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Martinez, le bal du cygne

Par Maxime Brigand
Martinez, le bal du cygne

C'est une pierre de la longue reconstruction. De l'avis de tous, il est même la fondation de ce qu'est redevenu Swansea. D'abord en tant que joueur et capitaine puis, et surtout, sur le banc, Roberto Martínez a largement créé ce qu'est devenu aujourd'hui le club gallois. Sauf qu'aujourd'hui, l'Espagnol a changé de banc. Regard dans le rétro.

La file est longue. Elle est interminable. Pour la plupart, ils sont là depuis des heures. Justin, 37 ans à l’époque, l’affirme, dans l’attente : « Certains ont même quitté leur travail pour l’occasion. C’était le jour le plus important de notre vie. Avec du recul, ce n’est que du foot, mais à cette heure-là, c’était un petit peu plus que ça. J’ai des amis qui se sont même fait licencier par leur employeur. Ils avaient séché le travail pour obtenir leur billet. » Jamais le célèbre aphorisme de Bill Shankly n’aura pris une telle mesure que cette semaine du printemps 2003. Ce jour-là, dans le Sud du pays de Galles, à Swansea, le football est bien « une question de vie ou de mort » . Celle d’un historique, le Swansea City Association Football Club. Car le 3 mai 2003, au moment de sortir du couloir du Vetch Field de Swansea, les Swans ont le bec dans l’eau. La troupe emmenée par l’ancien international gallois Brian Flynn (66 sélections entre 1975 et 1984) est au bord de l’extinction, d’une descente en Conference qui signifierait probablement la mort pure et simple d’un club qui était encore en première division vingt ans plus tôt.

Les images et la voix de l’époque dessinent parfaitement la dramaturgie de l’instant. « C’est pour la ville, c’est pour le pays, c’est pour l’honneur » , annonce le commentateur. Le décompte final fera état de 9 585 écharpes blanches serrées plus fort que jamais alors que certaines larmes coulent sur les joues pâles. Joe Allen n’a alors que treize ans et est, lui aussi, en tribunes. L’actuel joueur de Liverpool court alors pour l’équipe des U13 de Swansea. Il sait qu’en cas de descente, l’existence de sa catégorie pourrait être en danger. Il est 15h, heure anglaise. Face à Swansea, Hull City qui n’a alors plus rien à jouer dans cette fameuse troisième division à vingt-quatre équipes. Au cœur du jeu, deux hommes : un gamin de vingt ans, Leon Britton, prêté à l’époque par West Ham, et Roberto Martínez, arrivé quelques mois plus tôt de Walsall. Brian Flynn en a fait son capitaine. Il offrira cet après-midi là une passe décisive à Lenny Johnrose. Le troisième des quatre buts de Swansea. Car dans la peur du Vetch Field, Swansea s’imposera (4-2) avec un triplé de James Thomas, enfant de la ville. Le club vient de se sauver, le stade d’être envahi. Roberto Martínez de poser sa première pierre.

Le rêve Toshack

Juillet 1995. Personne ne connaît vraiment Roberto Martínez. Il n’a que vingt-deux ans et traîne derrière lui la réputation d’un espoir déchu, tout au plus. Sa carrière de footballeur se résume en quelques lignes : une apparition en Liga avec le Real Saragosse deux ans plus tôt, quelques matchs avec les équipes de jeunes du club et un retour dans sa ville natale, à Balaguer, en Catalogne. La suite de l’histoire se trouve dans la bonhomie de Dave Whelan, le président de Wigan, qui décroche son téléphone pour installer les « Three Amigos » chez les Latics. Roberto Martínez débarque alors en Angleterre à l’été 95 avec deux anciens coéquipiers, Jésús Seba et Isidro Díaz. Le milieu défensif espagnol sera même nommé dans l’équipe type de troisième division, élu meilleur joueur du club par les fans, et finira champion avec Wigan en mai 97. Le rêve anglais de Martinez prend forme. Doucement. Car la suite de sa carrière britannique, à Motherwell et à Walsall, ressemble davantage à un cirage de banc continu dans les règles de l’art.

