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Philippe Glogowski : « C’est chouette de faire des BD »

Propos recueillis par Giuliano Depasquale
Philippe Glogowski : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>C’est chouette de faire des BD<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Auteur de bandes dessinées pour Manchester United et la sélection belge, Philippe Glogowski raconte les dessous de son projet avec les Mancuniens, mais aussi la dure réalité du football que le Belge tente de dessiner sur ses planches. Rencontre.

Pouvez-vous vous présenter brièvement ?Je suis de Charleroi et je dessine depuis toujours. Je suis entré par la petite porte, en tant que lettreur, ça consiste à écrire les textes dans les bulles. J’étais un lettreur qui a fait de la BD sur le côté, puis je suis devenu un auteur qui fait du lettrage sur le côté. Aujourd’hui, j’ai fait une grosse vingtaine d’albums.

Et comment en êtes-vous arrivé à parler du football ?Ma première incursion dans le monde du foot en BD, c’était sur un collectif. Ça s’appelait « Full foot » , mais j’avais juste fait une planche. C’était plutôt humoristique. Ensuite, il y a quatre ou cinq ans, grâce à un éditeur pour qui j’avais fait trois albums, j’ai eu l’occasion d’aller à Arsenal proposer un projet de BD qui plaisait bien, mais ça ne s’est finalement pas fait.

Pourquoi ?C’était la faute de l’éditeur, et non d’Arsenal, car le club était emballé par le projet. Arsenal a été la première cible, car l’éditeur avait eu, par ses relations, l’accord d’Arsène Wenger.

Du coup, comment ça s’est fait avec Manchester ?J’avais raconté cette anecdote à un vieil ami qui était libraire. C’est un fondu de foot, il avait joué en professionnel au Sporting de Charleroi, mais pendant une demi-heure. Il s’est fait une grave blessure qui l’a empêché de jouer à ce niveau-là. Il avait donc une carrière frustrée et, quand je lui ai raconté l’anecdote d’Arsenal, il a lâché sa librairie pour relancer le projet avec moi. Ça paraissait un peu fou, mais bon, on a réussi à séduire Manchester United. C’était d’ailleurs assez gonflé d’aller là-bas. On sortait de nulle part et on est allés présenter notre projet. C’était une maquette en cinq planches, traduites en plusieurs langues. C’était fait comme un vrai album, car on ne voulait pas faire sur PDF. On avait besoin de séduire. On a sorti cette maquette en 100 exemplaires et on a réussi.

Donc vous êtes allés tous les deux jusque Manchester, comme ça ?Non, pas vraiment. La première fois, ils ont eu la sympathie de nous accorder un rendez-vous dans leurs bureaux londoniens. C’était plus simple pour nous. On a donc eu plusieurs réunions avec eux et le projet est parti, à notre grande surprise. Et, grâce à ça, on a pu lancer d’autres projets en montrant l’album à la Fédération belge de foot, à la Fédération française de rugby, et même à la Fédération française de foot, mais, là, ça ne se s’est pas fait.

On a présenté ça au travers d’un ado qui rêve d’être footballeur. Son papa, sa maman et son grand-père vont lui donner leur vision du club et, par après, il va rencontrer d’autres personnes qui vont lui en parler. Et comme il s’intéresse au sujet, il fouille…

C’est Manchester United qui vous a imposé la façon de raconter la BD ?Non, ça c’est moi qui ai suggéré ce mode de narration au club. Et ça tombait bien, parce qu’ils se posaient la question : « Comment raconter l’histoire du club aux plus jeunes de nos fans ? » Ils voulaient vraiment raconter l’histoire prestigieuse, en dehors de ce qu’on peut savoir à travers la TV et les jeux vidéo. Mais, pour faire ça, on n’a que des livres avec quelques photos pourries, même pas en noir et blanc, juste en couleur sépia. Donc, on peut faire un film, mais bon ça coûte cher. Avec une BD, on a une unité graphique, avec les mêmes couleurs qu’à l’époque, les mêmes personnages. En revanche, je me suis rendu compte qu’on ne pouvait pas raconter l’histoire de manière chronologique, parce que ça allait embêter les gamins. Alors, on a présenté ça au travers d’un ado qui rêve d’être footballeur. Son papa, sa maman et son grand-père vont lui donner leur vision du club et, par après, il va rencontrer d’autres personnes qui vont lui en parler. Et comme il s’intéresse au sujet, il fouille… Mais chaque lecteur peut s’identifier à un personnage, que ce soit au grand-père, au papa, à la maman ou au gamin. Les anecdotes du passé sont liées à celles du présent et on évite comme ça la narration chronologique.

