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Óscar Tabárez : putain, 10 ans !

Par Thomas Goubin
Óscar Tabárez : putain, 10 ans !

Actuellement, aucun sélectionneur ne dit mieux. Cela fait désormais dix ans qu'Oscar « El Maestro » Tabárez dirige l'Uruguay. Une longévité fruit d'un projet mûrement réfléchi et de résultats probants.

Mardi, à Barranquilla, il a pénétré sur la pelouse aidé de deux béquilles. Des soutiens vitaux pour un homme que l’on avait vu diriger des séances d’entraînement en fauteuil roulant lors de la dernière Copa América. À soixante-neuf ans, Óscar Tabárez ressemble à un homme qui vit son automne. Diminué. Le sélectionneur de la Céleste souffre d’une neuropathie chronique qui affecte sa motricité. Déjà, son corps l’avait mis au supplice lors de la précédente campagne éliminatoire. Malgré des douleurs à faire pleurer ce dur au mal, il avait toutefois attendu que l’Uruguay se qualifie pour la Coupe du monde au Brésil, avant de se faire opérer de la hanche, en décembre 2013. Pas du genre à lâcher la barre, l’obstination de Tabárez ne ressemble toutefois pas à celle d’un homme qui s’accroche au pouvoir, plutôt à celle d’un homme de devoir.

171 matchs à la tête de la Céleste

Cela fait désormais dix ans que l’ex-entraîneur de Boca Juniors, de l’AC Milan et de Cagliari dirige sans interruption la Céleste. Un record de longévité national. Au total, celui qui avait déjà cornaqué l’Uruguay, de 1988 à 1990, a dirigé 171 fois la sélection de son pays. Un record international, pour le coup. Cet été, Tabárez a ainsi effacé la marque historique de Sepp Herberger, sélectionneur de l’Allemagne de l’Ouest lors de 167 rencontres, de 1936 à 1942, et de 1950 à 1964. C’est une longévité d’un autre temps pour cet ex-professeur des écoles qui n’a toutefois rien d’un homme du passé. Bien au contraire. Avec El Maestro à sa tête, l’Uruguay, champion du monde en 1930 et 1950, est ainsi redevenu un acteur redouté du football international : demi-finaliste de la Coupe du monde 2010 et vainqueur de la Copa América 2011. Sa Céleste s’est aussi sortie du groupe de la mort, lors du Mondial 2014, en dominant Angleterre et Italie. Aggiornamento réussi.

Avec ou sans béquilles, Óscar Tabárez en impose. Ses résultats probants ne trouvent toutefois pas leur source dans un pouvoir charismatique à la Fatih Terim ou Otto Rehagel (neuf ans à la tête de la Grèce), plutôt dans un projet collectif qui a mûri lentement. En 2002, El Maestro se fait virer de Boca Juniors. Il décide alors de ne plus « entraîner pour entraîner » . Quatre ans plus tard, quand il fait son retour aux affaires, à la tête de la Céleste, il présente un « projet d’institutionnalisation des processus des sélections nationales et de la formation de ses footballeurs » . Derrière cet intitulé de mémoire de STAPS, c’est une révolution culturelle que va initier El Maestro. Tabárez n’accepte ainsi le poste qu’à condition d’être en charge, avec son staff, de l’ensemble des sélections, des U15 aux A. Le sélectionneur, finaliste de la Copa América 1989, ne dirige toutefois pas directement toutes les catégories de jeunes, mais il est présent au quotidien dans les installations de l’AUF (association uruguayenne de football), où il supervise, corrige, échange. « Nous ne misons pas sur un schéma commun, mais sur l’enseignement de principes de jeu communs, nous déclarait-il en 2011, on apprend à jouer à trois ou quatre derrière, et avec deux ou trois ou un seul attaquant(…), il faut travailler des détails, comme le pressing(…): on travaille la course d’approche, les mouvements à faire selon le secteur où se trouve le ballon. » Dans un pays de trois millions et demi d’habitants à la culture foot aussi grande que son réservoir est infime, Tabárez veut donner le maximum d’outils aux promesses du terroir afin de favoriser leur réussite professionnelle.

L’exemple José María Giménez

Dotés d’un corpus commun, il n’est alors pas étonnant que les jeunes Uruguayens parviennent à s’imposer sans difficulté une fois appelés chez les A. On pense ainsi à Sebastián Coates, qui n’avait disputé qu’un match amical avec la Céleste, avant de s’imposer comme titulaire lors de la Copa América 2011, remportée par son pays. À la Coupe du monde 2014, c’est José María Giménez qui s’était fondu instantanément dans le collectif pour pallier le forfait de Diego Lugano, face à l’Angleterre. À dix-neuf ans, Giménez prenait certes place aux côtés de Diego Godín, qui est aussi son coéquipier à l’Atlético de Madrid, mais il n’avait disputé qu’un bout de match de Liga cette saison. Le travail effectué en amont par l’équipe de Tabárez n’avait pas pu le pénaliser au moment de faire ses grands débuts lors d’un match capital pour la survie de la Céleste en Coupe du monde. Avec Tabárez à sa tête, l’Uruguay ne s’est plus contenté d’attendre l’éclosion d’une génération spontanée. Et son travail avec les sélections de jeunes, vital pour le futur des A, a aussi donné des résultats probants et inédits, comme cette finale des U17 lors de la Coupe du monde 2011, ou celle des U20 en 2013, face à la France de Paul Pogba.

Bien entendu, le renouveau de la sélection ne peut être imputé uniquement au projet Tabárez. L’avènement de joueurs hors pair comme Luis Suárez ou Diego Godín a ainsi évidemment aidé El Maestro dans son œuvre. Sans son pistolero, l’Uruguay, malgré toute sa garra et la cohérence de son projet de sélections, se montre trop souvent inoffensive. Lors de la dernière Copa América, elle a ainsi été sortie au premier tour. Touché à la cuisse droite, l’avant-centre blaugrana n’avait pu participer à la compétition. En 2010, c’est Diego Forlán qui avait été l’homme providentiel de la Céleste, au point d’être élu meilleur joueur de la Coupe du monde. Mais cet épanouissement devait aussi beaucoup à un replacement de dernière minute effectué par Tabárez. Ce dernier avait alors demandé à Boucle d’or de décrocher davantage, pour évoluer en neuf et demi, voire en dix. Mais c’est dans un contexte collectif parfaitement huilé qu’il s’est épanoui.

Tabárez n’est pas seulement un excellent professeur, mais aussi un stratège redouté, qui sait bouger ses pions selon l’adversaire. Mardi, l’Uruguay s’est ainsi montré particulièrement prudent face à la Colombie. Dans la chaleur humide de Barranquilla, la Céleste avait pris douze buts pour aucun marqué en trois matchs éliminatoires. Cette fois, elle a ramené un nul valeureux (2-2) qui lui permet de pointer à la deuxième place de la zone Amérique du Sud, dont elle occupait même la tête avant cette rencontre et la victoire du Brésil au Venezuela (0-2). Alors que le premier match de la phase retour vient de se disputer, l’Uruguay se trouve dans une position confortable. À tel point que tout indique que les Charruas ne devraient pas, cette fois, passer par les barrages – une coutume pourtant ancrée – pour se qualifier. Tabárez peine désormais à marcher, mais sa Céleste continue d’avancer.

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