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Pierre Womé : « Solari est le mec le plus fort avec qui j’ai joué »

Propos recueillis par Valentin Pauluzzi
Pierre Womé : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Solari est le mec le plus fort avec qui j&rsquo;ai joué<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Il y a dix ans, Pierre Womé loupait un penalty crucial contre l'Égypte, privant ainsi le Cameroun du Mondial 2006. Aujourd'hui, et après une carrière pro très bien remplie, il a décidé de poursuivre l'aventure chez les amateurs de l'US Roye-Noyon.

Comment atterris-tu dans cette petite ville de Picardie ?

C’est mon ami Claude Ndjeng et entraîneur des U18 qui m’a contacté, c’est un mec qui a joué pas mal d’années à Roye. Il a voulu me donner un petit coup de main. Ça s’est concrétisé facilement hein, les négociations ont été très rapides, je n’ai plus d’agent maintenant (rires).

Mais tu t’es installé ici ?

Bien sûr, j’ai trouvé une petite maison, j’aime que les choses soient bien faites. C’est vrai que la ville n’est pas grande, mais tu es à 45 minutes d’Amiens, un peu plus d’une heure de Paris, y a de quoi m’occuper. J’étais déjà à Chambly en National l’an passé, je connais la région.

Qu’est-ce qui te motive encore à jouer en CFA, loin de chez toi, à 36 ans, après avoir connu le très haut niveau ?

La passion ! J’aime le foot tout simplement. Et puis ça permet de découvrir un autre football, moi qui veux rester dans ce milieu en tant qu’entraîneur ou dirigeant, c’est important d’avoir une expérience à ce niveau pour connaître tous les rouages de ce monde.

Physiquement, tu es encore en forme ?

Ah oui, même si c’est au coach et ses adjoints de décider, mais je me sens encore parfaitement bien. Par chance, je n’ai jamais eu de grosses blessures, juste quelques déchirures et des rechutes parce qu’on avait voulu me faire reprendre top tôt.

Quelles sont les ambitions de ton nouveau club ?

On a un bon mix de jeunes et d’anciens, mais on a très mal commencé avec un nul et cinq défaites, c’est pas du tout ce qu’on espérait. On doit s’y remettre, c’est ce qu’on a fait contre Boulogne-Billancourt. Cette première victoire peut démarrer une série, et le but, c’est de se maintenir.

Tu es le seul ancien ici ?

On est 3/4 à avoir la trentaine, il y a Moussa Sidibé qui a pas mal roulé sa bosse dans le foot pro, notamment du côté de Nîmes en Ligue 2.

Ça gueule après le mauvais début de saison ?

Oui, parce que le club est plutôt suivi. Le premier match, le nul contre Aubervilliers, j’étais content, il y avait du monde au stade, il faisait beau, ça commençait bien. Là maintenant, ça se passe forcément moins bien, mais c’est normal après cinq défaites d’affilée. Personnellement, les contestations ne me dérangent pas, au contraire, les supporters ont raison de nous faire comprendre qu’on n’est pas en vacances ici.

En 2012, quand tu rentres au pays, au Coton Sport, c’était pour couler une pré-retraite tranquille et bien méritée, non ?

J’ai vu Ronaldinho rentrer au Brésil et se refaire une santé, alors je me suis dit « pourquoi pas moi » . Et puis, je débarquais dans une équipe qui jouait la Ligue des champions africaine, c’était un bon moyen de m’entretenir et de préparer une éventuelle convocation au Mondial 2014. Malgré mon âge avancé, j’étais au-dessus du lot, mais vous savez, c’est difficile de se réadapter quand vous venez du football professionnel.

Tu n’as jamais été approché par le Qatar, les Émirats pour un dernier gros contrat ?

J’ai rencontré plusieurs agents qui m’ont dit : « Tiens j’ai ceci, j’ai cela. » Ça va, ça vient, avec les relations et les connexions, on te propose toujours quelque chose, mais il n’y a jamais rien eu de concret, pourtant, ça m’aurait bien tenté.

Tu es un des seuls joueurs à avoir évolué dans les 4 grands championnats, Italie, Allemagne, Angleterre ou Espagne. Où va ta préférence ?

Bon, je suis parti de mon pays pour aller en Italie, donc j’en garde un souvenir particulier, mais l’Angleterre m’a également beaucoup marqué. Les cultures sont différentes, mais j’ai réussi à m’adapter à chacune d’entre elles. Ce qui compte avant tout, c’est être un professionnel rigoureux, le reste vient tout seul.

Tu peux nous raconter ton arrivée en Europe en 1996, à Vicenza ?

