le frère ami. Le principal était de voir le Sporting et Benfica dans le rétroviseur. Car ses vrais rivaux, ce sont eux : les Lisboètes.

Dans le Nord, et même au sein de Porto, il n’y a pas de vraie rivalité entre les Dragons et les autres, car le président le plus titré d’Europe a toute sa vie milité pour un Nord fort, un Nord uni face à une capitale qui le méprise, qui l’a si longtemps dépouillé économiquement et industriellement. Pinto da Costa n’était pas loin de l’orgasme quand, en 2003, la Coupe de l’UEFA est passée à deux doigts d’une finale 100% portuense (Boavista a finalement échoué en demies contre le Celtic). À Porto, il n’y a donc jamais eu rivalité. Il y a bien eu, pendant une demi-décennie, la concurrence de Boavista, des déplacements chauds et compliqués au Bessa et des titres perdus au détriment du petit frère, mais pas de rivalité historique. Et pour cause, Boavista est avant tout le nom d’un quartier de l’Ouest de Porto. Le Boavista FC est donc un club de quartier. Le FC Porto, lui, transcende sa ville. Il s’étend sur toute une région, voire plus. Il ne pouvait y avoir de rivalité car le fossé a toujours été immense entre les deux écuries. Dans la fin des années 90, il n’a fait que se rétrécir, par le biais d’un championnat, de deux coupes nationales et de deux Supercoupes nationales raflées par les « axadrezados » sous la houlette du mythique Jaime Pacheco et avec des joueurs non moins talentueux comme Frechaut, Petit, Pedro Emmanuel ou encore Ricardo, le « sans-gants » .

Le Major et le rockeur

Mais il y a une autre raison pour laquelle le FC Porto et le Boavista FC ne se sont jamais réellement tirés dessus. Elle s’appelle l’amitié. Arrivés quasiment en même temps à la présidence des deux clubs portuenses, Pinto da Costa et Valentim Loureiro (respectivement en 1982 pour le premier et 1978 pour le second) n’ont jamais caché l’admiration qu’ils avaient l’un pour l’autre. Celui que l’on surnomme le Major a, en sa qualité de maire de la ville de Gondomar, d’ailleurs décoré le patron du double vainqueur de la Ligue des champions de la médaille d’honneur municipale il y a à peine deux ans. La cérémonie de remise de la médaille avait été marquée par le discours revanchard de Loureiro, évoquant les heures sombres du football portugais. « Les gens du Sud ont voulu nous attaquer, Pinto da Costa et moi, en nous créant des problèmes, en nous envoyant devant les tribunaux. Mais nous avons résisté, et notre amitié n’en est que plus grande. » Référence au célèbre procès du célèbre sifflet doré au terme duquel les deux hommes, le Boavista FC et le FC Porto ont été condamnés à diverses peines de prison, sanctions économiques et sanctions sportives. À cette époque, Valentim Loureiro n’était plus président de Boavista, mais de la Ligue portugaise. Il avait refilé les rênes de son club à son fils, João Loureiro (avocat de formation et chanteur de pop-rock à ses heures perdues), aussi doué si ce n’est plus que son père.

Car si le Major a fait le sale boulot en installant durablement les Panthères dans l’élite, le fiston l’a rapidement terminé en devenant le plus jeune président à remporter le championnat portugais en 2001. En faisant en sorte que Boavista demeure une affaire de famille, le paternel s’était ainsi assuré que son ancienne maison reste amie avec celle de son pote Pinto da Costa. Et dans cette histoire, c’est bien le FC Porto qui en est sorti vainqueur. Car au terme du procès du sifflet doré, Boavista a été envoyé en D2 là où le FC Porto s’était vu retirer six misérables points, lui qui en comptait alors une vingtaine d’avance sur son dauphin. La légende raconte que la famille Loureiro a sacrifié le fruit d’un travail long de 30 ans pour préserver les Dragons de sanctions plus graves. João Loureiro, lourdement sanctionné sur le plan économique et suspendu, n’a plus les moyens de garder l’affaire. Boavista tombe entre d’autres mains et tombe tout court. Dans la foulée de la descente en D2, les « Axadrezados » plongent une deuxième fois consécutive et sombrent dans l’oubli.

Miracle et effectif anonyme

Alors que le championnat portugais assiste à l’avénement de Braga et à l’ascension d’équipes comme Estoril, Boavista végète en troisième division. Sportivement, la deuxième formation de Porto n’est jamais proche de rejoindre la D2. Économiquement, elle a du mal à verser les salaires de ses joueurs et employés dans les temps. Boavista s’enlise dans une crise qui semble la mener tout droit à la faillite. Les présidents se succèdent les uns après les autres. Les socios désespèrent et rappellent João Loureiro à la rescousse. À la faveur d’une pétition lancée par une centaine de socios, il accepte de se présenter à des élections dont il est le seul candidat, promettant au passage de « ramener le club à son niveau d’antan » . S’il est encore loin de tenir sa promesse, Loureiro fils a déjà réalisé une prouesse en utilisant ses talents d’avocat et d’homme d’affaire pour obtenir l’annulation du procès qui a coulé Boavista en D2, et en évitant la faillite du club (il a convaincu différents créanciers d’injecter environ 32 millions d’euros pour ramener le passif du club à 32,5 millions d’euros contre plus de 60 auparavant). Le tout a permis à João Loureiro et son équipe de présenter un dossier irrécusable à la FPF en 2013, laquelle profite de l’élargissement de la Liga Sagres à 18 équipes pour valider la remontée de Boavista dans l’élite après six années passées en enfer.

Mais l’histoire est loin d’être terminée. Le plus dur reste à faire pour son président. Ce Boavista n’a plus que deux points d’attache avec son passé glorieux. João Loureiro, donc, et Petit, aujourd’hui entraîneur d’un improbable promu à qui l’on promet une descente express, voire pire, une saison à la Arles-Avignon. Les premiers matchs vont en tout cas dans ce sens. Trois défaites, une victoire chanceuse, un but marqué (un CSC) pour huit encaissés… Le bilan n’est guère flatteur pour les Panthères de Porto, mais leur calendrier ne les a pas gâtés. Benfica pour commencer, puis Braga et Porto à faible intervalle, Petit et son effectif composé de parfaits inconnus (et de Faye Fary, 39 ans et déjà passé par Boavista entre 2003 et 2008) auraient difficilement pu rêver d’un pire scénario. De fait, leur championnat commencera à partir de la prochaine journée, loin, très loin de celui du FC Porto dont il faudra encaisser les coups de BATE à défaut de pouvoir riposter.

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Par William Pereira

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