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Mourinho a un plan
Ce soir à Gerland (20h45), Lyon reçoit le Real Madrid pour une revanche de l'an passé en 8e de finale déjà. Et pour vaincre le signe indien, José Mourinho n'a rien laissé au hasard. Mais sera-ce suffisant ?
Lyonnais, méfiez-vous ! Mais alors méfiez-vous vraiment ! Dans quelques heures, le Real Madrid se pointe à Gerland et il y a quelques chose de changé. Un petit truc dans le regard, dans les attitudes d’avant-match qui laisse penser que l’arrogance passée a laissé place à une détermination terrible d’en finir avec cet écueil des huitièmes de finale que le Real ne passe plus depuis 2005, une gabegie pour le recordman de victoires en C1 (9). En finir aussi, surtout même, avec cette fatalité quand il croise la route de l’Olympique Lyonnais qu’à la fin, ce sont toujours les Français qui gagnent (3 victoires et 3 nuls). Pas pour rien en même temps que l’OL soit si souvent considéré comme une sorte de Bayern Munich hexagonal. Oui, cette fois, le Real paraît ne rien avoir laissé au hasard. Et n’en sera, du coup, qu’infiniment plus dur à battre.
Zidane en totem
Le dispositif a d’ailleurs commencé dès la conférence de presse. D’ordinaire, José Mourinho n’est jamais avare d’un petit numéro de provoc’, d’intox made in Special One. Lundi après-midi, rien, pas une vanne, pas un bon mot, pas le moindre regard enjôleur ou frondeur. Le but de la manœuvre est évident : ne surtout pas donner le moindre signal à ses propres troupes d’un retour à la condescendance qui a si souvent nui à ce Real lors des échéances européennes dans son histoire récente. Mourinho, regard neutre, survêt’ un peu merdique, a presqu’été chiant et s’est même privé d’une de ses gourmandises habituelles : annoncer son équipe du lendemain. D’ordinaire, le Portugais n’hésite pas à lâcher l’info sur un air de « Allez viens me chercher, tu vas faire quoi d’façon ? » à l’attention de son adversaire. Là, pas un mot : « Je suis le seul à connaître mon équipe de mardi, même les joueurs ne sont pas au courant » . Enfin, les joueurs sur la sellette, s’entend. Et puis lors de cette fameuse conf’, il n’aura échappé à personne la présence de Zinedine Zidane. Pour dire quoi au juste ? Rien de bien intéressant car on ne fera pas croire que Zizou a appris quoi que ce soit à Mourinho sur l’OL, mais sincèrement l’objectif était ailleurs. Il était même double. En interne, afficher enfin l’union sacrée.
Cet hiver, Mourinho a eu la peau de José Valdano (directeur sportif) sur fond de mercato. Un bras de fer essentiel pour le gars de Setubal (et qui devrait surtout porter ses fruits l’été prochain quand il donnera vraiment libre cours à ses idées sur le marché des transferts pour véritablement bâtir son équipe) mais qui a laissé des traces dans l’organigramme de la Maison Blanche. Et forcément, en fin politicien, le Mou dégaine ZZ, l’homme du consensus à Madrid. D’autant que, et c’est là l’autre sens de la présence totémique du Ballon d’Or 1998, s’afficher avec Zidane en France n’est pas anodin quand on considère la fascination qu’exerce encore l’ancien meneur des Bleus ici. Sans prétendre que ce sera déterminant, c’est toujours bon à prendre. On le voit, Mourinho n’a rien laissé au hasard.
Benzema, trop loin des canons mourinhesques
Et forcément, devant pareille méticulosité d’avant-match, on se doute bien que sur le pré, le mentor du Real a concocté un plan aux petits oignons. Déjà parce qu’on ne se refait pas et que le bonhomme ne sait pas arriver en dilettante, une mauvaise manière de sa nouvelle paroisse. Ensuite parce que si ça fait marrer chez nous, il faut bien se rendre compte que Lyon est infiniment respecté et même un peu craint aux quatre coins de l’Europe. Pas un épouvantail façon Barcelone ou Manchester United mais une valeur très sûre en Europe puisque le club rhodanien est le plus constant à ce rendez-vous avec Arsenal et… le Real. Entre gens assidus, on se comprend. Donc doublement, ne pas compter sur Mourinho pour aligner une équipe de gala. Non, plutôt un bon 4-3-3 avec une première ligne de trois (Khedira, Xabi Alonso, Lassana Diarra vraisemblablement) totalement dédiée à la récupération et au pressing à l’étouffé.
La titularisation probable d’Adebayor va aussi dans ce sens : de la puissance, de l’impact, de la taille (une faiblesse lyonnaise) et surtout de la présence dans la boîte, soit un package que ne lui propose aucunement Karim Benzema, un peu trop joueur d’évitement selon les canons mourinhesques. L’idée directrice est finalement assez limpide pour Madrid : revenir en vie de Lyon, ce qu’il n’a jamais su faire par le passé (trois visites, trois défaites) en sachant qu’à l’inverse, l’OL ne s’est jamais imposé à Bernabeu (trois nuls). Oui, ce bon José a beau dire que « le passé ne compte pas » , il y a jeté un petit coup d’œil quand même. C’est dire l’importance capitale de ce rendez-vous. C’est dire surtout le respect que suscite Lyon. Car le plus beau dans tout ça, c’est que malgré les millions, malgré le talent individuel merengue, malgré Mourinho en personne, rien ne dit que cela suffira. C’est tout le charme de la Ligue des Champions. Mieux : c’est tout le charme de l’Olympique Lyonnais en Ligue des Champions. Et, plus que quiconque, le Real le sait…
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