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ACTU MERCATO

Mercato français : au pays des candides

Par Matthieu Pécot
Mercato français : au pays des candides

Qatar, Newcastle, Chine. Peu importe la destination que les joueurs de Ligue 1 ont choisie cet hiver, elle a été mauvaise. C’est en tout cas le point de vue dominant en France, où l’époque est à la critique systématique, à tel point que même l’arrivée de Beckham au PSG a provoqué quelques miaulements.

À force de parler de l’exil des joueurs de foot vers les pays du Golfe comme d’une mode naissante vouée à se généraliser, on en oublierait presque la vérité. Elle est pourtant claire et dit qu’on n’a pas eu à attendre les années 2010 et encore moins le dernier marché hivernal pour que le phénomène existe. Reste que si les raisons de ce type de mouvement sont les mêmes qu’au début du siècle, force est de constater qu’il y avait moins de mépris à l’égard de ceux qui franchissaient le pas à l’époque. Quelle époque ? Celle où l’on utilisait l’expression « destination exotique » quand aujourd’hui, l’intelligentsia occidentale déplace systématiquement le curseur sur un « suicide sportif » téléguidé par « l’amour du fric » . Celle au cours de laquelle Christian Gourcuff posa ses fesses sur le banc d’Al-Gharafa (2002-2003) et Angelo Hugues enfila les gants du même club (2005-2006) sans que ces deux-là ne soient pour autant des emblèmes ultimes de la cupidité.

La différence entre les deux périodes, paraît-il, c’est que Hugues était presque quadragénaire au moment des faits, comme beaucoup d’autres en son temps (Batistuta, Desailly, Caniggia…). Puisque c’est là que le bât semble blesser, qui diable a décidé qu’on pouvait pardonner ce genre de point de chute à un mec de 40 ans et pas à un de 25 ou 30 ? Doit-on avoir parcouru un certain nombre de pays de cette belle Europe avant de recevoir le permis d’aller exercer ailleurs ? S’il faut avoir gagné un certain nombre de titres pour valider moralement son droit de s’ensabler au Qatar, pourquoi Angelo Hugues n’a-t-il pas foutu le camp dès 1988 quand son statut de doublure de Jean-Luc Ettori lui a permis d’être champion de France avec Monaco ? Dans cette notion de gêne à l’idée de voir des joueurs pas vraiment cramés pour le haut niveau (Nene, Djibril Cissé, Quaresma…) rejoindre le Golfe, il faut aussi avoir conscience du degré d’égoïsme du foot européen, jamais disposé à voir un de « ses » joueurs s’éparpiller dans un pays qui ne rattrapera fatalement jamais son retard culturel. Mais pour combler ce déficit d’Histoire, quelle méthode le Qatar peut-il employer, si ce n’est de faire signer quelques noms ronflants de façon à rameuter un peu les projecteurs ? L’exemple Puygrenier À sa manière, la Chine a tenté d’emprunter ce sillon. Une quête qui a permis à Guillaume Hoarau de tripler son salaire et de faire un grand bras d’honneur à ceux qui l’imaginaient gambader sur les pelouses de Premier League, là où il sera de toute manière le bienvenu dans un an, une fois la pulsion asiatique assouvie. Les grognements qui ont accompagné la décision de l’ancien Parisien de rejoindre le Dalian Aerbin, 5e du dernier championnat chinois, ont renforcé la certitude qu’en France, la critique est un outil noble, utilisé par des bras cassés bons seulement à se contredire. De « fantomatique depuis plusieurs mois » , Hoarau est passé à « joueur manquant cruellement d’ambition qu’on aurait aimé voir s’accrocher » . À 28 ans, le coton-tige réunionnais a pourtant fait le tour de la question en Ligue 1 (faut-il rappeler qu’il a marqué plus de buts que George Weah pour le PSG ?) et il est trop conscient du réel écart qui le sépare aujourd’hui des meilleurs buteurs français pour aspirer à un come-back chez les Bleus.