Et il y a aussi une histoire parallèle avec le petit garçon qui joue lui-même au foot.Oui, là je me suis fort inspiré de l’histoire personnelle de Thierry, puisque le gamin va se blesser et se rendre compte qu’il ne fera pas carrière dans le foot. C’est un des aspects que je trouve les plus interpellant dans ce monde où on parle des stars. Évidemment, tous les gamins connaissent ces vedettes qu’on voit partout et qui sont excessivement payées et reconnues, mais il y a énormément d’appelés pour peu d’élus. Et lui va plutôt se rabattre, on l’imagine, sur une carrière de journaliste sportif.

Comment le club vous a accompagné dans ce travail ?Ils m’ont donné des sources pour me documenter. Donc, j’ai eu beaucoup de documentation mise à ma disposition, ainsi qu’une banque de données. J’ai aussi eu quelques personnes de contact si j’avais des questions. Et, pour ça, ils étaient super pros. Il m’est arrivé le dimanche de poser une question par mail et d’avoir la réponse dans les heures qui suivaient, et ça, c’était vraiment génial. Et donc je soumettais d’abord le scénario en cours d’écriture, puis les planches, puis les couleurs, donc ça suivait bien, ils étaient très réactifs. Je suis sûr de ne pas y avoir mis de bêtise, car ça a été lu, vu et approuvé.

Ça s’est bien vendu au megastore du stade, mais pas les jours de match, par exemple. Les supporters n’achètent pas avant le match pour ne pas l’abîmer, ni après s’ils gagnent, car ils vont aller boire des pots, et s’ils perdent ils n’achètent rien.

Et combien de temps ils vous ont donné pour faire tout ça ?Il n’y avait pas vraiment de date. On était partis sur une trilogie avec des faits allant jusqu’en 2014. Mais on a dû se heurter à d’autres soucis, car, faire une BD, c’est une chose, mais la vendre dans un pays qui n’a pas la même culture que chez nous, c’en est une autre. Donc, on a dû apprendre énormément de choses à ce niveau-là. On croyait naïvement qu’on allait se présenter et vaincre, mais c’est beaucoup plus compliqué que chez nous. Sur la page Facebook, il y avait 300 000 like, mais c’étaient des like de partout dans le monde. Donc, c’est bien, mais comment arrive-t-on à vendre une bande dessinée qui coûte quinze livres à un gamin qui vit au Brésil ? En plus, il y avait des frais de port. Donc, il faut pouvoir mettre ça dans les mains des gamins du monde, mais aussi aux Anglais. Ça s’est bien vendu au megastore du stade, mais pas les jours de match, par exemple. Les supporters n’achètent pas avant le match pour ne pas l’abimer, ni après s’ils gagnent, car ils vont aller boire des pots, et s’ils perdent ils n’achètent rien. Donc on a découvert des tas de choses, mais qui nous seront utiles pour la suite. Parce que c’est chouette de faire des BD, mais il faut aussi les vendre.

Est-ce que le club vous a interdit de parler de certaines choses ?Oui, ils ont préféré passer sous silence certaines choses. Moi, il y avait un truc qui m’avait frappé quand je suis allé visiter le club, c’était la place qu’ils accordaient à l’espace pour les moins valides. Il y a une tribune entière pour eux et il y a même des concours pour remporter une place avec un accompagnant. Il y a même toute une organisation pour les voyages en car, et cetera. Je trouvais ça très flatteur pour le club et je voulais vraiment en parler, mais ils m’ont dit non, ils ont préféré rester discrets là-dessus. Sinon, au niveau de l’histoire, il fallait bien sûr parler des victoires, mais aussi des défaites. Et là il n’y avait aucun souci tant que les faits étaient avérés. Si l’équipe avait pris un 4-0, eh bien elle avait pris un 4-0. Je n’ai pas été beaucoup censuré, je dois dire que j’ai été agréablement surpris à ce niveau-là.

Je remarque que vous avez été généreux sur les cheveux de Rooney avant ses implants capillaires.(Rires) Ah oui c’est vrai, il en avait quand il est arrivé et puis ils sont vite partis.

Si on n’est pas doué, on se fait vite une raison. Mais, si on vient à s’entraîner avec les pros et que finalement on n’y arrive pas, ça doit être terrible. Je ne sais pas comment on peut bien survivre à ça.

