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Les leçons tactiques de Portugal-France

Par Markus Kaufmann
Les leçons tactiques de Portugal-France

À neuf mois du début de l'Euro 2016, le compte à rebours est définitivement lancé pour Didier Deschamps. Mais si neuf mois suffisent pour faire un beau bébé, il faut espérer que celui de cette équipe de France n'a pas été conçu hier soir à Lisbonne sur un coup franc de Mathieu Valbuena. Quoique.

Il y a peu de chance que ce vendredi 4 septembre s’installe confortablement dans les annales du football français comme une soirée fondatrice. Poussée à nouveau dans ce contexte amical empêchant l’analyse de l’aspect compétitif et donc du jeu à très haut niveau, l’équipe de France n’a pas donné beaucoup de réponses. Mais si les certitudes pourraient être plus nombreuses à ce niveau de la préparation, il faut souligner que les options envisageables pourraient aussi être bien plus maigres. L’équipe de France de Deschamps pourrait manquer de temps et de compétition à l’approche de l’Euro, mais elle ne devrait certainement pas manquer de talent et de possibilités tactiques, tant le sélectionneur français semble avoir le choix, à l’exception de la défense.

Une défense qui rassure, un petit succès qui fait du bien

Le contexte était très amical face à une sélection portugaise concentrée sur ses matchs de qualification. Mais toujours est-il qu’il fallait protéger les cages de Lloris face aux quelques assauts de la troupe de Cristiano. Évra et Sagna ont montré beaucoup de sérieux dans la gestion de leurs duels respectifs, tandis que Varane et Koscielny ont écarté tout danger dans l’axe. Le premier s’est montré impérial, le second a été rassurant et sûr de lui dans ses anticipations (7 interceptions). C’est certainement l’élément principal (et basique, oui) que Deschamps va retenir dans le contexte actuel de ses Bleus : la victoire. Aujourd’hui, peu importe si le Portugal n’avait qu’Eder à proposer aux avant-postes. Après avoir connu trois défaites en quatre rencontres en 2015 (1-0 en Albanie, 3-4 contre la Belgique, 1-3 contre le Brésil), l’équipe de France avait besoin d’un succès. Même par un but d’écart. Même 1-0. Même sur coup de pied arrêté. Surtout sur coup de pied arrêté. En gagnant ainsi, la France gagne en confiance. Et Deschamps connaît bien son importance : il sera crucial de savoir la préserver d’ici à juin prochain, lorsque la pression montera d’un cran.

Cabaye peu convaincant

Yohan Cabaye avait quitté l’Angleterre pour rejoindre Paris et ses projecteurs six mois avant le Mondial 2014. Un an et demi plus tard, le Français ne s’est pas imposé sous le commandement de Laurent Blanc et a même dû faire le chemin inverse par la petite porte, direction Crystal Palace. Peu importe, semble penser Deschamps, car Cabaye est encore titulaire en sélection. Pourtant, hier, la sentinelle s’est montrée une nouvelle fois fébrile sur deux aspects capitaux de son jeu. Le premier est le jeu long. Il aura suffi de dix minutes au droitier pour précipiter l’animation française dans une course à la profondeur perdue d’avance. Deux mauvais longs ballons mal exécutés et surtout mal pensés, en direction de Benzema et Fekir, comme deux occasions manquées de poser le jeu et gagner en maîtrise. Le second, lié par ailleurs au premier, est la prise de responsabilité.

