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Abdel Lamanje : « Le salaire moyen en D2 russe est autour de 6 000 euros »

Propos recueillis par Régis Delanoë
Abdel Lamanje : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le salaire moyen en D2 russe est autour de 6 000 euros<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Son arrivée en D2 russe, les interminables déplacements jusqu'à Vladivostok, les aléas du foot local, la question du racisme, la crise en Ukraine… On s'était entretenus il y a quelques semaines par téléphone avec Abdel Lamanje, formé à Grenoble, joueur du Rotor Volgograd et qui vient de signer au Shinnik Yaroslavl, toujours en Russie.

Le Rotor a terminé en bas de tableau de D2 russe, c’est pas brillant brillant…

Non, c’est sûr qu’on a passé une saison… compliquée. On a bien commencé pourtant, avec quelques bons résultats, puis il y a eu des défaites à s’accumuler, et des blessures… C’est comme ça qu’on s’est retrouvés en bas de tableau (le Rotor Volgograd a finalement terminé la saison relégué à la 15e place et Abdel Lamanje a été transféré entre-temps dans son ancien club, le Shinnik Yaroslav, également en D2 russe. Interview réalisée fin mai, NDLR).

Depuis quand es-tu installé en Russie ? 2011, c’est ça ?

Ouf ! Euh, j’ai disputé trois saisons donc… Donc 2011, c’est bien ça. Avant, j’étais pro à Grenoble. Problème, je jouais pas beaucoup avec la A, le coach ne me prenait pas souvent dans le groupe. C’était compliqué… Et puis lors d’un match de la réserve en CFA, il se trouve qu’il y avait des agents russes au bord du terrain. Me demande pas ce qu’ils foutaient là, j’en sais rien ! Toujours est-il que ce jour-là précisément, j’ai fait un match de folie. Au coup de sifflet, direct t’as un intermédiaire des Russes qui vient me voir et m’explique qu’ils me veulent à l’essai en Russie. Moi, tu vois, j’étais pas intéressé au début, pas du tout ! La Russie quoi… Même si bon, je savais aussi qu’à ce moment-là, il commençait à y avoir des problèmes financiers à Grenoble, il y avait des rumeurs comme quoi le club allait peut-être fermer. Mais je me disais que j’allais pouvoir rebondir, peut-être en L2 ou en National. J’ai eu quelques propositions mais rien de concret… Mon agent de l’époque, il me proposait la lune, me disait de pas m’inquiéter, tout ça. Alors j’attends, juin arrive, les équipes reprenaient l’entraînement et moi, je me retrouvais sans rien. Là, j’ai commencé à flipper. Et comme t’avais cet agent de Russie qui continuait de m’appeler tous les jours pour prendre de mes nouvelles, j’ai fini par donner suite à son invitation.

Où as-tu atterri ?

Au Shinnik Yaroslav, un club basé pas très loin de Moscou. Et à ma grande surprise, l’intégration s’est faite sans trop de soucis. J’arrive là-bas, je vois qu’il y a de bonnes installations, ça me semble bien organisé, tout ça, j’étais rassuré. Le truc handicapant, c’était quand même la langue. Heureusement, il y avait un Ivoirien dans l’effectif qui était là depuis déjà quelque temps. Donc entre lui et l’agent francophone qui m’avait fait venir, j’ai pu me débrouiller, mais je dépendais vraiment d’eux car je comprenais absolument que dalle ! Au final, j’ai fait deux saisons dans ce club. La deuxième, on a failli monter. Sur le coup, t’es déçu que ça se fasse pas mais bon… Dans l’ensemble, je suis pas malheureux ici en Russie.

Après deux saisons, tu as changé de club ?

Oui, pour aller au Rotor Volgograd. J’étais en fin de contrat en 2013 et même si au départ, j’avais dans l’optique d’essayer de rentrer en France, ce club s’est manifesté pour me proposer trois ans de contrat et un meilleur salaire. Alors comme maintenant, je me débrouille avec la langue – je suis pas bilingue hein, mais je me débrouille – et que je me suis fait à la Russie, j’ai accepté ce contrat.
T’as des beaux stades, des belles pelouses, les structures sont bonnes, c’est plutôt pas mal en fait.

Tu parles de salaire, qu’en est-il ?

