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Peut-on croire à une nouvelle remontada ?
Après la débâcle subie par le Barça au Juventus Stadium (3-0), la question est à nouveau sur toutes les lèvres : les hommes de Luis Enrique peuvent-ils concrètement refaire leur retard et passer en demi-finales ? Éléments de réponse.
À chaque fois qu’elle se produit, la planète football s’enflamme. Elle, c’est la remontada. Elle est aussi merveilleuse pour les vainqueurs que dévastatrice pour les vaincus et ne connaît aucun équivalent émotionnel dans la vie de tous les jours. Sauf peut-être celui de perdre un ticket d’Euromillions avec les sept bons numéros du tirage, pour finir par le retrouver deux semaines plus tard dans la poche arrière de ce vieux 501. En bref, c’est tout noir, puis tout blanc. En campagne européenne, le FC Barcelone commence même à faire de la remuntada (écrite avec un « u » en catalan) sa marque de fabrique. Une défaite par deux buts d’écart ou plus à l’aller, puis une folle remontée au match retour. Les victimes européennes sont légion : Anderlecht (1979), Göteborg (1985), Dynamo Kiev (1994), Chelsea (2000), AC Milan (2013) et donc le Paris Saint-Germain (2016). Si à ce jour, la dernière citée reste la plus incroyable de toutes, le fait de rééditer une telle performance au tour suivant serait unique en son genre en C1. En retard de trois buts face à la Juve depuis la première manche (3-0), le Barça doit pourtant se confronter à cette dure réalité. Alors, possible ?
L’exemple de l’ennemi
Si le terme de remontada est d’origine espagnole, c’est que le Real Madrid se trouve aussi être un connaisseur en la matière. Moins amenée à remonter de larges défaites ces temps-ci en Coupe d’Europe, excepté contre Wolfsburg l’an passé, la Casa Blanca était parvenue à réaliser la passe de deux lors de l’édition 1985-1986 de la Coupe UEFA. Ainsi, le Borussia Mönchengladbach (5-1, 0-4) puis l’Inter (3-1, 1-5) s’étaient cassé les dents pour terminer le travail au Santiago Bernabéu, et le Real avait fini par aller remporter le trophée en finale. Un exemple que le Barça aimerait bien suivre, même si juste après avoir pris un 3-0 sec, Luis Enrique n’était pas dans cet état d’esprit. « Nous avons revécu un cauchemar. Nous devons voir en quoi nous avons failli… Une nouvelle remontada ? J’ai plus de mal à croire en une remontada cette fois. » La tête un peu plus froide, Lucho revenait à la charge deux jours plus tard, considérant que la remontada était « plus faisable contre la Juventus que face au PSG » . Simple coup de bluff ou réalité ?
Ancien de la maison culé lors de la saison 1999-2000, Frédéric Déhu donne son avis sur cette comparaison turino-parisienne. « Je ne vois pas la chose en termes de comparaison. Ce qu’il s’est passé contre Paris va rester unique pour toujours. Les circonstances, le non-match malheureux du PSG font que si tu rejoues le match un millier de fois, Paris va passer 999 fois. » Toujours est-il que si le Barça a la possibilité de passer, c’est que ce match a lieu dans son antre, le Nou Camp. Une enceinte où tous les rêves sont possibles. « La grandeur du stade, c’est ce qui impressionne l’adversaire, explique l’ancien capitaine du PSG. Cela donne une ferveur spéciale, un contexte unique. Les grands espaces sont recherchés par le Barça, qui pratique un jeu où l’équipe adverse doit courir beaucoup. Après une certaine dose d’efforts, cela joue sur les organismes. Aujourd’hui, on dit que l’équipe est en fin de cycle… Moi, je pense qu’ils sont toujours aussi dangereux. » Fantomatique lors du match aller, Neymar se confiait à Esporte Interativo : « L’équipe en face peut être différente, le Barça reste le même. Nous pouvons le faire. Nous l’avons déjà fait une fois, on peut le faire deux fois. » Par sûr que la Juve l’entende de cette oreille.
Une Vieille Dame avertie en vaut deux
Depuis une semaine, les Zèbres sont sur le qui-vive. Vaincue en finale de la Ligue des champions par la bande de Luis Enrique deux ans plus tôt à Berlin, la Juve sait que l’occasion est beaucoup trop belle pour prendre sa revanche. Sa dernière défaite à l’extérieur par trois buts d’écart remonte au 2 mars 2016, et une défaite dans un San Siro acquis à la cause de l’Inter (3-0). Un score qui enverrait alors les deux équipes en prolongation, pour faire durer le suspense. Bien évidemment, les Turinois souhaitent éviter tout malentendu et boucler l’affaire aussi vite que possible. En cela, le club bianconero a publié sur Twitter une vidéo dans laquelle toute la motivation piémontaise transpire à grosses gouttes. De quoi donner envie à Chiellini et consorts de sortir un nouveau match de guerrier. Sans aucun doute, il le faudra.
Per finire quello che abbiamo cominciato c’è un solo modo. #ItsTime To Reload #FCBJuve pic.twitter.com/99q6c5810Q
— JuventusFC (@juventusfc) 17 avril 2017
Par Antoine Donnarieix
Propos de Frédéric Déhu recueillis par AD