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Merci Bernard !

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Merci Bernard !

Le SCO d'Angers se déplace cette après-midi (17h) à Grenoble afin d'affronter le SO Chambéry (CFA 2) en quarts de finale de la coupe de France. Alors qu'il joue pour une place dans le dernier carré (pas vue depuis 1969), le club entraîné par Jean-Louis Garcia peut rejoindre la L1 (il n'est qu'à cinq points du podium) ou être relégué en...CFA 2 suite aux déboires de son président, l'inénarrable Willy Bernard.

Au stade des Alpes, le SCO aura un avantage. Il connaît l’enceinte grenobloise pour s’y être imposé (2/0) en août dernier pour le compte de la troisième journée de la L2. Les Savoyards, en revanche, quitteront leur cocon municipal, où Monaco, Brest et Sochaux ont rendu gorge, pour tenter de grimper d’un cran supplémentaire dans l’histoire. Loin de leur zone de confort, contre une équipe qui sait de quoi ils sont capables, ils joueront à domicile mais pas chez eux contre une équipe qui se méfie terriblement de la dynamique enclenchée par le petit poucet de la compétition. Mais pour le SCO, l’essentiel est ailleurs.

Tout ce que le club de la préfecture du Maine-et-Loire a bâti depuis 2006 est en train de partir à vau-l’eau. Dans une interview publiée dans L’Equipe ce matin, Jean-Louis Garcia, le coach faiseur de miracles, laisse entendre qu’il pourrait partir. Quand il rachète la vieille bâtisse angevine (créée en 1920), Willy Bernard, flanqué d’Olivier Pickeu, son Mazarin de directeur sportif, décident de débaucher Jean-Louis Garcia de Toulon. Pas loin d’être une idée de génie. JLG ne partage pas qu’un blaze avec Rudi, son homonyme du LOSC. C’est un grand entraîneur qui apprend le métier dans les divisions inférieures, qui gravit les échelons un à un. Accessoirement, ses équipes pratiquent un jeu offensif et c’est un meneur d’hommes exceptionnel. La première année, le club quitte le national pour la L2 et progresse chaque saison dans l’antichambre de l’élite (10ème puis 7ème et 5ème l’an dernier). Une montée en puissance rectiligne qui ne correspond pas à l’ADN du SCO d’Angers, habitué à conjuguer le chaos à tous les temps. Depuis l’arrivée de son président, il y a quatre ans et demi, il apprend à concilier les deux : une gestion erratique et la rigueur de ses choix sportifs. Willy Bernard est un paradoxe ambulant, il finit par faire ce qu’il dit même s’il lui faut emprunter des chemins de traverse sauf que…

Sauf que la justice a finit par le rattraper. En mai 2008 (1), le président du SCO affirmait ne pas aimer « mélanger le foot et les affaires » . Ca ne s’invente pas. Début février, il était entendu par le SRPJ d’Angers dans le cadre d’une garde à vue et sera jugé le 8 avril car soupçonné d’abus de biens sociaux, d’abus de crédit et de faux en écriture. Deux ans d’enquête et d’écoutes téléphoniques, huit mille pages de dossier d’instruction ont été nécessaires depuis que le commissaire aux comptes a alerté le parquet en décembre 2008 sur les anomalies de la gestion free-style du club. Il renouvellera l’opération quatre autres fois en deux ans. « Comme le procureur ne pouvait pas nous prévenir puisque l’enquête suivait son cours, c’est la loi, on a continué de verser les subventions » affirme aujourd’hui benoîtement Michel Houdbine, l’adjoint aux sports de la ville. La police suspecte Bernard d’avoir pris dans la caisse du club pour gonfler la tirelire de sa société NextGeneration, une boîte qui fait dans le photovoltaïque, et s’assurer un train de vie…confortable et un salaire supposé (le procès dira ce qu’il en est) de 50 000 €/mensuel qui fait jaser dans la ville comme au club. Lui assure avoir en partie remboursé et dément ses affirmations.

