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Paris contre Paris

Par Thibaud Leplat
Paris contre Paris

Pour une fois, le plus intéressant du match d'hier soir, ce n'était ni Cavani, ni Sarkozy, ni Laurent Blanc. À la fin du match d'hier soir, on a entendu autre chose. On a retrouvé le bruit de Paris.

Et ils gagnèrent presque tout. À cause du PSG et après tant d’années de silence, Paris devenait favori partout où il passait. Il ne pouvait plus se contenter de sortie honorable, de stades aux trois quarts vides, de remporter un ou deux matchs, d’être héroïque devant Reims, Saint-Étienne ou Nantes avant de disparaître pour de longs mois à l’ombre d’un beaucoup plus grand ou d’un beaucoup plus célèbre que lui. Le PSG, parce qu’il était le club de Paris, devait gagner ou perdre mais toujours avec grand bruit, jamais dans la discrétion. L’affaire était entendue. Qui supporterait un Paris moyen, commun ? Qui accepterait que le nom de la ville de toute la France ne fût pas craint partout où il passerait ? Le club de cette ville préfèrerait même les railleries et les indignations à l’indifférence et l’oubli. C’est au sommet qu’il se sentait le mieux. Parce qu’une fois installé sur les cimes, Paris aime jeter à nouveau son condamné dans le vide juste pour le plaisir de le voir tout recommencer. C’était l’été 73, une bande de trentenaires à chemises roses dirigée par Daniel Hechter se planta devant le football français d’avant Saint-Étienne, d’avant l’OM, d’avant les parvenus et jetaient au visage des présidents rances et des odeurs de renfermé leur ambition pour Paris, leur amour du jeu, leur plaisir d’être ensemble. Ensuite ce fut Borelli, en 1978, qui prit la place sous le rocher, puis Canal Plus en 1991 : « Enfin, répétaient-ils, il y aurait un grand club à Paris. » Puis ce fut Colony Capital en 2006 qui s’y risqua. QSI en 2011. PSG, c’est Sisyphe qui monte, qui descend. Qui remonte et qui redescend.

Aux donneurs de leçons

Alors, quand Thiago Motta osa avouer son ignorance de la victoire en Coupe des coupes 1996, quand Bernard Lama en voulut ensuite à son inculture, à celle de ses dirigeants, quand Motta fit le lendemain ses excuses pour avoir effacé de sa mémoire une coupe qui n’existait plus, quand Blanc en voulut aussi « aux donneurs de leçons dans cette salle et ailleurs » , quand, après un match qui semblait plié contre Lyon, PSG se mit à trembler pour rien, à se promener au bord du précipice et vit sa première défaite de la saison lorsque Tolisso arma sa frappe à bout portant (87e), on se dit qu’au fond, les choses n’avaient pas vraiment changé. Paris venait de retrouver le PSG, son enfant sauvage. Vous aurez beau le flatter, le gâter, anticiper le moindre de ses désirs, l’ingrat finira toujours par vous mordre, vous faisant regretter d’avoir été trop patient ou trop généreux. Et vous l’abandonnerez, encore. Ainsi ce nouveau PSG ne perdrait plus jamais. On aura aimé y croire, comme on croit au paradis ou à la Providence. Le nouveau PSG serait enfin à la hauteur de sa ville, on s’y était préparé. Les Parisiens seraient enfin soulagés et, une bonne fois pour toutes, arrêteraient de se plaindre. Mais dimanche soir, Paris n’a pas gagné et quand le coup de sifflet final retentit, des tribunes descendit ce bruit assourdissant qui tournait dans le Parc jusqu’à atteindre chacun des joueurs rouge et bleu à la nuque et aux tympans. À la fin de ce PSG-Lyon sans ivresse, sans révolte, on retrouva le bruit assommant des soirées maudites. Paris était furieux. Il réclamait le retour de son PSG.

Paris-Sans-Gêne

Car le passé ne disparaît pas. Il reste sur place. C’est au détour d’une occasion manquée, d’un résultat décevant ou d’un mot malheureux que Paris se remet à creuser. Ce que l’on pensait pour toujours disparu surgit alors sous nos yeux, comme ces villes romaines réapparaissant sous les coups de pelleteuse des chantiers de modernisation des villes contemporaines. Alors, on est obligé d’interrompre la construction et de se mettre à contempler la permanence des fondations anciennes sous la fragilité des structures contemporaines. Sous le PSG d’aujourd’hui, il y a toujours cette folle ambition d’un club de football prétendant porter partout dans le monde le nom de la ville de tous les Français, la ville de 89, de Quatrevingt-Treize, de Baudelaire, de Sarko. Mais si le Paris Saint-Germain est un club résilient, c’est qu’il a le sans-gêne de l’imposteur de génie, le talent du conteur habile et aguerri. Dans ce club il y a toujours aujourd’hui ce que Christian Montaignac appelait le « Paris Sans Gène » dans L’Équipe en septembre 1973. « Mais pourquoi Paris Sans Gêne ? Parce qu’il s’y passe toujours quelque chose de curieux et d’estimable qui ne court pas d’ordinaire les terrains. Parce que l’argent est là, mais que ceux-là même qui l’avancent savent qu’il ne fait pas le football. Parce qu’on s’y amuse sérieusement, sans se prendre au sérieux, sans cesser d’intriguer un petit monde qui ne va pas tarder à admettre que le PSG est un vaccin prêt à inoculer seulement de l’enthousiasme. » Paris ne se lassera donc jamais d’en vouloir à son PSG. De le regarder monter, puis descendre. Remonter, puis redescendre.

À lire : Ici, c’est Paris, de Thibault Leplat, aux éditions Solar

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Par Thibaud Leplat

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