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Nîmes Olympique : itinéraire d’une descente aux enfers

Par Guillaume Navarro
Nîmes Olympique : itinéraire d’une descente aux enfers

Excité par l'arrivée d'un nouveau président en avril 2014, les Nîmois sont en train de déchanter, sportivement, et en coulisses. Au centre des tracas, de forts soupçons de matchs arrangés. Retour sur un gros semestre de mauvaise nage pour les Crocodiles.

Le Nîmes Olympique est en plein cauchemar. Soupçonné de « corruption active et passive dans le cadre de manifestations sportives » , le président du club de Ligue 2 a été placé en garde à vue mardi 18 novembre au matin. Jean-Marc Conrad est suspecté d’avoir « arrangé » des matchs en fin de saison dernière afin de sauver le club de la relégation en National. Serge Kasparian, actionnaire du club et également impliqué, est déjà incarcéré depuis le 16 octobre pour une affaire relative au monde du jeu. Des écoutes téléphoniques initialement liées à cette histoire ont éveillé les soupçons du Service central des courses et jeux de la Direction centrale de la police judiciaire. Plusieurs matchs du club sont dans le collimateur : des déplacements à Bastia, à Dijon, à Angers, Créteil et surtout à Caen. Ce match avait déjà fait jaser : un match nul assurait la montée en L1 des Normands et le maintien en L2 des Gardois. Plus que le résultat final (1-1) – un score déjà acquis à la mi-temps –, le scénario de la seconde période intrigue : passes latérales, aucune attaque, une parodie de football. Nîmes se maintient en Ligue 2 et la nouvelle direction peut enfin attaquer la reconstruction du club. Mais six mois plus tard, le Nîmes Olympique passe du rire aux larmes… de crocodile.

Sous le soleil de Bodega

Flashback. Jean-Marc Conrad débarque à la tête du Nîmes Olympique le 9 avril 2014. Le quinquagénaire est un touche-à-tout. D’abord agent immobilier au début des années 2000, il devient ensuite PDG du groupe de presse gratuite immobilière Immoxia, avant de passer par la politique dans le Vaucluse. Puis se lance dans le foot. Il propulse Arles-Avignon du National à la L1 et, après avoir cédé sa place à Marcel Salerno, se rabat sur le Pontet en CFA. Mais, ambitieux et combatif, le natif de Metz lorgne sur le club gardois depuis plusieurs années. Quelques jours après son cinquantième anniversaire, la consécration arrive enfin : « Le Nîmes Olympique, c’est un monument. C’est un honneur de reprendre le club. » Les Crocos, aux portes du National, ça ne lui fait pas peur. Ni aux deux actionnaires qui l’accompagnent. Le premier s’appelle Rani Assaf. Son nom est quasi inconnu, son visage aussi. Il s’agit pourtant du bras droit de Xavier Niel, qui a inventé la Freebox et pèse 135 millions d’euros. Le second est Serge Kasparian. Dirigeant d’un cercle de jeu parisien, le Cercle Cadet, il détient la majorité avec Jean-Marc Conrad. Le discours est neuf et, surtout, les têtes ont changé. L’espoir renaît chez les supporters nîmois. Pendant 12 ans, le club a été géré comme un gentil club familial par Jean-Louis Gazeau. Une période durant laquelle une demi-finale de Coupe de France en 2005 et un derby victorieux contre le voisin montpelliérain en 2009 cachent difficilement les aller-retour en National et les déboires extra-sportifs à répétition. Toutefois, personne ne peut retirer le point suivant au président Gazeau : la bonne santé financière du club. Mais les supporters se lassent du manque d’ambition de la direction. L’arrivée du nouveau board enchante. Le maintien acquis dans la douleur, l’ère Conrad commence véritablement le 8 juin, pendant la Feria de Nîmes. Quelle meilleure occasion pour frapper les esprits ? Afin de présenter son projet aux Nîmois, il convie un parterre de VIP et de journalistes dans la bodega la plus réputée de la ville. Accompagné du Gardois Jean-Jacques Bourdin, nouveau parrain du club, Conrad fait le show et des promesses : construire une équipe de guerriers comme à l’époque de Jean Bouin, replacer les supporters au centre des débats, créer une école internationale pour accueillir les jeunes joueurs étrangers, réimplanter le club dans la vie locale, reconquérir le cœur des Nîmois, et évidemment… retrouver la L1. Il incarne celui que tout le monde attendait depuis des années pour redonner du prestige à ce club historique.

