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«Pas destiné pour une carrière à la Maldini»

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«Pas destiné pour une carrière à la Maldini»

Philippe Billy. Un blase qui sent bon les eighties pour un footballeur au parcours de baroudeur post-arrêt Bosman. Ancien international espoir, le Nantais a longtemps tenté de s'imposer en Italie, où il est arrivé à 19 ans. Mais la malchance, le destin et un foutu agent en ont voulu autrement. Il vient de signer à l'Impact Montréal, en D2 nord-américaine, bientôt en MLS.

Comment es-tu arrivé à Montréal ?

J’étais sans club en France à l’automne et un agent m’a contacté pour savoir si le championnat américain pouvait m’intéresser. Au début, bien sûr, il ne m’a parlé que de MLS. Il était question de Montréal aussi mais c’était pas dans mes premiers choix. Les plus chauds étaient New York et Washington mais ils me voulaient pour un poste d’arrière central, c’est pas trop mon truc. Il restait Toronto et Boston mais j’ai senti que Montréal poussait vraiment pour me faire venir. C’est ce qui m’a décidé. Et puis j’en avais marre d’attendre, ça faisait quand même plusieurs mois que je cherchais.

Mais la MLS à Montréal, c’est pour bientôt, non ?

Oui, pour 2012 c’est sûr Montréal sera en MLS. Peut-être même bien dès l’an prochain car on est les premiers sur la liste d’attente et il y a un club, San Jose, qui n’a pas encore donné toutes les garanties pour y rester. N’importe comment, MLS ou pas, je ne suis non plus venu ici par défaut. Je me suis renseigné sur le club, les infrastructures, la ville, etc., avant de me décider. Et je dois bien constater pour le moment que j’ai fait clairement un bon choix.

Vraiment ?

C’est incroyable comment c’est pro ici. Niveau infrastructures et organisation des entraînements, on n’est pas loin du top du top européen. Ils ont des logiciels qui reproduisent les mouvements sur le terrain et tout. Rien n’est laissé au hasard, impressionnant. Non franchement je suis “étonnamment surpris”.

Mais pourquoi eux te voulaient tant ?

De ce que j’en sais, ils sont vraiment à la recherche de gens qui ont évolué dans les championnats européens, pour faire évoluer leur culture du football. En plus j’ai évolué à Lecce en Serie A et ils sont très fans de tout ce qui est italien, football latin et tout. Et puis ils ont vu que j’étais pas trop gourmand financièrement…

C’est comment, d’ailleurs, les salaires ici ?

Ça va, c’est correct. J’ai un logement, une voiture, on me paie les factures, j’ai pas à me plaindre. De toute façon j’ai été habitué à faire des sacrifices. Quand je suis passé de Lecce à Laval, j’ai divisé mon salaire par six quand même, donc bon. Moi ce que je veux, c’est jouer. C’est ce que je disais aux autres joueurs quand j’étais dans l’équipe UNFP : faut se montrer sinon t’existes plus. Et pour se montrer il faut jouer. Je suis pas du genre à rester sur le banc ou en tribune et à toucher mon salaire sans rien faire.

Niveau football, ça donne quoi ?

Comme la saison a pas encore commencé, c’est difficile de juger. Je dois dire que parfois en entraînement je suis un peu sceptique, mais la semaine dernière, on était en stage au Portugal et on a joué notamment contre Boavista. On a fait match nul mais honnêtement on les a bouffés. Là on commence à voir les effets de la préparation. Je pense que petit à petit, avec les automatismes, il y aura moyen de prendre du plaisir sur le terrain.

Revenons à tes débuts : à 19 ans, tu quittes ton club formateur, Laval, et signes à Lecce en Italie. Avec le recul, tu te dis pas que t’as fait une erreur ?

Pff, pas forcément. Ça sert à rien d’avoir des regrets. A l’époque j’étais naïf, j’ai trop fait confiance à mon agent. J’avais le choix entre Newcastle et Lecce, il me disait que j’avais plus de chances de jouer à Lecce. Il a eu raison d’ailleurs puisque la première saison, je fais dix matches en Serie A, c’est pas donné à tout le monde.