Je sortais du fameux tournoi de Montaigu. C’est comme ça que j’ai été repéré par trois clubs italiens, Vicenza, Lucchese et le Chievo. Je suis parti faire des essais, et le premier m’a pris. Il n’y avait aucun francophone, on m’a collé un prof avec qui je passais 6 heures par semaine pour apprendre la langue. J’avais réussi à m’intégrer rapidement. Quand tu en veux, ça va plus vite.

Le summum de ta carrière de club, ce serait l’Inter ?

C’est l’équipe qu’on me sort souvent à cause du nom, mais je dirais la Roma, car en plus du club, il y a la ville, les supporters, le vestiaire, contrairement à l’Inter où c’était un peu chacun pour sa pomme.

C’est-à-dire ?

Il y avait énormément d’étrangers, mais nous n’étions que deux Africains, Obafemi Martins et moi. Figo disait tout le temps en plaisantant : « Mais comment deux noirs se sont retrouvés ici ? » Malgré la concurrence de Burdisso, Favalli, voire Zanetti, j’avais réussi à jouer une vingtaine de matchs. De toute façon, ça a souvent été comme ça dans ma carrière, être le deuxième ou troisième choix en début de saison et me faire finalement ma place. Ça ne me fait pas peur, c’est sur le rectangle vert que cela se passe.

Le coach qui t’a le plus marqué ?

Zdeněk Zeman ! Il m’a pris de la Serie B à la Lucchese. J’ai atterri à la Roma pendant le Mondial 98. Pourtant, mon agent voulait que j’aille dans un club de bas de tableau pour être certain de jouer, car il y avait Cafu et Candela. Là encore, j’ai insisté pour y aller et gagner ma place. Un agent, s’il a cinq clubs à proposer à son client, il va lui dire d’aller à Guingamp, Sedan ou Rennes, plutôt que le PSG. Moi, je vais dire le contraire, si le club me veut même en deuxième ou troisième choix, je vais lutter, et le jour où le coach me donne ma chance, c’est à moi de faire en sorte qu’il me garde dans le onze.

Un joueur ?

Santiago Solari ! Aïe aïe aïe ! ll faisait des choses hallucinantes, j’en ai connu des joueurs, mais lui, à l’Inter, il m’a vraiment marqué. Personne ne le calculait, il était dans son coin, en retrait du groupe. Comme disent souvent les coachs, « j’ai mes deux bonhommes qui passent avant toi » , tu comparais lui par rapport aux autres, il n’y avait pas photo. Et malgré tout, il ne jouait pas, à n’y rien comprendre.

Parlons un peu Cameroun. Comment le Canon de Yaoundé en est arrivé là ?

C’est mon club de cœur en plus, ils devaient être relégués, mais ont été repêchés. C’est simple, ils ont fait un mauvais recrutement…

Et le foot camerounais si hype il y a une dizaine d’années et dépassé par de nombreux rivaux ?

C’est une histoire de cycles, ça reviendra. Les dirigeants des clubs ne comprennent pas qu’il faut le minimum pour un joueur, de quoi manger etc. 100/150€, c’est peut-être beaucoup pour eux, mais ils n’ont pas encore saisi le principe du retour sur investissement. Ils n’ont pas de vision sur le long terme.

Au début des années 2000, quand le Cameroun et toi gagnez deux CAN, les JO et atteignez une finale de Coupe des confédérations, vous vous dites que vous pouvez aller au bout d’une Coupe du monde ?

En 2002, j’y croyais, on avait l’équipe pour. Mais on s’est loupés dans la préparation, c’est le pêché mignon des Africains. Tu t’en vas jouer au Japon, il faut s’adapter, y aller tôt. Comme d’habitude, la fédé nous a dit qu’elle s’en occupait, avant de tout décider au dernier moment. On est arrivés six jours avant le premier match, on était crevés. Quand il fallait dormir, on était debout, et inversement. En plus, c’était la Coupe du monde des surprises, alors si on passait en 8es…

Où en sont tes relations avec Sam’Eto’o après l’épisode des qualifications du Mondial 2006 ?

Geremi et moi étions les tireurs désignés, ce dernier n’était pas là, donc… Le ballon pouvait rester tout seul sur le point de penalty pendant des heures, hein. Eto’o ne m’a jamais dit qu’il voulait le tirer, mais puisqu’il est avant-centre, le peuple camerounais s’attendait à ce que ce soit lui. Aujourd’hui, on se recroise peu, lui est là-bas, moi je suis ici. La vie est courte et on doit rendre grâce à Dieu.

C’est quand même un épisode qui a marqué négativement ta carrière, tu échangerais ce péno contre celui qui a donné la médaille d’or au Cameroun aux J.O de 2000 ?

Pas du tout, la Coupe du monde, si on se qualifie, on ne sait pas ce qu’on va faire, tandis que le Cameroun vainqueur des JO, ça arrive une fois par siècle.
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Propos recueillis par Valentin Pauluzzi

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