Punk-rock, fric-frac et passe-passe

Ressorti libre avant de comparaître dans un mois, Willy Bernard ne peut plus approcher son club de coeur. Son éminence grise, Olivier Pickeu, lui aussi gardé à vue et ressorti libre, n’est pas frappé de la même interdiction. Il porte la parole présidentielle partout où il le peut. Ses explications ne convainquent pas toujours. Employé (salarié ?) par NextGeneration, il affirme que la société de Bernard allait signer un énorme contrat de 100M€ dans le sud de l’Italie, sans parler du Qatar où le binôme est allé prospecter. Ironie de l’histoire, au moment même où le Willy découvrait les délices de la gastronomie d’une garde à vue, on apprenait que de nombreux pays (France, Allemagne, Italie, Espagne) révisaient leurs systèmes d’aides, incitatifs mais jugés trop coûteux en période de crise. Les gouvernements européens, effrayés par le montant des subventions à l’énergie solaire en cette période de restrictions budgétaires, ont réduit les avantages consentis à l’électricité photovoltaïque. Deuxième bémol, le plus jeune président du foot pro (33 ans en mai) servait déjà le même argument en 2008 quand sa première société AB fenêtres avait cessé d’être cotée en bourse : « nous discutons avec un gros partenaire » . La société sarthoise n’y survivra pas, elle déposera le bilan un an plus tard. Même si au final, on peut penser que Bernard a investi plus d’argent qu’il n’en a « récupéré » , sa gestion punk-rock façon fuite-en-avant ne pouvait, ne saurait être pérenne.

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En attendant, la mairie d’Angers (610 000€ de subvention annuelle tandis que le Conseil général verse 207 000€ et le Conseil régional 75 000€) s’est portée partie civile. Lundi soir, dans une session du conseil municipal, l’opposition de droite s’est étonné du laxisme de la ville, Roselyne Bienvenu a même précisé que « ce scandale aurait pu être évité si l’ensemble des mécanismes de contrôle et de suivi renforcés avaient été mis en place en temps utile » . Des arguments que réfute Michel Houdbine. Aucun membre de la mairie n’étant membre du conseil d’administration du club. « Il y a trois tamis pour connaître la situation économique du club : l’expert comptable du SCO à la fin de chaque exercice, le passage devant la DNCG en juin et enfin le commissaire aux comptes qui rend sa copie six mois après chaque saison, généralement en février » détaille l’adjoint aux sports. Quand on lui rétorque que l’administration angevine aurait du être au courant au plus tard en février 2010 des malversations, bien avant la garde à vue de Bernard et du versement d’une avance de subvention de 500 000€ à l’été de l’an dernier, Michel Houdbine affirme que la mairie n’a eu le compte d’exploitation qu’en août. Février ou août 2010, c’est toujours avant février 2011. Même si on imagine mal la ville cautionner les fric-frac de Bernard, personne ne croit raisonnablement à Angers que la municipalité ignorait tout des tours de passe-passe du Houdini sarthois.

« Certains vases communicants »

En même temps qu’elle envoyait une missive aux joueurs avant le match d’aujourd’hui, par le biais du canal Houdbine, pour les assurer de son soutien indéfectible, la municipalité faisait savoir qu’elle ne voulait plus rien à voir à faire avec Bernard. « On appelle de nos voeux à la reprise du club et si cela pouvait être un repreneur local, ce serait encore mieux » . Hier, Maître Olivier Metzner (l’avocat de Bertrand Cantat à Vilnius), une pointure du droit pénal des affaires affirmait qu’il assurerait la défense de Willy Bernard et qu’ « on était allé un peu vite dans l’accusation en ne fouillant pas toutes les pistes » . Puis il poursuivait : « Il n’y a pas dans ce dossier un quelconque préjudice économique. Il y a effectivement certains vases communicants entre certaines entités de Willy Bernard mais tout a été régularisé » . Il y a trois ans, le président du SCO avait cette formule savoureuse qui résonne drôlement désormais : « Je n’ai pas peur de prendre des pierres quand ça ira mal. Quand on fait mal son travail, on mérite les pierres » . Selon le résultat du procès et le pedigree de l’éventuel repreneur (on souhaite bien du plaisir à la mairie et aux candidats putatifs si le Willy s’en sort honorablement, il dispose de 51% du capital), le SCO pourrait jouer l’an prochain en L2, en L1 ou en…CFA 2. Punk-rock un jour, punk-rock toujours…

(1) : Dans un portrait paru dans le SoFoot numéro 53

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