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Denis Renaud : « Je ne sais toujours pas ce qu’est un bon entraîneur »

Propos recueillis par Florian Lefèvre
Denis Renaud : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je ne sais toujours pas ce qu&rsquo;est un bon entraîneur<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À 40 ans, Denis Renaud va découvrir la Ligue 2. Après douze ans de plaisir à Carquefou - entre des montées et une épopée en Coupe de France - ponctués d'une année sur le carreau, le Nantais succède à Christophe Taine sur le banc du Paris FC. Un challenge alléchant pour un coach jeune qui, à la suite d'une carrière éphémère de défenseur, a vite repris sa véritable vocation : « transmettre ». Entretien passionné.

Vous avez repris l’entraînement avec le Paris FC il y a une dizaine de jours. Après un an sans club, était-ce un soulagement ?

Non, je ne l’ai jamais pris comme ça. Je n’étais pas dans l’euphorie. On est passionnés par notre travail, c’est une évidence. On a envie de retrouver les terrains. Les séances d’entraînement, le fait de construire quelque chose avec un groupe : c’est ce qui m’avait manqué. Mais j’ai pris du recul par rapport à tout ça, en essayant, justement, de bonifier cette année off. Le chômage, ça arrive dans une carrière.

Comment se sont passés les premiers jours avec vos nouveaux joueurs ?

Pour l’instant, il s’agit de poser un cadre de travail. Le groupe est très sérieux et enthousiaste. Il y a un gros noyau de l’effectif qui va rester au club. C’est important de poursuivre l’aventure avec des joueurs qui ont vécu un an ensemble. Et puis, il y aura des arrivées dans les prochaines semaines (le latéral droit, Christopher Glombard est le premier, en provenance de Reims, ndlr). Il faut essayer de bonifier le groupe intelligemment.

Vous avez signé un contrat de deux ans, quels sont les objectifs ?

J’ai toujours eu le même discours. Comme tout promu, l’objectif est de se maintenir. D’être cohérent par rapport à nos principes de jeu. La Ligue 2 est difficile, je ne m’aventurerai pas dans des objectifs bien définis de résultats. Moi, ce qui m’intéresse, c’est qu’on soit une équipe cohérente qui monte en puissance, de semaine en semaine, de saison en saison.

Vous aviez déjà été approché par le président du PFC il y a quatre ans, qu’est-ce qui a fait la différence cette fois-ci ?

À Carquefou, j’ai eu la chance d’avoir quelques appels du pied de certains clubs. Mais je m’y sentais bien, j’avais la chance d’avoir les mains libres, notamment sur le recrutement… j’ai perduré dans un club que je voyais grandir. Cette année, il se trouve que le Paris FC monte en Ligue 2, donc ce n’est pas la même chose non plus. Il y a quatre ans, le PFC n’avait pas un complexe sportif pour s’entraîner toujours au même endroit, ça me posait quand même souci.

Pourquoi avoir choisi le PFC et pas un autre club ? Vous avez eu différentes touches, du CFA à la Ligue 2…

Le président, Pierre Ferracci, m’a tendu la main. J’ai aimé son discours, d’autant qu’il me voulait déjà il y a quatre ans. Quelque part, c’est une marque de confiance, ce qui est extrêmement important. Il m’a proposé ce projet-là parce qu’il voulait continuer à faire grandir le club dans certains domaines, et il considérait que, grâce à ce que j’avais réalisé à Carquefou, j’avais le meilleur profil. De mon côté, je n’avais pas de raison de refuser.

Durant le mercato, sur quels postes allez-vous cibler des joueurs ?

On a besoin de cinq à huit nouveaux joueurs pour apporter de la concurrence et de la variété. Le plus important, c’est de recruter intelligemment. Même si on aimerait avoir déjà le groupe au complet, j’ai l’impression que le mercato se fait de plus en plus tard, il faut être patient. Dans un premier temps, l’idéal serait de trouver des joueurs qui connaissent le championnat.

Est-ce que vous seriez tout de même venu si le PFC était resté en National ?

Je ne sais pas. En fait, je ne me pose ce genre de questions. Je me répète, le PFC monte, et moi, je suis libre : toutes les conditions sont réunies. J’ai eu aussi la possibilité de venir avec mon staff, ça compte.

Vous avez déclaré : « Quand tu es chez Pôle Emploi, il y a un truc qui te perturbe, c’est de ne pas te rendre utile pour d’autres. Le moment où tu fais la queue au guichet, je m’en souviendrai. C’est une étape qui doit te rendre meilleur, j’en reste convaincu. Mon challenge est d’être plus fort qu’il y a un an. N’empêche, sur l’instant, tu te poses fatalement des questions. Je me rends mieux compte de ce que vivent certains chômeurs… » Est-ce que cette étape vous a atteint, touché après douze ans passés à Carquefou (l’équipe première de Carquefou a disparu l’été dernier pour raisons financières, ndlr) ?

La première étape a été de digérer ce qui s’est passé à Carquefou après y avoir passé douze années. Quand tu commences à travailler avec un club de CFA 2 et que ça se passe plutôt bien, en montant jusqu’au National, plus les parcours en Coupe de France (notamment un quart de finale après avoir battu l’OM en 2008, ndlr) et que tout s’arrête… Tu savais qu’il allait y avoir une fin, mais c’est le fait de ne pas transmettre l’équipe en National, à l’entraîneur suivant, alors que tu as travaillé pendant douze ans… La deuxième étape est plus personnelle. Fatalement, quand tu te retrouves demandeur d’emploi, tu te questionnes : combien de temps ça va durer, si tu vas retrouver un projet qui peut te convenir. La troisième étape, c’est de se poser et de te demander comment tu vas pouvoir te former et continuer à faire en sorte que tu te bonifies, au fur et à mesure des mois sans équipe.

De quelle manière justement ? En regardant beaucoup de matchs ? En continuant à entraîner des jeunes ?

D’abord, j’ai pris le temps de bien récupérer physiquement et de me ressourcer mentalement – c’est important, même si je m’en serais passé. J’ai profité du temps libre avec les miens, parce que dans ce métier, on n’a pas trop le temps de le faire. Après, j’ai pris le temps de regarder des matchs de Ligue 2 tous les vendredis soir, deux matchs de National par semaine sur vidéo et puis j’étais aussi consultant pour des chaînes TV nantaises pour lesquelles je commentais les rencontres du FCN et présentais l’adversaire chaque semaine. Finalement, j’ai vu beaucoup de rencontres à tous les niveaux, ce qui m’a permis d’observer beaucoup de joueurs en France. J’ai aussi eu l’occasion de rencontrer des joueurs et des entraîneurs de haut niveau pour accumuler de l’expérience, questionner sur le métier et avancer.

Qu’est-ce que vous avez retenu de la saison 2014-15 du Paris FC, en National, justement ?

Quand tu montes, c’est que tu fais une très belle saison. Ils ont été très réguliers, costauds. Ils ont fait une très belle saison et ça a été intense jusqu’au bout avec la montée à Bastia, à la toute dernière journée.

Vous avez arrêté de jouer très jeune, à 19 ans, et vous êtes en charge d’une équipe première depuis cette période. Avec le recul, considérez-vous que c’est un atout d’avoir acquis de l’expérience en tant que coach très tôt, ou un défaut de ne pas avoir joué au haut niveau plus longtemps ?

