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Pelé perd un complice

Par Thomas Goubin
Pelé perd un complice

Le 2 janvier, le légendaire gardien uruguayen Ladislao Mazurkiewicz s'est éteint à 67 ans, victime de problèmes respiratoires. Victime de la feinte ultime de Pelé, Mazurka fut surtout le meilleur portier de la planète au début des seventies.

La consécration. En 1970, au Mexique, Ladislao Mazurkiewicz cumule les honneurs. Tout d’abord, ce meilleur second rôle, obtenu pour avoir donné la réplique à Pelé dans une scène mémorable, en demi-finale du Mondial. Une rencontre manquée à la chorégraphie parfaite. Si les convenances avaient été respectées, le Brésilien devait rabattre cette diagonale, avant de pousser le cuir au fond des filets. O Rei préféra prendre le public, et le gardien, à contre-pied, en laissant filer la balle pour réaliser un grand pont au swing fatal, tandis que Mazurka plongeait à l’opposé. Le stade Jalisco se retrouvait soudainement au ballet. Les acteurs se croisent, se frôlent, s’évitent : gardien, attaquant et objet du désir. Le temps d’un instant, ce but qui n’a pas été, selon les propres termes d’O Rei, a fait ressembler le portier celeste à l’un de ses agents de la force publique en noir et blanc trompé par les feintes de Charlot. Mais on ne se moque pas de Mazurka. L’homme est exemplaire, et talentueux. Au terme de la Coupe du monde, il sera primé, catégorie gardiens. Que Pelé se soit fait donner la réplique par le légendaire portier celeste donne finalement encore davantage d’éclat à sa génialissime inspiration.

Vidéo

Autre scène d’anthologie. On est en 1971, cette fois. Lev Yachine, l’araignée noire, le meilleur gardien des années 60, se retire. Le Soviétique choisit de mettre en scène sa succession. À la mi-temps de son jubilé, il cède ses gants à Mazurkiewicz, qui le remplacera en seconde période. Lors de ces seventies naissantes, le trône des cerbères cramponnés se teinte de bleu celeste. Au quotidien, Chiquito, l’un de ses surnoms, œuvre alors chez les Brésiliens de l’Atlético Mineiro (1971-1974). Il y remportera un titre et croisera Pelé à moult reprises. Le destin du portier celeste est indissociable de celui d’O Rei. Son premier match sous le maillot de Peñarol, Mazurka le dispute face à Santos, en 1965. Le portier a tout juste 20 ans et se retrouve subitement poussé sur le devant de la scène lors d’une demi-finale de Libertadores. L’aller et le retour n’ont pas suffi aux deux équipes pour se départager. Une belle est disputée à Buenos Aires, au Monumental. Mazurkiewicz concède son premier but en aurinegro. Pelé est son bourreau, mais Peñarol l’emporte (2-1), et son gardien brille. Chiquito ne retournera jamais sur le banc.

Mazurka n’était pas le plus spectaculaire des gardiens. Peu de traces de parades élastiques ou de réflexes fulgurants. Plutôt que de jeter les marrons du feu, le portier préférait prévenir le danger. Sa capacité d’anticipation en a fait une référence à son poste. Son goût pour l’effort aussi. Ladislao Mazurkiewicz était un leader taiseux. L’exemple par l’action. Ses entraînements s’éternisaient. Son ex-coéquipier, Pablo Forlán, s’est souvenu des tendances stakhanovistes du portier, le jour de son enterrement : « Je le chambrais, je lui disais d’y aller mollo, car quand il rentrait au vestiaire, nous, on était déjà en train de jouer aux cartes. » Le père de Diego poursuit : « Il me répondait qu’il était difficile pour nos adversaires de s’approcher de notre but, mais qu’il n’avait pas le droit à l’erreur, qu’il s’entraînait dur pour réaliser ne serait-ce qu’un seul arrêt. »

Mazurkiewicz a disputé trois Coupes du monde. La première en 1966. Il n’avait alors que 21 ans. Baptême du feu face à l’Angleterre, à Wembley. Rien ne passera (0-0). Cette même année, Mazurka sera sacré champion du monde avec son club. Au mois de mai, Peñarol remporte la Libertadores face à River Plate. Un autre adversaire privilégié l’attend lors de la Coupe intercontinentale : le Real Madrid. Le portier sortira indemne des deux rencontres face aux Merengues. Peñarol assomme les arrogants Espagnols, qui pensaient se promener face aux Uruguayens (2-0 à Montevideo, 0-2 à Madrid). Le géant aurinegro est alors entraîné par Roque Maspoli. Un modèle. Le coach gardait les bois de la Celeste lors du Maracanãzo. Brésil-Uruguay, toujours en fil rouge.

À une époque où les Uruguayens quittaient rarement l’Amérique du Sud, Mazurka jouera quatre ans en Europe. Chez le modeste Grenade (1974-1978). Sa fin de carrière actée en 1981 le verra sauter de club en club : Cobreloa, America Cali et un retour à Peñarol, en guise de conclusion. Avec les Aurinegros, Mazurkiewicz a marqué l’histoire nationale. Pas seulement parce qu’il fut du second sacre intercontinental des Aurinegros, mais aussi pour avoir maintenu sa cage inviolée pendant 987 minutes. Le record tient toujours. Pas mal pour un gardien qui ne voulait pas l’être. Repéré par les dirigeants du Racing Club Montevideo en 1963 lors d’un match de quartier, Mazurka avait refusé un premier contrat. Il préférait évoluer au milieu de terrain. Chiquito finira par se laisser convaincre. Avant de devenir le meilleur de sa catégorie, et de croiser la route de Pelé.

David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

Par Thomas Goubin

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