S’abonner au mag
  • League One
  • MK Dons-Wimbledon

MK Dons-Wimbledon, le vrai faux derby

Par Régis Delanoë
MK Dons-Wimbledon, le vrai faux derby

L’une des affiches les plus attendues en Angleterre ce week-end voit s’affronter en D3 MK Dons et AFC Wimbledon, deux clubs qui revendiquent l’héritage du mythique Wimbledon FC et de son Crazy Gang. Une première confrontation historique en championnat entre deux rivaux qui se méprisent plus qu’ils se détestent.

L’histoire commence à être connue, mais un rappel historique s’impose tout de même pour bien saisir la portée hautement symbolique de ce match de League One – la D3 – entre le MK Dons et l’AFC Wimbledon. Le premier des deux clubs cités est officiellement né en 2004, le second deux ans plus tôt. À cette époque trouble, il s’agit pour les deux parties de se disputer la carcasse d’un atypique acteur du football anglais : Wimbledon FC. L’aventure du Wimbledon FC, en version très accélérée, est la suivante. Tout d’abord, naissance en 1889 dans la banlieue de Londres, le quartier éponyme au sud-ouest de la capitale anglaise. C’est un club longtemps mineur et quasi insignifiant, qui va lentement sortir de l’amateurisme, atteindre le niveau pro seulement en 1977, puis connaître une ascension fulgurante depuis la quatrième division jusqu’à l’élite, qu’il atteint pour la première fois de son histoire en 1986.

La légende du Crazy Gang est alors en marche, du nom de l’équipe en place, qui enchaîne les exploits sportifs improbables malgré de multiples frasques extra-sportives et un jeu primaire, pour ne pas dire préhistorique (du bon gros kick’n’rush bien sale et des victoires majoritairement arrachées sur coups de pied arrêtés). Vinnie Jones et les siens remportent la FA Cup en 1988, dominant Liverpool, trop sûr de lui, puis l’équipe reste en D1 pendant quatorze saisons consécutives, faisant partie des pionniers de la Premier League jusqu’à la relégation fatale du printemps 2000. À l’époque déjà, le club survit plus qu’il ne vit. Les membres du Crazy Gang ont pris leur retraite ou bougé ailleurs, la période n’est plus au kick’n’rush et les finances sont dans le rouge. Incapables de trouver une solution par eux-mêmes, les dirigeants finissent par accepter l’invitation de déménager loin de Wimbledon, dans la ville de Milton Keynes, 100 km plus au nord, où les instances locales cherchent à implanter une équipe professionnelle – et tant pis s’il s’agit d’une implantation parfaitement artificielle.

Quatrième confrontation, la première en championnat

À Milton Keynes, Wimbledon FC va d’abord garder son nom avant de rapidement disparaÎtre pour laisser sa place à une nouvelle « créature » , MK Dons (les initiales de la ville et « Dons » comme le surnom de Wimbledon FC), qui s’inscrit donc légalement – mais pas forcément moralement – dans la lignée du défunt club. Mais dans la même période, bon nombre de supporters de Wimbledon FC s’insurgent de cette décision et refusent catégoriquement de continuer à soutenir une équipe qui évolue désormais dans une tout autre ville et sous un autre nom. Pour eux, c’est clair, c’est d’un vol pur et simple dont il s’agit. Décision est donc prise par un bon millier d’entre eux de se réunir en « trust » et de refonder un club, qu’ils baptisent « A Fan’s Club Wimbledon » , initiales AFC. Les débuts de cette toute nouvelle formation partie de zéro ont lieu en D9, mais la progression est rapide et régulière, sans fausse note malgré quelques difficultés à digérer l’accession en League Two.

Après cinq saisons à ce niveau – l’équivalent de la D4 – et une fin de saison dernière épique (sept victoires lors des dix derniers matchs de la saison régulière, des play-offs accrochés à la dernière place qualificative et remportés en finale face à Plymouth à Wembley devant 58 000 spectateurs), l’AFC Wimbledon connaît une nouvelle promotion et débarque donc cette saison en League One. Dans le même temps, le MK Dons, qui était parvenu à se hisser pour la première fois de son histoire en Championship, en redescend immédiatement et se retrouve également en League One. Et voici comment ces deux faux frères ennemis se retrouvent dans la même division et vont s’affronter ce samedi. Si c’est la première fois qu’ils vont s’affronter en championnat, il y a déjà eu trois confrontations par le passé lors de différentes coupes, avec un bilan de deux victoires pour MKD et une pour AFCW.

Plutôt manger à Ikea qu’au stade

Au regard du passé étroitement lié des deux clubs, doit-on forcément parler de rivalité, voire de derby ? Pas exactement, expliquait le journaliste Aaron Gratton dans un article du Huffington Post en 2014 : « Il y a beaucoup d’animosité, mais ça ne veut pas dire qu’il s’agit d’une vraie rivalité, juste le résultat de ce qui arrive lorsqu’un club est arraché à ses supporters. » Lesquels supporters sont partagés. L’un d’eux, Paul, explique ceci : « Je m’en fous de Franchise FC (le nom que les fans d’AFCW ont donné au club de MK Dons, ndlr), j’ai plus pitié pour eux que je ne leur en veux. J’en ai surtout après les derniers dirigeants de Wimbledon FC qui ont accepté ce déménagement à l’époque. Là oui, c’est une trahison. »

