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Peter Zeidler : « J’ai bâti ma vie professionnelle autour de la langue française »

Propos recueillis par Julien Duez
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Peter Zeidler est moins connu que Franz Beckenbauer, mais il parle mieux la langue de Molière que lui. Et que presque n'importe qui d'autre d'ailleurs. Avant de retrouver Tours qu'il a entraîné en 2011-2012, le coach de Sochaux (55 ans) raconte son bonheur de travailler pour un monument du football français et tout l'amour qu'il voue à l'Hexagone. Un entretien qui donnerait envie de lui rendre la monnaie de sa pièce en choisissant l'allemand en LV1.

Est-il vrai que vous avez appris notre langue avec le frère de Gernot Rohr ?Non, pas exactement. C’était mon professeur de sport lors de mes deux dernières années au lycée de Heubach, dans le Bade-Wurtemberg. Comme tous les enseignants en Allemagne, il avait deux spécialités. Lui, c’était l’éducation physique et la philologie romane. Et j’ai suivi ses traces, puisque j’ai étudié les mêmes matières à l’université de Stuttgart. Je pense d’ailleurs qu’on doit être les deux seuls gars de tout le pays dans ce cas-là !

Comment vous est venue cette passion pour le français ? Par vos parents ?Non, par le football. L’équipe de France du Mondial 82 était mon modèle absolu. Les Platini, Giresse, Tigana, Trésor et Rocheteau, mes héros. La demi-finale contre la RFA, ma référence en matière de beau jeu. Tout ça m’a motivé à mieux connaître ce pays et sa langue.

Quels étaient vos trucs pour progresser dans une langue si compliquée ?Je lisais L’Équipe régulièrement. Et comme je n’habitais pas loin de la frontière, je me débrouillais pour écouter les matchs de championnat, le samedi soir sur Europe 1. Avant de passer mon examen d’État pour devenir prof, j’ai étudié la philologie romane un an à l’université de Strasbourg. Toute ma vie professionnelle, je l’ai bâtie autour de la France et de la langue française. Et aujourd’hui, j’ai réussi à combiner les deux. J’en suis très heureux, mais je sais que mon niveau peut encore s’améliorer.

Ne soyez pas modeste, je suis sûr que vous n’avez aucun mal à communiquer avec vos joueurs.Bon c’est vrai, il reste un léger accent, mais c’est plus charmant qu’un problème. Je parlais plutôt des nuances de la langue. Pour certains mots ou expressions, je me range encore derrière mes collègues français. Le football, c’est motiver ses joueurs, les impressionner. Pour ça, la langue est essentielle.

Vous êtes le seul entraîneur allemand du football français, le troisième après Franz Beckenbauer et Gernot Rohr. Pourquoi y a-t-il si peu de vos compatriotes qui entraînent chez nous ?Encore une fois, à cause de la langue. Un bon entraîneur doit connaître la langue du pays où il travaille. Beckenbauer était une exception, car il ne parlait pas français. Rohr et moi n’avons pas ce problème. Le problème est le même en Allemagne, où peu de Français entraînent pour les mêmes raisons. Mais si vous prenez les exemples de Sagnol et d’Ismaël, eux n’auront jamais aucune difficulté.

Peut-on être un bon entraîneur si l’on n’a jamais été soi-même professionnel, comme c’est votre cas ?Cela peut aider au début, parce qu’on revit des situations concrètes qui sont déjà connues. Mais ce n’est pas forcément nécessaire. À l’université, j’ai étudié les sciences du sport, dans lesquelles on remarque beaucoup de similitudes avec les aptitudes requises pour ce métier. La didactique et la méthodologie sont quasiment les mêmes. Lorsque j’ai passé mes diplômes UEFA en 2006, mes camarades de promotion s’appelaient Thomas Tuchel, mais aussi Bruno Labbadia ou Marc Wilmots. Le premier n’a quasiment jamais joué en pro, les deux autres, si. C’est bien la preuve que les deux profils peuvent mener une carrière à succès. Et Julian Nagelsmann le montre encore aujourd’hui.

