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  • Décès Umberto Panini

Panini, une histoire italienne

par Lucas Duvernet-Coppola
Panini, une histoire italienne

Umberto Panini, le dernier des quatre frères à qui l’on doit les fameuses vignettes, est décédé il y a quelques semaines. Retour sur une saga familiale où l’on parle de boom économique, de collectionneurs, et de parmesan.

Ils étaient quatre frères. Giuseppe, Franco, Benito, et Umberto. Quatre frères, nés à cheval entre les années 20 et les années 30, à Modène, petite ville d’Émilie-Romagne. La mère, Olga, tient un kiosque place du Dôme. « La pauvreté est une bonne compagnie » , répète-t-elle souvent à ses fils. Mais Umberto, le plus jeune des quatre, n’a pas envie de déambuler toute sa vie entre les arcades de la ville, le Palais Ducale et le brouillard de la plaine padane. « En 1957, il décide de partir tenter sa chance au Venezuela, raconte aujourd’hui son fils Matteo. Il cherche du pétrole, dort dans les champs, fait le tour du pays en scooter » . Le voyage initiatique dure trois ans. Jusqu’à ce qu’arrive une lettre de Giuseppe : « Mon oncle lui a dit : « Reviens, l’Amérique est ici, pas là-bas » . Quelques jours plus tard, Olga prend également la plume : « N’oublie pas que nous voyons le même ciel et le même soleil que toi » . C’est le retour dans la ville natale, et c’est le début d’une grande aventure.

L’invention décisive d’Umberto

Si Giuseppe a demandé à son frère de revenir, c’est qu’il a eu une idée : à Milan, lui et Benito ont récupéré un lot de vieilles cartes invendues des éditions Nannina. Les deux frères placent les images dans des chocolats, puis dans les journaux. Triomphe en ville, triomphe dans la région. Giuseppe voit alors plus loin : donner aux vignettes une existence indépendante de tout autre objet, et en faire l’objet roi. Bingo. « Fort de ces succès, le premier album est sorti l’année d’après, en 1961, raconte aujourd’hui Fabrizio Melegari, directeur éditorial du département sport chez Panini » . En couverture, Niels Liedholm. « Giuseppe Panini le considérait comme le sportif idéal, correct, sportif, gentleman, un modèle de football propre » , continue Melegari. Les vignettes ne sont pas encore adhésives et sont attachées à l’album grâce à un petit tube de colle. Qu’importe : des millions de paquet de cartes s’arrachent. Deux ans plus tard, Franco et Umberto montent dans le bateau. Les quatre frères vont travailler ensemble, et unir leur force.

Giuseppe a l’imagination. Franco est chargé de l’administration. Benito s’occupe de la distribution. Umberto, lui, révolutionne l’entreprise familiale, en inventant au début des années 70, la fameuse Fifimatic, machine permettant de placer la carte Panini dans sa petite enveloppe. « À l’époque, l’Italie était un pays où l’on pouvait créer, construire, entreprendre, explique Matteo, le fils d’Umberto. Même si tu n’étais pas le plus compétent dans un domaine, tu pouvais essayer, il n’y avait pas autant d’obstacles bureaucratiques comme aujourd’hui. Mon père était mécanicien au départ, c’était sa passion, il était né avec un don. Sa spécialité, c’était les motocyclettes » . Les frères Panini participent au miracle économique et à cette dolce vita qui caractérise alors la Botte. Matteo : « Pour mon père et mes oncles, le travail n’avait pas comme seule finalité de satisfaire à ses besoins économiques : il fallait aussi être utile à la société » . De fait, à la grande époque, l’entreprise familiale emploie près de 400 personnes à Modène.


Plus branché volley que foot

Si le football permet à l’entreprise de décoller, les frères Panini ne sont pas, à proprement parler, des fanatiques de ballon rond. « Les frères étaient des supporters de Modène, mais ce n’étaient pas des supporters acharnés » , détaille Fabrizio Melegari. « Mon père n’était pas un grand amant du football, continue Matteo.Panini vivait en fait non pas de football, mais de moments. Il y a eu le football, puis des animaux, ou d’autres dessins plus tard » . En réalité, les frangins préfèrent le volley, au point de racheter l’équipe de volley de leur ville en 1966. C’est pourtant grâce au football que la firme peut grandir si vite. Les collectionneurs sont chaque année plus nombreux. « Dès la saison 1962-1963, la première légende métropolitaine voit le jour : la vignette de Luigi Pizzabella, le gardien de l’Atalanta, serait introuvable, rigole Melegari. Ces légendes participent du succès de nos vignettes. Pourtant, aucune vignette n’était réellement introuvable. D’ailleurs, nous avons un service dédié aux vignettes manquantes : quand un enfant n’arrivait pas à compléter sa collection car il lui manquait une ou deux vignettes, il pouvait nous appeler, nous écrire, et nous lui envoyions » . Les footballeurs eux aussi sont ravis. « Ma vignette est introuvable, mais sur le terrain, j’étais quand même plus ou moins là » , avait déclaré à l’époque Pizzabella. Quant à Gianluigi Buffon, à la question « De quoi êtes vous le plus fier dans votre carrière ? » d’un journaliste de la Gazzetta, il avait un jour répondu : « Avoir mon visage sur une vignette Panini » .

En 1974, Umberto crée une entreprise de parmesan biologique, Hombre. Les quatre frères laissent aussi la main. L’entreprise est vendue à différents investisseurs parfois étrangers, mais redevient italienne en 1999. Aujourd’hui, Panini emploie « environ 1 000 personnes dans le monde » , selon Fabrizio Melegari. Le siège principal est toujours à Modène, tout comme le kiosque, encore debout et ouvert, Corso Duomo. À la mort d’Umberto, Matteo a reçu les condoléances de Sepp Blatter en personne, signe de l’importance des petites vignettes dans le monde du football. Pour les petites cartes, cap maintenant sur la coupe du Monde et un album spécial. L’éditeur doit sélectionner les 23 joueurs des 32 sélections officielles. En Italie, cette première liste est toujours scrutée et commentée par la presse spécialisée. « Six ou sept mois avant les listes officiels, nous publions notre album. Nous choisissons les joueurs avec différents critères. En ce moment, l’un des joueurs italiens que nous suivons tout particulièrement pour savoir si nous allons le « convoquer » ou non, c’est Totti… » . L’affaire ferait sensation, et mettrait une certaine pression sur le sélectionneur. De là haut, Umberto et ses trois frangins apprécieront le spectacle.

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par Lucas Duvernet-Coppola

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