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Messieurs les Anglais, pleurez les premiers

Par Alexandre Doskov
Messieurs les Anglais, pleurez les premiers

Les Anglais rentrent à la maison, où presque tout le monde les attend le fouet à la main. Le grand jeu du lynchage a d'ailleurs déjà démarré dans les médias et sur les réseaux sociaux. Mais au-delà des formules chocs et des démissions, le sentiment de supériorité des Anglais, l'une des causes principales de leur déroute, est peut-être enfin en train de s'effriter.

Il y a d’abord tous ces souvenirs et ces chiffres, qui font chaud au cœur quand on est anglais. Cette Coupe du monde 1966 gagnée à la maison, ces douze victoires en Ligue des champions, les près de deux millions et demi de licenciés revendiqués par la Fédération, le statut de pays qui a inventé le football, et offert ce sport au reste du monde. Et puis il y a la réalité, crue, brute, et plus compliquée à assumer. Celle d’un pays dont l’équipe n’a rien gagné depuis une moitié de siècle, dont les clubs sont devenus des clowns du mercato, dont on attend plus la prochaine bêtise à 70 millions que de les voir prétendre à la victoire en C1, et qui s’est réveillé ce mardi matin avec une gueule de bois digne des plus grandes bitures dans les pubs. Premiers à lapider leurs joueurs, les terribles médias anglais n’ont jamais été fans du concept de peser leurs mots. Le Times parle de la « défaite la plus humiliante en 144 ans pour l’équipe nationale » , avant d’attribuer la note de 0 à tous ses joueurs. « L’élimination la plus infâme de l’histoire de la sélection » , enchaîne le Guardian, quand le Sun, toujours partant pour le too much, traite les joueurs anglais d’ « idiots » en une. Un champ lexical de la débâcle également utilisé par les anciennes gloires du foot anglais, qui ont massivement tweeté des « abominable, pathétique » pour Alan Shearer, ou « c’est la pire défaite de notre histoire » du côté de chez Gary Lineker. Michael Owen est lui resté « sans voix » , quand Rio Ferdinand s’est dit « estomaqué » . La remise en question arriverait-elle enfin outre-Manche ?

Les yeux plus gros que le ventre

La première conséquence était aussi prévisible que radicale : bye bye Roy Hodgson, démissionnaire dès la conférence de presse d’après-match. Les joueurs, eux, étaient encore tout penauds après le coup sur la carafe qu’ils venaient de recevoir. « Je ne sais pas ce qu’il faut améliorer à l’avenir » , se questionnait capitaine Wayne Rooney, avant d’espérer des jours meilleurs : « C’est difficile à voir maintenant, mais l’équipe d’Angleterre a un bel avenir devant elle. » Deux ans après une élimination également désastreuse dès la phase de poules de Coupe du monde, en terminant bons derniers de leur groupe D, en quoi la défaite face à l’Islande est-elle plus traumatisante ? Il y a d’abord eu ce 100% de réussite aux éliminatoires qui avait fait gonfler la confiance des Anglais, pourtant jamais avares à ce niveau-là. Dix matchs, dix victoires, avec la deuxième meilleure attaque et la deuxième meilleure défense de toute la phase des éliminatoires. Puis il y avait eu ce tirage au sort clément, qui avait niché les Anglais dans un groupe plus qu’abordable, où ils croiseraient le fer avec le pays de Galles, la Russie et la Slovaquie. L’Angleterre arrivait donc sur les côtes françaises presque aussi conquérante qu’aux grandes heures de la guerre de Cent Ans, avec une équipe intégralement du cru, composée de 23 joueurs de Premier League. L’effectif le plus jeune et le moins expérimenté du tournoi, avec tout juste 25 ans et 23 sélections de moyenne, mais il en fallait plus pour abattre les ambitions des Three Lions. Et pourtant, la première phase de l’Euro aurait dû faire office de douche froide. Après les trois premiers matchs, les raisons de sourire sont minces : seulement trois buts inscrits, aucun en première mi-temps, et une deuxième place du groupe derrière les Gallois avec une seule victoire.

L’obligation de l’introspection

Mais après le dernier nul face à la Slovaquie, la tendance était aux encouragements. Une méthode Coué exprimée par le « On a dominé le match du début à la fin. Un jour, nous mettrons ces occasions au fond » de Hodgson, ou le prétentieux « Pour l’instant, je n’ai rien eu à faire du tournoi » de Joe Hart, qui oubliait vite son erreur sur le coup franc de Bale, et qui ne savait pas encore qu’il se trouerait face à l’Islande. Car l’histoire l’a montré, seul un électrochoc violent pousse les Anglais à l’introspection. Dans les années 50, il avait fallu deux humiliations d’affilée face aux Hongrois de Puskás, en 53 et 54, pour renverser la table. La première rencontre, présentée comme le « match du siècle » , et perdu 6-3 devant plus de 100 000 personnes à Wembley avait été une révélation : les Anglais allaient devoir s’inspirer des autres. « Ce match seul a changé notre manière de penser » , avait un jour déclaré sir Bobby Ronson, ancien sélectionneur. Douze ans après la défaite de 54, l’Angleterre était championne du monde. Euro 2016, nouveau cataclysme, et l’arrogance ne sert plus à rien. Wayne Rooney avait beau balancer lundi soir « Nous savions que nous avions une meilleure équipe » , et la presse s’indigner d’avoir perdu contre « les vairons islandais » (The Sun), ou « contre un pays dont la population est inférieure à Croydon » (The Guardian), ces réactions à chaud sont celles d’un pays vexé et centré sur lui-même, le contexte du Brexit aidant peut-être. Joe Hart, lui, avait temporisé : « On va apprendre et essayer de ramener le football anglais là où il doit être. » Un refus de l’autoflagellation stérile, et une synthèse habile entre l’autocritique nécessaire, et la conviction justifiée d’occuper une place à part dans le football.

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Par Alexandre Doskov

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