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Dick Advocaat : l’amiral et le flibustier

Par Matthieu Rostac, à Amsterdam
Dick Advocaat : l’amiral et le flibustier

Dick Advocaat et le football, ça finit aujourd'hui. En tout cas, c'est ce qu'il dit. Une retraite bien méritée après avoir navigué aux quatre coins du globe tel un vieux loup de mer. Une carrière en forme de traversée qui a autant à voir avec l'histoire des Pays-Bas qu'avec un léger comportement de mercenaire.

Question : quels sont les entraîneurs qui sont les plus à l’aise hors de leur base ? Pendant longtemps, notamment la première moitié du vingtième siècle, les Anglais ont eu la primauté de l’importation d’un certain savoir-faire en matière de coaching, véritables Prométhée venus distribuer les fondamentaux d’un sport qu’ils venaient de créer. Désormais, les entraîneurs sud-américains – principalement argentins et brésiliens – ont la cote dans les grands championnats européens, pour ce qui ressemble à de l’immigration choisie afin d’apporter la folie et l’exotisme qui manquent parfois au Vieux Continent. Mais l’on parle ici de trois pays aux populations telles que les créations de vivier se font presque naturellement. En réalité, s’il y a bien un pays qui produit des entraîneurs expatriés aussi à l’aise que s’ils foulaient leur plat pays chéri, ce sont les Pays-Bas. Dix-sept millions d’habitants dont plus d’un million qui tapent dans un ballon, et plusieurs dizaines d’entraîneurs disséminés ça et là autour du globe (Beenhakker à Trinité-et-Tobago, Han Berger en Australie, Koevermans en Irlande puis en Inde pour ne citer qu’eux). Une facilité d’exportation qui relève de tout sauf du hasard et dont l’ambassadeur de marque pourrait être Dick Advocaat. Et ce, même si l’actuel pigiste de Sunderland n’a pas connu que des expériences heureuses à l’étranger.

Le Siècle d’or : un peu d’histoire néerlandaise

Un drôle de pays, les Pays-Bas. Comme le dit sa page Wikipédia en anglais, « l’histoire des Pays-Bas est celle d’un peuple de marins prospérant sur un delta de plaines sur la mer du Nord, au nord-ouest de l’Europe » . Pays à la superficie moindre, les Pays-Bas n’ont jamais eu d’autre choix que de s’ouvrir vers l’extérieur, au point parfois de construire des surfaces habitables au-delà des propres limites que lui offrait la terre ferme. Au point, aussi, de faire du commerce maritime un sacerdoce. Lorsque le Siècle d’or (entre 1584 et 1702) pointe le bout de son nez, les Pays-Bas ont la bonne idée d’exploiter les voies maritimes pour asseoir leurs richesses, à grands renforts d’innovations technologiques, d’armement, mais aussi de logistique qui les voient installer des comptoirs marchands aux quatre coins du monde. Symbole de cette mainmise, la Compagnie néerlandaises des Indes orientales, considérée par certains comme la première entreprise capitaliste jamais créée, voit le jour en 1602 et régnera jusqu’en 1798, au point parfois de menacer son créateur, le Royaume des Pays-Bas. Au XIXe siècle, si les artistes japonais de l’ère Edo ont pu être découverts en Occident, c’est parce que les Néerlandais commerçaient sur l’île – artificielle ! – de Dejima au large de Nagasaki. Et il y a encore quinze ans, Rotterdam était considéré comme le port maritime le plus important du monde.

Hiddink et Advocaat : les amiraux du football batave

Une tradition séculaire amorcée par les amiraux Michiel de Ruyter ou Maarten Tromp, dont les entraîneurs bataves sont, en quelque sorte, les dignes légataires, au premier rang duquel Guus Hiddink et, surtout, Dick Advocaat. Véritables globe-trotters du ballon rond, les deux entraîneurs se sont d’abord fait les dents du côté du PSV Eindhoven, avant de prendre le large dans les années 90, à l’époque où la libéralisation du football battait son plein. Des hommes qui n’ont jamais eu de problème pour s’acclimater aux nouveaux environnements ou à les quitter lorsque le vent commençait à tourner ou que, tout simplement, leur mission était remplie. Si Guus Hiddink est le cas le plus éloquent, ayant enchaîné des piges en Corée du Sud, en Australie, en Russie, puis en Turquie, celui de Dick Advocaat est beaucoup plus complexe. D’abord, Hiddink a plus gagné là où il est passé (57% de victoires contre 54% pour Advocaat). Ensuite, il a toujours connu destinations plus luxueuses (Real Madrid, Chelsea). Mais Advocaat a, sur le papier, visité plus de ports que son homologue néerlandais. Et plus vite. Élevé au bord de la mer – à La Haye, alors que Hiddink a grandi à Varsseveld près de la frontière allemande – l’actuel entraîneur de Sunderland a entraîné dans neuf pays en un peu moins de vingt ans quand Hiddink a mis vingt-cinq ans à visiter huit pays, au point que l’on se demande bien s’il ne s’agissait pas de simples escales plus que d’un véritable plan de carrière de la part de l’ancien entraîneur des Glasgow Rangers.

Quand Dick se fait l’Advocaat du Diable

Plus que Guus Hiddink, Dick Advocaat est un aventurier singulier, de la trempe de ceux qui affrontaient les flots déchirés du Cap en Afrique du Sud pour aller toper des épices en Asie quatre siècles plus tôt. À l’exception de ses expériences au PSV (1994-98), aux Rangers (1998-2002) et au Zénith (2006-09), l’entraîneur de Sunderland ne sera jamais resté plus de deux ans dans un même club, capable de faire une petite saison au Borussia Mönchengladbach avant de piger quelques mois à la tête de la sélection des Émirats arabes unis pour finalement atterrir en Corée du Sud. À se demander si Advocaat n’est finalement pas moins qu’un flibustier servant le plus offrant à défaut d’un amiral au service du roi. Pour preuve, des rois, l’entraîneur de Sunderland en aura servi deux : celui des Pays-Bas, par deux fois, en coachant la sélection oranje entre 1992 et 94, puis entre 2002 et 2004 ; puis celui de Belgique entre 2009 et 2010 (avec un gros chèque à la clé). Et en tant que Néerlandais, choisir d’entraîner le rival historique belge demande une sacrée paire. Ou une éthique que d’aucuns considéreraient comme toute relative, surtout si l’on se souvient qu’il avait choisi d’entraîner l’AZ dans un même temps. Dans tous les cas, celui qui fut le seul et unique Néerlandais à entraîner les Rouges se rappellera qu’il ne faut pas jouer avec le Diable. Après cinq matchs dont trois victoires, Advocaat paie son manque d’implication et ses difficultés relationnelles avec certains cadres de la sélection belge et doit traverser la Meuse pour aller finir sa saison avec Alkmaar. Ou quand la frontière entre aventure et péril est des plus ténues. Cinq ans plus tard, Advocaat a mené à bien la dernière mission qu’on lui avait confiée : sauver Sunderland des eaux. À bien y réfléchir, une formalité pour celui qui a passé une partie de sa vie au-dessous du niveau de la mer avant de parvenir à la dompter.

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Par Matthieu Rostac, à Amsterdam

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