Je l’ai toujours dit, j’ai été baigné depuis longtemps dans une volonté de transmettre quelque chose. Si je n’avais pas été entraîneur, j’aurais été professeur d’EPS – je suis allé jusqu’en maîtrise STAPS. En parallèle de mes études, j’étais très tôt éducateur (à 15 ans). Quelque part, j’ai toujours eu ça en moi. À partir du moment où ça s’est conclu à Nantes, en tant que joueur, je savais que j’allais passer de l’autre côté. J’ai toujours été un observateur aigu sur ce qui s’est fait au FC Nantes et les grands entraîneurs aux manettes à l’époque. Après avoir travaillé cinq à six années avec des jeunes, il y a eu une suite logique. J’ai passé mes diplômes tôt. Même si je n’ai que 40 ans, je n’ai pas débuté sur le banc il y a quelques années. D’ailleurs, je suis plutôt content d’avoir entraîné (la Haye-Fouassière) en District, en Basse Ligue, en Haute Ligue, CFA 2, CFA, National, puis à présent la Ligue 2. Tu peux arriver au très haut niveau de différentes façons, je considère qu’il n’y a pas de vérité à ce sujet. Quand tu n’as pas été joueur de haut niveau, tu dois aller chercher des informations ailleurs. Moi, j’ai eu la chance quelque part de rencontrer des gens qui m’ont appris des choses que je n’avais pas vécues sur le terrain. Ça se travaille, le plus important, c’est d’avoir cette passion.

Est-ce que le FC Nantes de Coco Suaudeau et Raynald Denoueix vous a transmis l’amour du beau jeu ?

Ce n’est pas tant l’amour du beau jeu. Finalement, le jeu, c’est très vague. Tu vas parler de tactique, de physique, d’animation offensive, d’animation défensive… À un moment donné, la grande force de Nantes, ça a été des notions de groupe, d’être ensemble, de faire comprendre que le partenaire est plus important que soi, le jeu plus important que le je… Quand tu entends ça pendant des années, ça te marque et tu ne le perds pas. Aujourd’hui, ça serait prétentieux de ma part de prôner le jeu à tout prix. Non, ce que je peux éventuellement revendiquer, c’est de faire en sorte qu’on soit cohérent dans l’approche de la compétition, dans la capacité à travailler, à préparer les matchs, les entraînements et à faire en sorte que le collectif soit plus important que l’individu. Mais le but, ce n’est pas de calquer ce que l’on nous a appris ; tu dois connaître tes limites. Finalement, il y a plusieurs vérités dans la façon de travailler, de manager. Un entraîneur doit picorer à droite, à gauche : c’est comme ça que tu grandis.

Outre le FC Nantes, quels sont les entraîneurs et les équipes qui vous ont inspiré ?

Il y a plusieurs entraîneurs, plusieurs méthodes. Tu t’inspires de tout ! À chaque fois que tu vas voir une séance, peu importe le niveau d’entraînement. Que ça soit avec les formateurs ou avec les stagiaires durant mes deux années passées à la FFF. Tu dois garder à l’esprit de la simplicité. Il faut être lucide par rapport à ta fonction parce que beaucoup de gens te jugent sur le résultat. Moi, je ne sais toujours pas ce qu’est un bon entraîneur. Il y en a qui vont t’expliquer que c’est l’entraîneur qui gagne. D’autres pensent que c’est l’entraîneur qui va être très cohérent et professionnel. Je n’arrive pas à poser une définition là-dessus. Donc, j’estime que tu peux apprendre de tout le monde et de n’importe quel niveau. Je crois que c’est essentiel. Ce qui est évident, c’est que tu dois être happé par ce qui se fait de mieux.

Pour en revenir à Raynald Denoueix, vous l’avez bien connu. Est-ce que vous échangez toujours ensemble sur le métier, aujourd’hui ?

Bien sûr ! Que ce soit Raynald, Philippe Bergeroo ou Francis Smerecki, encore une fois, ce sont des gens qui te marquent dans une carrière. Que ce soit quand ça va bien ou moins bien. Il y en a aussi d’autres qui sont importants. Je pense que le plus gros défaut d’un entraîneur, c’est de croire qu’il détient la vérité absolue. Mais tu peux traverser une période avec de mauvais résultats, ça ne fait pas de toi un mauvais entraîneur.
Après la trêve internationale, place au festin !

Propos recueillis par Florian Lefèvre

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