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Le retour de la « horde sauvage » ?

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Le retour de la «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>horde sauvage<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>» ?

Un an après un 32ème de finale mouvementé aux abords du stade de Reims, où Montpellier était venu se faire éliminer de la coupe, le retour des ultras héraultais dans la région n’est pas forcément vu d’un bon œil.

C’est la joie pour Prix-les-Mézières, petit poucet de la Coupe ! Pour son 32ème de finale, ce club de DH a la chance de tirer un pensionnaire de L1, en l’occurrence Montpellier. Tout s’organise bien, le match est programmé d’un commun accord à Sedan le dimanche à 15 h pour ce qui s’annonce comme une grande fête populaire. Sauf qu’Eurosport décide de diffuser le match le dimanche soir à 20 h 45, idéal pour les familles en plein janvier. Et la location du stade sedanais s’avère trop onéreuse. Cap donc sur Charleville-Mézières le dimanche, et son stade de 7 700 places. 7 700 places vraiment ? Non, dit la préfecture des Ardennes. Cette homologation date de 2004. Seules 3 096 places sont aujourd’hui disponibles. Et, au fait, il faudra payer 10 000 euros de frais de sécurité. Là, le président du club ardennais pète un câble et menace de renoncer à jouer le match. Bonne mère, la préfecture accepte de prendre les frais à sa charge (1).

Tout est donc bien qui commence à peu près bien. Le club de DH peut désormais se concentrer sur l’événement qui devrait se jouer à guichets fermés, seule une petite centaine de places demeurant samedi matin à la vente selon le quotidien régional l’Union. Sauf que qui dit Montpellier, dit Butte Paillade, le principal groupe ultra héraultais (2). Et c’est rien de dire que la venue de ces ultras n’amuse pas beaucoup dans les Ardennes. C’est que l’an dernier, non loin de là, à Reims, le 32ème de finale de Coupe avait tourné vinaigre pour les Montpelliérains. Sur le terrain, une élimination peu glorieuse. Et en ville des échauffourées entre leurs ultras et des jeunes locaux provoquant la suspension pour six mois de la Butte Paillade par le ministère de l’Intérieur.

« Attention aux ultras » prévient l’Union avant le match de dimanche soir, tout en présentant le dispositif de sécurité : une demi-compagnie de CRS et une escorte pour les fans visiteurs. Pas vraiment suffisant pour un membre du club ardennais qui confie à nos confrères, à propos de la Butte Paillade : « Comme ces mecs ne sont pas officiellement interdits de stade, on ne peut rien faire d’autre que les laisser acheter des billets pour chaque match. Ça, c’est la France ! » . C’est que malgré les efforts de la dernière loi sur la sécurité intérieure, la fameuse LOPPSI 2, il reste encore quelques petites libertés aux supporters de football dans notre pays…

La Butte Paillade stigmatisée

Suite à plusieurs incidents, comme ceux de Reims (dont ils contestent la version policière), et à leur suspension, les ultras montpelliérains ont une réputation peu flatteuse qui non contente de les suivre, les précède désormais dans tous leurs déplacements. Si bien que la paranoïa n’est parfois pas loin, comme nous avons pu le constater à Annecy, le 21 décembre dernier, lors d’Evian-Montpellier. A cette occasion, la Butte Paillade avait décidé de fêter ses 20 ans. La nouvelle n’a cependant pas été appréciée à sa juste valeur par la Sécurité publique de Haute Savoie. Annecy, ville paisible et bourgeoise qui découvre cette saison les joies de la L1, n’est pas forcément préparée au débarquement d’une petite centaine d’ultras en centre-ville, surtout en plein marché de Noël. Allez, hop, il faut sécuriser tout ça. Deux escadrons de gendarmerie mobile, habituellement basés à Versailles, sont dépêchés dans les Alpes. Et en prime, une compagnie de CRS. Annecy se retrouve en état de siège.

Pourtant, Cyril, le président de la Butte Paillade, assure : « On a ciblé ce déplacement en début de saison parce que c’est une destination sympathique, un peu champêtre et tranquille. On savait qu’il ne se passerait rien avec les supporters locaux et donc qu’on pourrait un peu se promener. On ne pensait vraiment pas qu’on serait attendu comme ça » . « Je pense aussi que c’est la faute de la police de chez nous,ajoute-t-il. Ils ont dû leur monter la tête, en nous faisant passer pour des sauvages » . Sur ce point, la presse locale n’est pas en reste. Dès la veille du match, Le Dauphiné Libéré, quotidien des départements alpins, annonce que « le dispositif de surveillance et de sécurité inédit » est motivé par les « 20 ans du quartier de la Paillade » lequel « porte une image négative au niveau national, en raison de son classement en Zone d’urbanisation prioritaire (ZUP) » . Ce quartier de Montpellier a pourtant été édifié en 1964… Si le groupe de supporters, créé en 1991, a repris la dénomination « Paillade » , c’est parce que le club s’est appelé Montpellier La Paillade jusqu’en 1989 et que le stade de la Mosson – dont la tribune populaire a longtemps consisté en une butte améliorée – est localisé dans ce quartier. La confusion entre quartier et groupe et l’annonce de risque d’incidents ont provoqué des commentaires exaspérés parmi les ultras montpelliérains, le matin même du match, faisant monter la tension pour un déplacement qui se voulait festif.