Beaucoup de Français jouent en Allemagne, mais l’inverse n’est pas vrai. À Sochaux, vous avez fait venir deux de vos jeunes compatriotes qui n’ont pas percé dans leur club d’origine. La Ligue 2 est-elle une bonne seconde chance ?En effet, Patrick Wolfgang Kapp vient de Hoffenheim, et Mart Ristl de Stuttgart. Ils ne rentraient pas dans les plans de leur club respectif, où j’ai gardé de bons contacts. Mais cela ne signifie pas que le niveau est inférieur en France. Pour le moment, ils ne jouent pas, ils travaillent encore à leur intégration, notamment en prenant des cours de français. Je les trouve très motivés, il faut beaucoup de courage pour s’expatrier si jeune. Mais ils savent qu’ils sont en train de vivre une aventure humaine.

Comment vit-on ce championnat lorsque l’on a connu la prétendue meilleure D2 du monde en Allemagne ?(Rires.) Je dois calmer les Allemands tout de suite avec ce fantasme, la Ligue 2 est tout aussi bonne que la 2. Bundesliga. La seule chose qui change, c’est le public. Le Gazélec, Châteauroux et Tours font autant de spectateurs ensemble que Sankt Pauli ou Kaiserslautern seuls. Avoir 10 000 spectateurs de moyenne, c’est extrêmement difficile, mais pas à Sochaux. En Allemagne, on dirait que c’est l’exemple parfait d’une équipe de tradition.

Ça ne pèse pas trop lourd sur vos épaules ?Si bien sûr, mais ça aurait été pareil à Nuremberg ou à Bochum, où l’on ramène régulièrement l’histoire de l’équipe sur la table, parfois trop souvent. On veut atteindre certains objectifs trop vite, comme la remontée en Ligue 1. Ici, ce sera dur, on ne descendra pas en National 1, mais on n’est pas non plus assez forts pour la montée. Cela exige un projet solide et demande du temps. À mon avis, les lignes bougeront logiquement d’ici deux ou trois ans.

Vous préférez être en poste dans une ville historique comme Tours avec un club sans grande tradition, ou dans un village comme Sochaux avec une équipe historique ?Évidemment, la vie culturelle est riche à Tours, rien qu’avec les châteaux de la Loire. Mais je dois avouer que la vie en Franche-Comté est super. La bouffe est bonne, les gens sont sympas, l’Alsace est juste à côté, et depuis Besançon, on est à Paris en deux heures de TGV. Il ne manque que la mer !

Vous avez vraiment le temps de profiter de la France ?Non et c’est un problème, pas seulement pour moi, mais pour tous mes collègues. Notre métier est très stressant, on est concentré sur le football à 100%. On devrait plus sortir, aller au théâtre, au cinéma, se promener dans la nature. Mais il y a toujours une vidéo de plus à analyser, une réunion de plus à laquelle il faut assister, donc je n’ai pas encore trouvé le temps pour me ressourcer et d’approfondir ma connaissance de ce pays merveilleux.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la culture française ?J’ai une grande passion pour le cinéma et la chanson. Récemment, j’ai vu le dernier film de Juliette Binoche et écouté un disque de reprise de Barbara. Magnifique ! Le septième art est beaucoup plus développé ici que chez nous.

Et d’un point de vue littéraire ?Pour être honnête, mes lectures sont surtout dans la presse spécialisée, comme L’Équipe ou France Football. Quand j’ai le temps, je m’informe dans Le Canard enchaîné. Je mentirais si je disais que je lis beaucoup de romans. Mais il y a des chroniqueurs comme Vincent Duluc qui écrivent dans un style très littéraire.

Le pays ne vous manque jamais ?Pas spécialement. Tant que j’ai des gens ouverts et amicaux autour de moi, je suis heureux.

Il n’y a pas un club que vous rêveriez d’entraîner un jour ? En Bundesliga peut-être ?Comme je le dis toujours, mon club de rêve, c’est celui dans lequel je suis. Et à Sochaux, mon travail est loin d’être terminé.

Ce vendredi, ce seront vos retrouvailles contre Tours. Question banale : qu’attendez-vous du match ?Je serai surtout heureux de retrouver tous les amis que je me suis fait là-bas. Mais honnêtement, je ne connais plus personne au club, tant chez les joueurs que chez les dirigeants. Je n’aurai donc pas de problème à rester concentré sur la victoire.

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Propos recueillis par Julien Duez

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