Après les Red Devils, c’était au tour des Diables rouges. Oui, dans Rêve brésilien, on a anticipé le parcours de la Belgique au Mondial et je suis arrivé loin, puisque j’avais prévu le quart de finale contre l’Argentine, sauf que moi je les faisais gagner. On avait fait deux albums qu’on avait soumis à la Fédération belge, mais on n’a pas pu travailler ensemble, car elle avait déjà signé une exclusivité avec un autre éditeur. On l’a quand même fait, même si ce n’était pas la BD officielle. Ensuite, on a réussi à trouver un accord et à avoir la mention officielle. Ça facilite les choses.

Que ce soit pour Manchester ou pour la Belgique, vous avez eu la possibilité d’accéder à des entraînements pour compléter votre travail ?Non, c’est mon grand regret. Mais j’ai pu aller au centre d’entraînement de Carrington, où j’ai donné une interview à MUTV (la web tv officielle du club, ndlr). J’ai donc vu les joueurs arriver sur les terrains qui étaient juste à côté, mais je n’ai pas pu les approcher plus près, c’est un peu frustrant. En revanche, j’ai croisé une Vauxhall au centre d’entraînement. Le journaliste qui était avec moi a fait signe au gars dedans et puis il m’a expliqué que c’était un junior qui vient s’entraîner avec les pros. Et je me suis mis dans la peau de ce gamin qui n’avait pas plus de 18 ans. Il roule en Vauxhall, il vient s’entraîner avec Rooney qui prend 350 000 euros par semaine et il touche son rêve du doigt. Je ne me souviens pas de son nom, mais il ne me semble pas l’avoir vu dans l’équipe d’aujourd’hui, donc c’est qu’il n’y est pas arrivé. Et ça, ça doit être super dur. Ce moment de la vie doit être difficile à gérer, comme pas possible. Parce que, si on n’est pas doué, on se fait vite une raison. Mais, si on vient à s’entraîner avec les pros et que finalement on n’y arrive pas, ça doit être terrible. Je ne sais pas comment on peut bien survivre à ça.

De plus, ça rejoint la petite histoire du gosse qui se blesse dans la BD.Oui, c’est ça. Évidemment, ces histoires-là sont beaucoup plus nombreuses que celles comme Rooney. C’est dommage qu’il y ait autant d’argent dans le foot, mais c’est comme ça en général, c’est l’offre et la demande qui font qu’il y a tant de disparités. Et c’est encore plus difficile aujourd’hui par rapport au temps où on ne jouait que pour le plaisir. Mais le foot reste quand même un spectacle sur le terrain.

Ce n’est pas conclu, mais on a un projet qui est en bonne voie avec un certain club italien qui a gagné une trentaine de titres et qui joue avec les mêmes couleurs que le Sporting de Charleroi…

Vous avez eu des retours de certains joueurs, même si vous n’en avez pas rencontré ?Oui, il y a Mata qui l’a lu et a bien aimé, il l’a d’ailleurs tweeté et ça a fait le buzz. Rooney, lui, on lui a offert des exemplaires pour ses gosses, mais je ne sais pas s’il les a lus. J’ai un peu plus de retours pour les Belges. Par exemple, ici, Divock Origi vient de signer 150 BD pour une œuvre caritative, Van Buyten et Mertens aussi. On sait que beaucoup de Diables ont lu la BD dans l’avion pour le Brésil. J’aimerais bien qu’un joueur me raconte pour nourrir mes bouquins. Mais ce n’est pas de leur faute, ils sont inaccessibles avec tous les agents qui gravitent autour…

Vous avez un club préféré pour lequel vous aimeriez réaliser une BD ?J’en ai quelques-uns. Je reste super fan de l’AC Milan, car j’ai des racines italiennes. Je suis originaire d’Udine, mais l’Udinese c’est modeste. Donc, pour moi, c’est le Milan, surtout à l’époque de Sacchi qui offrait quand même un fameux spectacle. Mais je ne suis pas un supporter acharné, je pourrais faire sur n’importe quel grand club.

Quels sont vos projets pour la suite ?Ce n’est pas conclu, mais on a un projet qui est en bonne voie avec un certain club italien qui a gagné une trentaine de titres et qui joue avec les mêmes couleurs que le Sporting de Charleroi (en noir et blanc, ndlr). Il y a aussi des contacts avec des clubs de Premier League et des grands de Ligue 1, aussi. Mais comme rien n’est officiel, et que ça met beaucoup de temps à se conclure, je préfère ne rien dire pour l’instant. Nous, ce qu’on voudrait se permettre, ce serait de faire un ensemble avec les grosses pointures pour faire une collection européenne. On voudrait amener le lecteur à s’intéresser aux autres clubs.

Dans cet article :
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Dans cet article :

Propos recueillis par Giuliano Depasquale

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