Un autre, Mark, interrogé cette semaine par le Sun au sujet de son éventuel déplacement à Milton Keynes ce samedi, déclarait : « Non, je n’irai pas, car ça pourrait engendrer chez moi beaucoup trop d’émotions qui n’ont rien à voir avec le football. » Entendez par là une haine difficilement contrôlable… Ils seront tout de même deux mille fans de l’AFC au minimum à faire le déplacement et ont juré que le prix du ticket d’entrée sera le seul argent qu’ils donneront à ce club qu’ils méprisent et qui n’existe même pas vraiment à leurs yeux. Ils ont d’ailleurs annoncé leur volonté d’aller manger des boulettes de viande au restaurant du magasin Ikea voisin de 500 mètres du stade avant d’aller au match. Mieux vaut encore la vilaine bouffe du géant suédois de l’ameublement plutôt que de remplir les caisses de ces faux « Dons » qu’ils méprisent. Quant à ces derniers, ils semblent qu’ils n’aient pas grand-chose à faire de cette supposée rivalité, eux pour qui l’histoire de leur club a débuté en 2004…

Bientôt un nouveau stade pour AFC Wimbledon tout proche de l’ancien

Le plus ironique dans l’histoire, c’est que le promu AFC, actuel 7e du championnat et aux portes des play-offs, réalise pour l’instant un bien meilleur début de saison que MK Dons, qui vient de descendre de D2, mais qui pointe seulement au 19e rang, à deux points de la zone rouge (et qui a d’ailleurs récemment changé d’entraîneur, dénichant l’Écossais Robbie Neilson après avoir pisté… Steven Gerrard). Dave Beasant, le gardien et capitaine emblématique de l’époque du Crazy Gang (auteur notamment d’un arrêt sur penalty lors de la finale de la FA Cup en 88), disait cette semaine dans les colonnes du Sun qu’il voyait des similitudes entre la dynamique actuelle de l’AFC et celle de Wimbledon FC dans les années 80. « Ils peuvent s’inspirer de ce qu’on a réussi et rêver d’élite, même si ça paraît encore loin. »

L’un des éléments de comparaison réside dans le fait que le petit club qui monte va bientôt quitter son minuscule stade actuel, Kingsmeadow (4 500 places, la moitié debout), pour déménager vers une nouvelle enceinte de 11 000 places, qui devrait voir le jour dans les mois à venir tout proche de Plough Lane, l’ancien stade de Wimbledon FC démoli en 2002. En attendant, c’est au Stadium mk de Milton Keynes, qui sonne bien vide cette saison (9 200 spectateurs de moyenne, 30% de taux de remplissage) et qui ne réussit clairement pas à l’équipe locale (aucune victoire à domicile depuis le début de saison !), que ce drôle de match va avoir lieu. Terry Eames, le premier entraîneur d’AFC en 2002, a livré son pronostic au Sun, en tout cas son espérance concernant l’issue du résultat face à ces Dons de Milton Keynes : « J’espère qu’AFC va les massacrer, vraiment les massacrer. Ce serait fantastique. »

David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

Par Régis Delanoë

À lire aussi
Articles en tendances
02
Revivez : France-Allemagne (0-2)
  • International
  • Amical
  • France-Allemagne
Revivez : France-Allemagne (0-2)

Revivez : France-Allemagne (0-2)

Revivez : France-Allemagne (0-2)
32
Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)
  • International
  • Amical
  • France-Chili
Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)

Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)

Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)
Logo de l'équipe France
EDF, le coup de la panne
  • International
  • Amical
  • France-Allemagne (0-2)
EDF, le coup de la panne

EDF, le coup de la panne

EDF, le coup de la panne
Logo de l'équipe Géorgie
Willy Sagnol headcoach of Georgia during talks to Ovidiu Hategan (ROU) referee in action during UEFA European Championship Qualifying: Group A match between Spain and Georgia at Stadium Jose Zorrilla on November 19th in Valladolid (Spain) (Photo by Luis de la Mata / SportPix/Sipa/ USA) - Photo by Icon sport   - Photo by Icon Sport
Willy Sagnol headcoach of Georgia during talks to Ovidiu Hategan (ROU) referee in action during UEFA European Championship Qualifying: Group A match between Spain and Georgia at Stadium Jose Zorrilla on November 19th in Valladolid (Spain) (Photo by Luis de la Mata / SportPix/Sipa/ USA) - Photo by Icon sport - Photo by Icon Sport
  • International
  • Géorgie
Géorgie : le roman de Sagnol

Géorgie : le roman de Sagnol

Géorgie : le roman de Sagnol
Logo de l'équipe Allemagne
23 March 2024, France, Lyon: Soccer: International match, France - Germany, Groupama Stadium. Germany's players Jamal Musiala (l) and Toni Kroos react. Photo: Christian Charisius/dpa   - Photo by Icon Sport
23 March 2024, France, Lyon: Soccer: International match, France - Germany, Groupama Stadium. Germany's players Jamal Musiala (l) and Toni Kroos react. Photo: Christian Charisius/dpa - Photo by Icon Sport
  • International
  • Amical
  • France-Allemagne (0-2)
Allemagne : le gros coup de Kroos

Allemagne : le gros coup de Kroos

Allemagne : le gros coup de Kroos

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine