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Milan est triste, mais ne pleure pas

Par Markus Kaufmann
Milan est triste, mais ne pleure pas

Nous sommes en mai 2007, et les deux milanaises sont aussi belles l'une que l'autre. La noir et bleu règne sur l'Italie, la noir et rouge domine l'Europe. Roberto Mancini est la tête de la première, Pippo Inzaghi est le bout du pied de la seconde. Aujourd'hui, le panorama a été complètement bouleversé, et les deux plus belles femmes de la Botte sont contraintes à ne plus se montrer sur la glorieuse scène européenne. Parce que la beauté ne peut être immortelle, Milan est triste. Mais la capitale de la mode sait mieux que personne à quel point tout peut changer d'une saison à l'autre. Alors, elle ne pleure pas.

L’an passé, les deux derbys avaient dévoilé une vérité qui fait mal aux oreilles d’une Lombardie qui aime tant les belles réussites : Inter et Milan sont devenus médiocres. Une victoire interista à l’agonie sur un coup de talon inespéré de Palacio, et une revanche milanista sans enjeu (ni jeu) sur un coup de tête tout aussi inespéré de De Jong. Cette saison, après onze journées, Milan est septième et l’Inter est neuvième. Du côté optimiste, les deux clubs ne se trouvent « qu’à » quatre et cinq points d’une troisième place très courtisée. Du côté réaliste, le monde entier ne peut s’empêcher de regarder les deux Lombardes avec les yeux de celui qui plaint deux femmes à la beauté passée. Alberto Zaccheroni, qui a entraîné les deux clubs, a fait un constat d’une profonde tristesse : « L’équipe qui parviendra à cacher ses défauts gagnera le derby. » Le grand Derby della Madonnina devrait donc se résoudre au lifting ? Sans Alex, ni Abate, ni Bonera, Inzaghi devra faire confiance à un quatuor surprise : Rami-Zapata-Mexès-De Sciglio. Et en l’absence du métronome De Jong, il recevra l’Inter avec un milieu Essien-Muntari que même le Ghana n’utiliserait pas.

En face, l’Inter aussi marche dans le noir. La défense à quatre est toute nouvelle, et en l’absence de Medel, c’est M’Vila qui sera lancé dans le grand bain. Devant, Sheva a beau croire en Fernando Torres, San Siro attend surtout le retour d’El Sharaawy et, pourquoi pas, la folie de Ménez. Mis à part les cas De Sciglio et Bonaventura, ce Milan est une équipe de gloires passées, vieux revanchards et talents polémiques dirigés par un jeune entraîneur très prometteur. Le cas intériste est différent. Samir Handanović (qui reste sur cinq penaltys arrêtés d’affilée) fait partie des meilleurs, tout comme Medel et Palacio, et Icardi est indéniablement sur le chemin des plus grands. Mais le reste est fait d’individualités qui n’ont jamais confirmé leurs promesses (Guarín, Hernanes, Ranocchia…) et qui ont donc ralenti la progression déjà très lente du collectif. Tactiquement, le duel reste fascinant avec un Inzaghi en 4-2-3-1 et 4-4-1-1 en phase défensive (El Sharaawy et Bonaventura sur les côtés), et une Inter en 4-3-1-2 qui pourrait évoluer en 4-2-3-1 (Guarín-Kova-Palacio sur la même ligne).

La grinta de Pippo Inzaghi

Cette semaine, Marco Materazzi a dit avoir entendu que « quelques joueurs n’étaient pas heureux sous le commandement de Seedorf, et avaient demandé du changement » . Et le changement a un grand nom : Pippo Inzaghi. Avant d’être un entraîneur très prometteur, Pippo est un homme de sourires, de joies, de célébrations. Pippo, plus qu’un homme, est un personnage. Et un personnage séduisant, sachant réunir milanais et milanaises. Pippo a toujours eu cette capacité à transformer un centre anonyme en un but célèbre, et les Rossoneri comptent sur lui pour transformer un effectif moyen en équipe gagnante. Cet entraîneur qui a l’ADN du Milan dans ses veines, c’est celui qui répète en conférence de presse qu’ « un derby ne se joue pas, il se gagne » et « nous irons à l’attaque car nous jouons chez nous. »

Sheva analyse dans la Gazzetta : « Il est enthousiaste et agité, toujours en mouvement, comme le joueur qu’il était. Il n’a pas l’expérience de Mancini, mais il a la grinta et la fraîcheur. » Finalement, ce Milan est celui de toujours : optimiste, sûr de sa force, berlusconien et toujours prêt pour renaître de ses cendres, ne serait-ce que pour une belle soirée. « Autour de moi, je vois une équipe qui me suit, des dirigeants présents et des tifosi qui comprennent nos efforts. (…) Berlusconi est très affectueux et respectueux, il nous donne beaucoup de conseils. C’est beau qu’il soit venu nous voir cette semaine malgré ses problèmes de santé. C’est une arme supplémentaire. » Interviewé aussi par la Gazzetta, Torres en remet une couche : « Je n’avais jamais vu un président aussi intéressé par ce qui se passe sur le terrain. Il me donne des conseils sur comment un attaquant doit se placer par rapport aux milieux de terrain. » Si les diables connaissent ainsi par cœur l’architecture des grands rendez-vous, Berlusconi n’a pas réussi toutes ses revanches politiques, et il serait dangereux de trop suivre la même courbe que sa carrière politique…

L’enthousiasme de Roby Mancini

Si Roberto Mancini et le licenciement de Walter Mazzarri ont coûté très cher à l’Inter, il se dit que l’enthousiasme n’a pas de prix dans le football. « S’il n’y a pas d’enthousiasme, c’est difficile de faire les choses bien et de tout donner » , a dit l’entraîneur originaire de Jesi en conférence de presse. En quelques jours, Mancini a déjà réussi un dribble très compliqué : redonner le sourire à des tifosi en pleine crise de confiance. Kovačić confirme : « On voit tout de suite, même par sa façon de parler, qu’il a entraîné à très haut niveau. Il a du charisme, et on est tous très enthousiastes après les premiers entraînements. » Devant la presse, dans un costume magnifique, Mancini a préféré montrer les solutions plutôt que les problèmes. Sous Mazzarri, Guarín et Hernanes étaient des soucis car ils n’aidaient pas l’équipe en phase défensive. Pour Mancini, « ces deux joueurs seront très importants car ce sont des milieux qui savent marquer beaucoup de buts » .

Même discours sur Kovačić : du « il doit encore grandir » de Mazzarri, on est passé au « ce joueur sait tout faire » du Mancio. Et quand il a fallu parler sérieusement des objectifs envisageables, Mancini a donné une leçon de gestion de grande équipe à Mazzarri, pour qui la troisième place semblait être une lointaine utopie. « Moi, je ne suis pas habitué à devoir lutter seulement pour la troisième place, ça me démoralise un peu. Donc on va attendre un peu avant d’accorder de l’importance au classement. » Là, Mancini a fait sous-entendre que la C1 était le minimum. Et si les joueurs devront maintenant répondre en conséquence sur le terrain, le Mister a le mérite d’avoir réussi à faire passer le message, quitte à paraître très optimiste. Avant de gagner des points, l’Inter avait besoin de foi. Le changement suffira-t-il ? La parole est au terrain.

Charme et belles couleurs

En pleine crise, Shevchenko vient à la rescousse comme au début des années 2000 : « Vous avez déjà vu un électrocardiogramme ? Les battements du cœur font comme ça : au-dessus, en dessous, etc. La vie est faite ainsi, et celle des clubs de football aussi. » Convaincant ? Capitale de la mode, Milan a élevé San Siro dans le ciel, adulé Paolo Maldini et Javier Zanetti pour leurs exploits autant que pour leur élégance, et vu naître une infinité d’histoires de self-made-men à la milanaise. Entre la beauté et le charme, Milan choisira toujours la beauté. Très loin dans le charmant quartier d’Avellaneda à Buenos Aires, Diego Milito en a parlé cette semaine à la Gazzetta : « Dans certains endroits, l’histoire exige que tu gagnes, rapidement et le plus possible. » Implacable et froide, Milan ne sait pas vivre de son passé ni de ses belles couleurs. Pas de place pour la médiocrité.

Mais il ne faut pas oublier que la cité milanaise a l’habitude de la pluie, de la boue et des semaines de ciel gris. Toute proche des Alpes, pas si loin de l’Autriche, la froide Lombardie sait que le vent peut vite souffler dans les deux sens. Pour Torres, « le grand Milan reviendra parce que les grands joueurs veulent les grandes équipes et que les grandes équipes sont celles qui ont une grande histoire » . Après tout, même si le ciel se noircit dangereusement en ce début d’hiver, certaines choses restent éternelles, du marocchino à l’ossobuco. À la recherche de prouesses vintage, l’Inter et le Milan se réjouiront tout de même du grand retour des tambours de chaque côté des tribunes, interdits sans raison depuis 2007. Face à la tristesse, la mélancolie, les espoirs déchus et la dure réalité, voilà le derby. Alors on danse ?

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Par Markus Kaufmann

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