Tout le monde descend

Seulement, l’enchantement est de courte durée. Conrad doit faire face à la réalité du terrain, pas glorieuse. Le 27 mai, le budget du club est retoqué par la DNCG pour manque de garanties et le club est d’abord rétrogradé en National à titre conservatoire. La commission d’appel de la DNCG clôt l’incident en réintégrant le club en Ligue 2. Puis les péripéties s’enchaînent. À la veille de la reprise fin juin, l’entraîneur du maintien René Marsiglia est licencié. Conrad ne se défile pas : « On n’était pas du tout en accord. Quand on voit que les deux parties ne peuvent pas s’entendre, mieux vaut stopper la collaboration. » Il faudra se contenter de ça. Ce départ se conjugue à ceux de joueurs cadres, comme Cyrille Merville et Vincent Gragnic, voire emblématiques, comme le capitaine Benoît Poulain, formé au club et coqueluche des Costières. L’incompréhension s’installe. Se voulant rassurante, la direction annonce que les arrivées de Kris Boyd et César Arzo sont conclues « à 90% » . Mais ils n’arriveront jamais. Pire, le contrat de l’Argentin Joaquín Galvan, considéré comme un des meilleurs joueurs du championnat israélien, n’est pas homologué. À peine arrivé, déjà reparti. « C’est un camouflet » , assume le président. Pour combler le vide, le club engage une horde de joueurs du Pontet, l’ancien club de Conrad, dont le fils de Kasparian comme 3e gardien. Plus tard, le Midi Libre révèle une affaire embarrassante : le club aurait eu l’intention de vendre le domaine de la Bastide, centre d’entraînement et seul actif du club, à Rani Assaf. Ce projet serait à l’origine du retoquage du budget. Conrad accuse la presse locale de vouloir casser du sucre sur le dos du club pour vendre du papier et tient à expliquer tous les points litigieux dans une lettre ouverte. Selon lui, le budget aurait été retoqué en raison des errements de la gestion Gazeau, ce qui aurait gêné le recrutement d’Arzo et Boyd. Pour Galvan, le conflit au Proche-Orient aurait retardé l’envoi du certificat international de transfert (CIT) en provenance d’Israël. Enfin, il dément catégoriquement son intention de vendre le centre d’entraînement, en ajoutant même qu’il voulait acquérir le reste du domaine de la Bastide. Le président avoue qu’il a repris un club en chantier et qu’il repart de zéro. Il demande de la patience aux supporters et réaffirme son souhait de monter en Ligue 1. La saison commence à peine que le club est déjà tourmenté. Sur le terrain, l’équipe nîmoise, largement remaniée à l’intersaison, fait une entrée fracassante. Le meilleur début de saison depuis de nombreuses années. De quoi rassurer les supporters, et donner du crédit à la nouvelle direction.

Rien ne va plus

Mais l’embellie est de courte durée. La baisse de régime de l’équipe coïncide avec une nouvelle fracassante. Le 16 octobre, Serge Kasparian est placé en détention dans le cadre d’une enquête concernant son cercle de jeu Cadet. Il est accusé de blanchiment en bande organisée, d’abus de confiance, de travail dissimulé et d’abus de biens sociaux par le parquet de Paris. Cette nouvelle ébranle le Nîmes Olympique. En plus de l’actionnariat de Kasparian, le Cercle Cadet figure parmi les sponsors du NO. Dans un entretien accordé au Midi Libre, le président croco se dit « surpris » , mais se dédouane de toute implication dans cette affaire : « Je ne suis pas responsable des agissements des actionnaires de Nîmes Olympique. Cela n’a aucun lien avec le club. » Mais il ne s’en cache pas, « cela va impacter les recettes commerciales. On travaille pour le remplacer » . Il n’occulte pas la possibilité de « renforcer les fonds propres » s’il n’a pas le choix. Depuis, le logo du cercle de jeu n’apparaît plus sur le maillot et le club a signé un contrat avec Technitoit qui « va combler le manque à gagner à hauteur d’un tiers » . Le Nîmes Olympique n’a pas d’autres choix que de surmonter l’épreuve, et de se concentrer sur le terrain. Les résultats sont laborieux, mais les dirigeants sont confiants. Ils visent les 25 points à la trêve.

Mais ce mardi 18 novembre, le Nîmes Olympique quitte une nouvelle fois les pages sportives. Le club aurait acheté son maintien en Ligue 2. Placé en garde à vue, Jean-Marc Conrad est toujours interrogé par les enquêteurs. Serge Kasparian a également été sorti de prison pour être entendu. Les éléments sont accablants pour les deux hommes. Les écoutes téléphoniques publiées par le Canard Enchaîné mercredi révèlent leurs mauvaises intentions. Des langues commencent à se délier dans le monde du football français : le président nîmois n’en serait pas à son coup d’essai. Déjà à Arles-Avignon, il aurait incité des joueurs adverses à lever le pied en échange de faveur pour favoriser la montée en L2. De son côté, Frédéric Thiriez a menacé que « si des faits de corruption, de trucage, d’arrangements ou même de simples tentatives sont avérés, les instances de la LFP prendront les sanctions disciplinaires ou administratives, individuelles ou collectives, qui s’imposent avec la plus grande fermeté » . Le passage du Nîmes Olympique devant la DNCG le 27 novembre prochain s’annonce crucial. Du côté de Nîmes, la fin des gardes à vue est attendue de pied ferme. L’inquiétude est sur toutes les lèvres. Les Nîmois commencent même à envisager la mort de leur club de cœur. Une page Facebook a été créée par un fan pour rassembler tous les supporters meurtris. Elle s’intitule « Pour que vive le Nîmes Olympique » . C’est mal barré.

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