En plein cœur d’une évolution qui semble vouloir donner toujours plus de liberté à un Pogba amené à jouer plus près du but et de la création, Cabaye devait alléger les tâches de son coéquipier. Mission ratée : il a suffi de dix minutes pour que Pogba comprenne l’urgence de la situation et vienne lui-même mettre de l’ordre à la relance. Aidé par Pogba et Varane, Cabaye n’a pas su dicter un rythme et a même semblé subir le petit pressing portugais. Par exemple, lorsque les Bleus ont déroulé leur première longue phase de possession haute à la 25e minute, Cabaye n’a pas su se montrer disponible pour participer à la manœuvre. Ainsi, le milieu n’a pas su faire vivre le jeu français avec suffisamment d’autonomie pour que Pogba soit le plus souvent possible en position de créer. Et derrière, la liste des prétendants au poste est longue : Schneiderlin, Coquelin, Gonalons, Kondogbia, Imbula…

L’animation offensive « à la Sissoko »

Pour mesurer la qualité du jeu produit par les deux équipes en première période, il suffit de s’intéresser à la statistique des longs ballons réussis/tentés par la formation prenant le plus soin de la balle, à savoir la France. Cabaye : 2/6. Pogba : 2/4 (il finira la rencontre à 6/9). Évra : 0/4. Koscielny : 0/3. Matuidi : 0/1. Seule la justesse de Varane (5/5) sauve le camp français. En matière de concrétisation, la France n’est pas plus performante : seulement deux tirs, tous les deux signés Matuidi. Pourtant, la création offensive française est rarement née dans les pieds du Parisien hier soir. Lors de la première demi-heure, c’est bien Sissoko qui, par l’intermédiaire d’exploits individuels isolés, a su faire bouger les siens. Les armes du milieu droit ne sont pas variées, mais elles sont efficaces : des courses verticales le long de la ligne ponctuées par des centres dangereux et des numéros individuels plutôt artistiques (petit pont sur une feinte de corps, ou encore ce superbe cross over sur Silva). À l’image de Matuidi, le joueur de Newcastle offre un profil très rare à Deschamps : un joueur à la verticalité inouïe qui présente une vraie discipline dans son placement offensif comme défensif. Seulement, est-il possible de développer un jeu fluide avec deux joueurs de ce profil ? Hier soir, Matuidi et Sissoko ont fonctionné sur courant alternatif : lorsque l’un s’allumait, l’autre s’éteignait. Et pendant ce temps-là, Cabaye avait besoin d’aide à l’élaboration…

Valbuena, encore indispensable ?

La phase créative est le secteur qui a été le moins exploré hier soir, fort logiquement. L’une des interrogations portées par ce schéma en 4-1-3-2 était Nabil Fekir : le Lyonnais pouvait-il à la fois donner une direction au jeu bleu (comme Giroud) et participer à l’élaboration pour libérer Benzema (comme Valbuena) ? Pas de réponse en dix minutes, tristement. L’attaquant a débuté la rencontre sur le côté droit, au large, et l’a finie sur le banc, blessé. Son remplaçant, Griezmann, s’est surtout montré très actif en seconde période, transformant souvent le schéma en 4-5-1. Bougeant en permanence entre les lignes, le joueur de l’Atlético a permis à la possession française de gagner en fluidité, même si ce « contrôle du jeu » a rarement dépassé un enchaînement de remises dans l’axe.

Un peu plus loin devant, Karim Benzema a fait un match de vrai numéro 9. Appelé à se battre avec la profondeur (et Pepe) dès les premiers instants de la rencontre, le Madrilène a couru, s’est battu, mais n’a pas pu montrer sa classe habituelle, trop rarement mis dans des conditions intéressantes. Et lorsqu’il a su enchaîner deux crochets consécutifs dans l’axe, il a été irrégulièrement arrêté par Danilo, décidé à transformer ce match amical en entraînement-sanction. Finalement, après l’entrée discrète de Martial, la lumière est venue du pied droit et des mouvements de Valbuena, encore une fois. La énième fois. À bientôt 31 ans, l’ex-Moscovite n’a pas dit son dernier mot. Ainsi, avec les garanties que présentent le trident Benzema-Griezmann-Valbuena et les intouchables Pogba et Matuidi, Deschamps va probablement consacrer ses trois prochains mois (cinq matchs) à la recherche d’un troisième milieu à placer idéalement devant la défense. La chasse est ouverte.

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Par Markus Kaufmann

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