Les salaires moyens en D2 russe, c’est du 6 000 euros, et ça peut monter jusque 16, 17 000 euros dans les clubs qui viennent de descendre et qui veulent pas perdre leur effectif. Par contre attention, faut des fois être patient !

Comment ça ?

Ben là pour te dire, on est en quoi… mai, c’est ça ? Ouais, donc on est en mai et on vient juste de recevoir une partie de notre salaire de février dans l’équipe ! Un truc comme un tiers de la paie de février, c’est ça. Tu parles de ça à des joueurs en France, tu vas les choquer, mais ici, c’est normal. Je m’y suis habitué en fait. Quand je suis arrivé, ça m’a fait bizarre. T’arrives à la fin du mois, t’attends, ton salaire n’est pas viré. Tu te demandes s’il y a pas eu un problème, alors tu te renseignes et on te répond que non, non, c’est normal (rires).

Et le niveau, ça donne quoi ?

(Il réfléchit) Allez c’est… pas la L2 française quand même. Un peu en dessous globalement. Du National, en gros. T’as des beaux stades, des belles pelouses, les structures sont bonnes, c’est plutôt pas mal en fait. Niveau affluence, c’est sympa à Volgograd, on a un peu de public, mais globalement c’est quand même moins qu’en France. Dans les bons jours, les stades sont à moitié pleins… (5000 spectateurs de moyenne la saison passée à Volgograd, dans un stade de 12000 places, NDR)

Je vois quand même que t’as des clubs de D2 russe jusqu’à l’autre bout du pays, vers Vladivostok. Comment ça se passe les déplacements ?

Ouh la la oui, ça c’est chaud par contre (rires) ! J’ai bien mis une saison pour m’y faire. Encore, en Premier League (la D1 locale, NDR), tous les clubs sont concentrés à 1h ou 2h max de Moscou mais en D2, c’est pas la même chose. Des fois t’as du 4h d’avion, 5h, 6h… C’est fréquent. Et t’as deux clubs proches de la frontière chinoise, là, c’est 9h de vol !
Moi qui suis black, je n’ai pas spécialement été touché par le racisme en Russie.

Et t’as pas eu de pistes pour jouer en Première division ?

Si un peu, à chaque fin de saison. Surtout après la première car j’ai été élu parmi les trois meilleurs défenseurs du championnat.

Tu conseilles ton parcours à des joueurs français ?

Quand tu joues au top niveau, non. Un M’Vila à mon avis, c’est clairement pour l’argent qu’il était venu ici, faut pas se mentir. Après quand t’es un joueur de L2 ou National et que tu galères, ça peut être un bon choix de faire comme moi, oui. Si tu trouves rien en France, ça se tente… Mais la France reste encore bien au-dessus globalement.

Et la vie en Russe, comment ça se passe ?

C’est pas si mal, je me plains pas. Tout ce que tu as en France, tu l’as aussi ici. La nourriture est un peu différente mais ça va. Si tu veux manger des pâtes, tu les auras, c’est juste un exemple ! Les Russes ? Ils sont moins froids que ce qu’on pense. T’as des gars chiants, t’en as des sympas, c’est dans les mêmes proportions qu’en France en fait ! Ah si par contre quand même, ils boivent beaucoup, ça c’est pas qu’une légende (rires). Mais bon, ils sont sympa. Moi qui suis black, j’ai pas spécialement été touché par le racisme. Honnêtement. Bien sûr certaines villes où j’ai pu jouer… Bon t’as des gens qui te matent bizarrement mais ça, c’est de l’ignorance plus qu’autre chose. Les mecs, ils sont pas habitués, parce qu’il y a pas beaucoup de gens comme moi (sic). Je vais pas te dire que t’as pas du tout de racisme mais c’est pas aussi terrible que ce qu’on peut entendre.

Est-ce que ça cause de la crise en Ukraine ?

Oui quand même, d’autant qu’il y a des Ukrainiens dans mon équipe. Ils sont inquiets et c’est bien normal. L’impression que j’ai, c’est que la Russie est en train de se renfermer sur elle et c’est pas bon. T’en entends certains ici, c’est LEUR Russie alors ils sont contents. Mais si t’es un peu ouvert d’esprit, tu te rends compte que c’est pas bon, ces frontières qui se ferment. Ça fait peur quand même. Et on en ressent déjà les conséquences au niveau des rémunérations, avec la chute du rouble.
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Propos recueillis par Régis Delanoë

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