Mais tu es quand même prêté à Bastia…

Oui, six mois. Peut-être les meilleurs de ma carrière d’ailleurs. Il y avait une équipe de malade avec Essien, Laslandes, Battles, Maurice, Gourvennec, Ferreira, Piocelle… J’avais bien marché en plus, Bastia voulait m’acheter mais Lecce réclamait 3 millions… Donc retour en Italie.

Pas longtemps.

Non. Je faisais des bouts de matches, le banc, la tribune. Pour autant, j’avais dans l’idée d’essayer de m’imposer mais mon agent m’a convaincu de repartir, encore.

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Direction, Mons, en Belgique…

La plus grosse erreur de ma carrière. Je me suis fait embobiner par mon agent qui me disait que Lille, Lens et d’autres clubs du nord de la France avait des vues sur moi et qu’en jouant en Belgique, j’étais plus facile à superviser. Je pense que s’ils avaient vraiment voulu de moi, ils se seraient déplacés en Italie, mais bon, j’ai cédé. Dès le premier entraînement pourtant, je voulais partir en courant tellement le niveau était mauvais. Mais j’ai quand même fait toute la saison titulaire.

Avant un troisième retour à Lecce !

Exact. Et là j’ai senti que ça n’allait pas le faire. Déjà faut savoir que quand tu reviens d’un prêt, bien souvent on ne te calcule pas. Mais en plus tout avait changé entre-temps : le staff, l’entraîneur, le directeur sportif. J’ai quand même fait le forcing auprès de lui pour que le nouveau coach me fasse confiance, obligé de faire un peu le lèche-cul. Ça a marché. Sauf qu’on a encore changé d’entraîneur. Oui, on a eu quatre cette saison-là ! On était une dizaine d’éjectés du groupe en tout. Moi pour finir j’ai carrément menacé d’appeler mon avocat si on ne m’autorisait pas au moins à m’entraîner.

En fin de contrat, pourquoi revenir à Laval, ton club formateur ?

J’avais d’autres propositions, notamment une intéressante du Lech Poznan en Pologne, mais ma femme voulait rentrer. Denis Troch, l’entraîneur de Laval, m’avait laissé entendre que je pouvais venir. Comme j’en avais un peu marre d’attendre j’ai signé. C’était le National, le salaire était misérable, mais j’ai fait une saison pleine et rebondi en Ligue 2.

A Brest ?

Oui. Toujours la même connerie, je me suis fait avoir par mon agent. J’ai changé depuis, hein ! En fait dans les clauses du contrat, il y avait une histoire d’un nombre minimum de matches à fournir, vingt-cinq, pour toucher une augmentation de salaire d’une saison sur l’autre. Mon agent m’avait pourtant dit que ça se faisait automatiquement. Du coup j’ai pas voulu signer trois ans mais seulement deux. Sur le terrain, ça se passait bien mais bizarrement, on a arrêté de me faire jouer au bout de 23 matches… J’ai été pro, j’ai pas gueulé. Sauf que la deuxième saison, il y a eu trois entraîneurs différents et je n’entrais plus dans les plans. C’était fini. Fin de contrat. Chômage. Avant Montréal. Voilà l’histoire.

Au final, ton parcours de baroudeur, t’en penses quoi ?

C’est enrichissant. Bien sûr que j’aurais aimé avoir une carrière à la Maldini, mais faut croire que c’était pas mon destin. Le mien, c’est de jouer à droite, à gauche. Ma période la plus longue dans un même club, c’est deux ans, à Brest. Au moins, je sais m’adapter partout où je vais maintenant. Et puis un tel parcours, ça fait grandir. Pour ma vie d’homme, c’est sûr que tout ça me servira.

Propos recueillis par Régis Delanoë

Après la trêve internationale, place au festin !

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