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Pourquoi Manchester United – Liverpool est-il le meilleur derby d’Angleterre ?

par Mathieu Faure
Pourquoi Manchester United – Liverpool est-il le meilleur derby d’Angleterre ?

Dans un championnat qui compte six clubs londoniens, deux clubs mancuniens et un couple de liverpuldiens, le meilleur derby oppose pourtant deux équipes qui n'habitent pas dans la même bourgade. MUFC-LFC, c'est un peu l'histoire de l'Angleterre qui se (re)joue. The best of the best, quoi. Et sans Eric Roberts au générique.

– Parce que Patrice Évra et Luis Suárez

Un derby vaut le détour par ses rivalités, ses insultes, ses colères. Lors de United – Liverpool, pas besoin de 50 bonshommes pour faire monter la sauce. Wayne Rooney est né à Liverpool, formé à Everton avant d’exploser à United. Personne ne s’en offusque. Steven Gerrard s’est toujours fait un plaisir de s’amuser avec la défense des Red Devils. C’est le jeu. Non, la rivalité existe encore aujourd’hui grâce à Patrice Évra et Luis Suárez. Le latéral gauche est un joueur français, comprendre un mec qui parle de lui à la troisième personne. L’Uruguayen est un joueur complet, comprendre un type qui se sert de ses pieds et de ses mains. Leur point commun ? Ils sont très en forme. Leur autre point commun ? Ils se détestent depuis que l’attaquant s’est permis d’insulter la couleur de peau du défenseur avant de refuser de lui serrer la main le match suivant. Le genre d’inimitié qui peut faire basculer un simple match de football en règlement de comptes. PAR-FAIT, les deux seront titulaires cet après-midi.

– Parce que le perchoir

« Nous allons faire descendre Liverpool de son putain de perchoir. » Quand Alex Ferguson, pas encore Sir, arrive à Manchester en 1986, il n’a qu’une envie, doubler la plus grande équipe anglaise de l’Histoire. À cette époque, les Reds comptent 16 titres de champion d’Angleterre contre seulement 7 à United. Aujourd’hui, MUFC en compte 19 et Liverpool 18, dont le dernier remonte à 1990. On est en face de deux institutions. Deux mythes. Deux équipes ayant régné sur leur pays, l’Europe et même dans la rue à travers leurs lads à des époques différentes. Des escouades complètes, en somme. Alors forcément, quand les deux plus beaux palmarès du pays se trouvent dans un rayon de 50 bornes, ça fait des étincelles. Et si Liverpool peut empêcher son encombrant voisin d’aller en chercher un vingtième, c’est toujours ça de pris.

– Parce que les drames ont laissé des traces

6 février 1958, United vient de valider un bon match nul à Belgrade (3-3) et tente de rallier le pays via Munich. Il neige et l’avion des Mancuniens se mange dès le décollage. Dans le chaos ambiant, on va dénombrer sept morts et plusieurs blessés graves. Parmi les victimes, l’étoile montante Duncan Edwards, qui rendra l’âme quinze jours après le drame. Le genre de chose qui vous brise un club. Et marque à jamais. Une horloge affichant l’heure et la date de l’accident est d’ailleurs figée à Old Trafford. Hasard ou coïncidence, Liverpool a également connu son jour de deuil. 1989, demi-finale de Cup à Sheffleid entre les Reds et Nottigham Forest. À la suite d’un mouvement de foule et à l’intervention tardive des forces de l’ordre, 96 personnes trouvent la mort dans le vétuste stade d’Hillsborough. Parmi les victimes, le cousin de Steven Gerrard, Jon-Paul Gilhooley. Un drame pour lequel le gouvernement britannique ne s’est excusé qu’en septembre dernier. Le destin a décidé de lier ces deux clubs par la fatalité.

– Parce que le football n’a rien oublié

1959, Francis Heaulme pousse ses premiers cris et le monde moderne n’est pas encore ce qu’il est. Quelque part dans le Nord de l’Angleterre, Tom Williams, le Président de Liverpool, se cherche un nouveau coach alors que son équipe s’ennuie en deuxième division. Williams demande alors à Bill Shankly, à cette époque sur le banc d’Huddersfiled, s’il souhaite « entraîner la meilleure équipe du pays » . Shankly dégaine sa réplique : « Pourquoi, Matt Busby a démissionné de Manchester United ? » Au-delà de la plaisanterie qui montre à quel point les deux clubs sont proches et déjà rivaux, il suffit de se pencher sur les mecs ayant été transférés d’une équipe à l’autre. Ils se comptent sur les doigts de deux mains : Tom Miller (en 1920), Tommy Reid (1929), Ted Savage (1938), Allenby Chilton (1938) et Tom Chorlton (1912) ont d’abord fait vibrer les Reds avant de s’endiabler quand John Sheldon (1913), Fred Hopkin (1921), Tommy McNulty (1954) et Phil Chisnall (1964) ont fait le chemin inverse. C’est peu. En 2007, Gabriel Heinze était d’ailleurs à deux crampons de rallier Anfield avant que les fans des camps ne poussent une gueulante. Finalement, l’Argentin prendra le premier vol pour Madrid.

– Parce que l’histoire

Le football est le reflet de la société. Un postulat aussi bête qu’efficace. Avant l’apparition des deux clubs, les deux villes se détestaient déjà. Pour comprendre l’animosité qui existe, il faut prendre la DeLorean du Doc et remonter au XVIIIe siècle. À cette époque, le Royaume-Uni a fait du monde libre sa chose. Liverpool est l’une des principales villes portuaires du Vieux Continent. En ce temps, le patron était celui qui maîtrisait le commerce du coton. À ce jeu, Liverpool est en avance sur Manchester? qui n’a pas d’accès direct à la mer. Les choses vont se rééquilibrer avec la révolution industrielle et la prolifération des ateliers au cœur de Manchester. En gros, on produit à Manchester et la came transite par Liverpool. Des mecs y voient un moyen de se faire un max de blé et décident de taxer les produits qui passent par Liverpool à destination de Manchester. Ça gueule et les patrons mancuniens se décident à construire le Manchester Ship Canal afin de permettre aux bateaux d’arriver directement à Salford sans passer par Liverpool et, ainsi, éviter les taxes. Le canal est inauguré en 1894. C’est officiel, les deux villes se détestent. Une logique que confirmera au milieu des années 90 le génial milieu de terrain des Red Devils Lee Sharpe en affirmant que la rivalité dépasse le cadre du football. « Nous avons là deux villes, deux histoires incroyables et deux clubs persuadés d’être les meilleurs du monde. Il y a donc beaucoup de fierté en jeu. »

C’est fait : Johan Cruyff à Barcelone !

par Mathieu Faure

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