Des faits diversement interprétés

Le lendemain du match, le quotidien haut-savoyard continue de juger sévèrement les ultras montpelliérains qui « ont déferlé sur le centre-ville » : « en un cortège bruyant et injuriant, chantant et provoquant, soixante-dix supporters ‘ultras’ de Montpellier ont charrié ce lot de désolation. (…) Ils ont promené leurs capuches et leurs écharpes sur fond de pétards et toile de fumigènes » . Mais heureusement, « l’ampleur du dispositif policier a évité les incidents majeurs » . Une lecture des faits sensationnaliste qui ne correspond pas tout à fait à la réalité. Lorsqu’on examine cette journée en détail, il y a eu beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Le blocage de la ville a été l’œuvre des forces de l’ordre, enserrant les supporters dès leur sortie du restaurant qu’ils avaient réservé pour leurs 20 ans. Selon le gérant du restaurant, « la majorité des supporters était super cool et venait pour faire la fête » , même si « c’était forcément un peu le bordel, avec 3 ou 4 mecs qui essayaient d’intimider » . « C’est vrai,reconnaît-il,que je ne les aurais probablement pas acceptés si j’avais su que c’étaient des supporters » , ce que les responsables se sont bien gardés de préciser quand ils ont réservé la salle. Les supporters ne sont pourtant pas les seuls à commettre des excès : le tenancier se souvient de ce groupe de rugbymen, pour lesquels il avait un a priori positif, mais qui ont fini par saccager son auberge. En ville, « s’il n’y avait pas eu ce dispositif, on n’aurait rien cassé non plus ! » , rétorque Cyril. « On était là pour faire la fête » serine-t-il. D’ailleurs, dans le cortège, nous n’avons noté ni injures, ni débordements. Seuls quelques chambrages et slogans contre la répression. L’essentiel des chants était consacré à l’anniversaire du groupe. Quant à la « station-service dégradée à Vienne, en Isère, lors du trajet » évoquée par le Dauphiné, elle a en effet subi deux tags finalement enlevés par les supporters, sous l’amicale pression de la police.

Ainsi, selon qu’ils étaient dans le cortège ou à ses alentours, les uns ont vu des supporters festifs, chantant et braillant comme lors de n’importe quelle fête d’anniversaire collective, les autres une horde de voyous bruyants et dangereux. La preuve : plus d’une centaine de policiers les entourait ! Si les supporters de football ont une mauvaise image, c’est qu’ils en sont parfois responsables par leurs débordements. Cependant, l’ampleur du dispositif policier a sans doute contribué à stigmatiser les supporters montpelliérains et à inquiéter la population. Les annonces et comptes rendus médiatiques n’ont dû faire que renforcer cette mauvaise image. « Il faut se mettre à la place de l’Annécien lambda qui n’a jamais vu un match de sa vie, et qui voit débarquer 7 fourgons de gendarmes mobiles pour encadrer des supporters. Pour lui, il y a un décalage, pour lui un fumigène c’est une bombe parce qu’il ne sait pas forcément ce que c’est » , justifie le journaliste du Dauphiné, Pierre-Eric Burdin. Le problème, c’est qu’à force de faire passer les ultras pour des sauvages, le risque est grand qu’ils veuillent assumer cette étiquette et se comporter comme tels… Annoncer des risques d’incidents parfois surestimés, dans l’intention de prévenir la population, peut contribuer à exacerber les tensions. Au lieu de véhiculer des clichés sur les supporters, ne vaudrait-il pas mieux aller voir ce qu’ils font et décrire objectivement leurs comportements, sans masquer leurs débordements mais sans les sur-interpréter non plus ?

Par Quentin Blandin (en régie) et Anthony Cerveaux (en voyage à Annecy)

(1) Les informations du premier paragraphe sont tirées de l’Equipe et du site de France 3 Champagne-Ardenne .(2) So Foot a longuement suivi la Butte Paillade lors de la saison 2010-2011. L’article « Les Gitans de la Butte » est repris dans le Hors-Série Supporters actuellement en kiosques.

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