Dans son autobiographie, Kicking Every Ball, Roberto Martínez détaille : « Un jour, alors que je jouais à Walsall, mon entraîneur de l’époque, Colin Lee, est venu me voir. Il m’a expliqué que Brian Flynn, le coach de Swansea, l’avait appelé pour me faire venir là-bas. Le lendemain, j’ai rencontré Brian dans un hôtel de la chaîne Ramada Jarvis.(…)Il m’a vendu le club et j’ai tout de suite aimé le challenge. Il m’a dit clairement que la tâche était immense, mais j’ai foncé. » Martinez a déjà en tête le rêve d’entraîner un jour, mais il ne sait pas quand. Il estime avoir le temps et, à cet instant, il n’a même pas trente ans. Roberto Martínez connaît Swansea de par son histoire et celle de John Toshack, l’idole des Swans. Car Toshack est un monument, une trace du passé. Un prince des années 80, brun et numéro 10 sur le maillot blanc, entraîneur-joueur du premier Swansea à avoir accédé à l’élite du football anglais. Un homme capable de faire monter le club de la quatrième division à la première. En trois saisons.

Le relais, le bus et le but

L’arrivée de Martinez à Swansea est aussi le début d’une nouvelle ère. Celle de la reconstruction sur les vestiges d’une gestion bancale. Brian Flynn impose ses choix, il veut « jouer au foot » . Flynn est arrivé en cours de saison et a tout de suite demandé à la direction des moyens pour construire une équipe. Sa première saison se termine donc par le sauvetage du 3 mai 2003, avec un brassard serré autour du bras de Roberto Martínez. Il est le relais de Flynn sur le terrain, son homme de base et de confiance. C’est lui aussi qui conduira le club dans sa lente remontée, en League One d’abord, au printemps 2005. Brian Flynn a alors été remplacé par Kenny Jackett qui est tout proche d’une seconde montée de rang avec une finale de play-offs en 2006. Martinez rend alors son brassard et prend son sac, direction Chester City. Pour cinq mois seulement.

« C’est une semaine que je n’oublierai jamais. Un mardi soir, je joue avec Chester City contre Bury. En sortant de la pelouse, je me dis que c’est peut-être le dernier match de ma carrière, explique Roberto Martínez dans son autobiographie. Le lendemain, j’avais rendez-vous avec Huw Jenkins, le président de Swansea, pour évoquer le poste d’entraîneur. En partant de Swansea quelques mois plus tôt, je savais que mon histoire là-bas n’était pas terminée. Contre Bury, j’ai été élu homme du match.(…)Quatre jours plus tard, alors qu’on allait prendre le bus pour un match à Swindon, Jenkins m’appelle. Il veut me voir, le bus part sans moi. Je venais d’être nommé entraîneur. » Le 23 février 2007, la nouvelle est officialisée. Roberto Martínez, trente-trois ans, va s’asseoir sur le banc pour diriger des mecs avec qui il buvait des coups il y a encore quelques mois. Dans un club qu’il connaît par cœur et où le groupe l’adore. Martinez ne va perdre qu’un seul des onze matchs qui ponctuent sa première saison. La suite ? Un jeu basé sur le jeu, justement, sur les passes et une philosophie attractive. Un Liberty Stadium qui se remplit, un Jenkins qui a la banane et un Swansea qui renaît. Par la pensée d’un homme.

Car Martinez tient à mettre en place un groupe, disons, cosmopolite. En quelques mois, Swansea voit s’installer trois Trinidadiens, trois Espagnols, deux Hollandais et les bases de son futur avec Garry Monk (futur entraîneur du clun, ndlr) en pilier et Ashley Williams (aujourd’hui capitaine du club, ndlr). Dès sa première saison complète, Roberto Martínez devient champion de League One. La suite ? Une huitième place de Championship et des gloires qui tombent de partout. Martinez est le futur, il l’incarne et sent le football comme peu de monde en Angleterre. Pour certains, l’Espagnol est même un révolutionnaire. Il a désormais Swansea dans le sang, car il y a tout connu et affirme qu’il ne quittera le club que si on le lui demande. Dans plusieurs entretiens, il se montre fier d’avoir redonné à ses joueurs l’amour perdu du maillot blanc. Reste qu’à l’été 2009, Martinez va finalement filer à Wigan et être renommé « El Judas » par une partie du Liberty Stadium. L’ancien capitaine a posé les bases d’un futur que Rodgers va porter au sommet. Laudrup s’en servira aussi pour aller chercher la League Cup en 2013. Swansea est revenu au sommet et l’influence de Martinez est restée. Lui est désormais loin, très loin, et toujours plus proche de son sommet. Car aujourd’hui, il est devenu un adversaire. Car aujourd’hui, c’est en potentiel européen, avec Everton, qu’il accueille son ancienne famille. Les bras levés.

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