Il ne faut pas non plus snober les bienfaits de l’aspect culturel d’une pige en Chine (et à l’étranger en général), quand bien même l’ancien Havrais ne s’éterniserait pas en Asie. Sans se transformer en étudiant Erasmus, un footballeur professionnel a le droit de profiter des avantages de son boulot en s’autorisant quelques aventures de la sorte. Et puis même sportivement, qu’aurait eu à gagner Hoarau en tentant de se relancer chez un Bordeaux ou un Rennes, par exemple ? Une place en Europa League ? Chouette plan de carrière. S’acharner à fantasmer sur la Ligue 1 ne sert pas à grand-chose, quand bien même le PSG est en train de lui redonner un sens. En 2008, Sébastien Puygrenier avait été victime d’un procès assez étrange. Après avoir mis une belle carotte à Saint-Étienne, le divin chauve avait finalement signé au Zénith Saint-Pétersbourg. Il lui était reproché d’aller en Russie uniquement pour égayer son compte en banque. Résultat, le malheureux était passé à côté de la formidable ambiance du Chaudron et avait dû se consoler avec son club russe en Ligue des champions, où il s’était frotté à la Juve et au Real Madrid… Alors quoi ? Alors on a le droit d’aimer la Ligue 1, mais pas de la voir plus belle qu’elle ne l’est. Newcastle : club moyen, joueurs moyens Aujourd’hui, à mi-chemin entre la démagogie de comptoir et la démagogie tout court, il y a cette hype qui consiste à s’offusquer de la fuite d’une poignée d’honnêtes joueurs de Ligue 1 vers Newcastle. Toutefois, s’exciter comme un syndicaliste en panne de caféine n’a jamais servi une argumentation. Si Moussa Sissoko vient de passer six ans à Toulouse sans que personne ne mette le paquet pour le sortir de là, ce n’est certainement pas un hasard. Idem pour Gouffran, dont la réussite des derniers mois suffisait pour faire de lui un mec redouté en L1, mais pas pour motiver un grand club à dégainer le carnet de chèques. Yanga-Mbiwa ? Même rengaine, et à l’instar de Gouffran et aussi de l’autre néo-Magpie Debuchy, le titre de champion de France qu’il a dans ses bagages signifie qu’il n’a plus grand challenge excitant à accomplir dans l’Hexagone. D’où l’atterrissage chez un honnête club anglais. Au mieux, un de ces quatre-là tapera un jour dans l’œil d’un club du Big Four, perspective qui justifie à elle seule la traversée de la Manche. Car il va de soi que comparer la L1 à la Premier League, c’est un peu comme demander à Alain Souchon de mesurer ses biceps à côté de ceux de Mister T. Il suffit de regarder les statistiques en Coupe d’Europe pour le comprendre : sur les huit dernières finales de C1, seule une édition (2010) s’est déroulée sans club anglais. Sûr qu’à côté de ça, la France et ses quatre finales depuis 1960 ont fière allure… Et puis si les défenses anglaises sont la risée de l’Europe, il va falloir un jour ouvrir les yeux sur le fait qu’elles sont notamment composées de joueurs français depuis maintenant quinze ans.

Enfin, pour ceux qui s’émerveillent sur le nombre incroyable de Frenchies chez les Magpies (ils sont dix actuellement), il est conseillé de jeter un œil dans le rétro. Newcastle a toujours eu un faible pour les Français. Ginola, Robert, Domi, Dumas, Boumsong, Bernard, Goma, Distin, Guivarc’h, N’Zogbia, Pancrate et le grand Laurent Charvet sont par exemple là pour le rappeler. Pas à une contradiction près et clairement pas décidé à arrêter de grogner, ce pays qui n’aime pas le foot est en train de chipoter au moment où David Beckham pose son baluchon (et deux-trois valises Vuitton) à Paris. Il y a des moments où la bienséance invite à se réjouir de l’arrivée d’une légende, peu importe qu’elle ait 37 printemps. Alors fatalement, hier, les questions concernant l’intérêt sportif d’avoir un David Beckham en L1 en 2013 ont grouillé. Une indécence dans un championnat qui collectionne avec gourmandise Sébastien Corchia, Jérémy Morel, Romain Pitau, François Clerc, Anthony Lippini, Florian Jarjat, Julien Toudic…

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Par Matthieu Pécot

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