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Mais qui es-tu, Clermont Foot?

Par Yann Bouchez
Mais qui es-tu, Clermont Foot?

Tombé du podium la semaine dernière, Clermont a l’occasion de retourner sur son piédestal en cas de victoire ce soir face au Havre, et en attendant le déplacement risqué de Troyes à Nantes, lundi. Mais après avoir longtemps visé la montée, les hommes de Michel Der Zakarian semblent sur une pente descendante. Pas de quoi troubler les habitants du Puy-de-Dôme, pas franchement passionnés par le ballon rond. Portrait d’un club méconnu qui a toujours préféré les performances en mode yo-yo, en compagnie d’un des (rares) fous de Clermont Foot, Hervé Mathoux.

Quelle que soit l’issue d’une Ligue 2 qui a clairement décidé d’afficher sa préférence pour la fraîcheur bastiaise tout en laissant dans l’inconnu la suite des prétendants, le vendredi 23 mars apparaît comme un « tournant » de la saison. Le mot, pour une fois, n’est pas galvaudé. Ce soir-là, dans l’ambiance champêtre du stade de l’Aube, Troyes est venu à bout de Clermont, au terme d’un match longtemps indécis (3-2). Plus qu’une défaite, les Auvergnats ont encaissé le résultat comme on reçoit un coup de pied au cul. En espérant que la douleur du moment serve à remettre les idées et le jeu en place. Et en rêvant d’une fin de saison heureuse. Tombé de son nuage et d’un podium qu’il squatte depuis la cinquième journée, Clermont Foot attend une prise de conscience salutaire. La cause semble mal engagée. Mais les supporters de Troyes et Sedan devraient se méfier car Clermont, spécialiste du contre-pied, n’est jamais là où on l’attend.

Déjà, en début de saison, le club du discret président Claude Michy avait bluffé son petit monde : une fessée prise en Coupe de la Ligue, face à Lens, histoire de tromper la concurrence, avant d’enchaîner sur 5 victoires, un nul et une seule défaite en championnat. Du bel ouvrage. « Depuis quelques années, Clermont joue régulièrement la montée » , contextualise Hervé Mathoux, Canal boy et fils adoptif de la capitale du Puy-de-Dôme, où vit une partie de sa famille et où lui-même a « construit (son) identité de fan de foot, de la cinquième jusqu’à après le bac » .

Serge Chiesa, Bernard Gardon, Andrzej Szarmach et un dépôt de bilan

En début de saison, à l’été 2011, l’équipe s’appuie sur l’expérience d’au moins un vieux par ligne : Damien Perrinelle en défense, Eugène Ekobo au milieu. Sans oublier Jean-François Rivière en attaque, qui semble retrouver une seconde jeunesse au contact des volcans d’Auvergne. Et ça marche. Plus surprenant encore, malgré quelques couacs, les hommes de Michel Der Zakarian continuent à faire entendre leur petite musique de leader jusqu’à une victoire, fin janvier, face à Bastia. Un résultat qui semblait alors indiquer que Clermont ne jouerait pas seulement la montée, mais le titre. « A la trêve, j’y croyais beaucoup, raconte Hervé Mathoux. Toutes les statistiques – nombres de points pris, avance sur le quatrième – montraient que le club ne pouvait pas ne pas monter » . Oui, mais non. Cela eut été trop facile.

Car à Clermont, pays de rugby, le foot a toujours aimé évoluer dans la difficulté. Après avoir perdu son statut pro après la guerre pour des raisons d’argent, Clermont s’éclipse même de la scène régionale au milieu des années 1960. La fusion du Stade Clermontois et de l’ASM pour former le Clermont Football Club (CFC), en 1984, ne sera pas non plus couronnée de succès, avec un dépôt de bilan six ans plus tard. Il faudra tout recommencer, depuis la DH. Le parcours est chaotique. Pourtant, Hervé Mathoux garde de bons souvenirs de cette époque : « Avant, j’allais aux matchs du Stade Clermontois et de l’ASM, le club de Michelin. Et quand ils ont créé le Canal Football… euh le Clermont Football Club, ils ont quand même relancé des mecs comme Serge Chiesa, Bernard Gardon ou Andrzesj Szarmach… Oui, il y avait de beaux noms. » Mais si le ballon rond à Clermont possède une histoire, Clermont Foot affiche seulement une vingtaine d’années d’existence. Et un inévitable « manque de maturité » .

« On est comme ça, chez nous, même les salles de spectacles sont un peu froides »

« Ici, les gens n’aiment pas le foot. Ça me dégoûte. On joue la montée et on évolue dans un stade vide. Ça commence à me gonfler. Ils ne veulent pas qu’on monte en L1 » . Le coup de gueule est signé Michel Der Zakarian, fin février. L’entraîneur, après une défaite de trop en championnat, se plaignait d’un manque de ferveur du public du stade Gabriel Montpied. « C’est un public amateur de beau jeu, un peu sévère avec le club, confesse Mathoux.Mais on est comme ça, chez nous, même les salles de spectacles sont un peu froides. Après, ça a aussi ses avantages : à Clermont, il n’y aura pas de débordement » . Et puis le présentateur de Canal, intarissable sur son club de cœur, tente de défendre un peu les supporters en enfonçant l’enceinte construite au milieu des années 1990: « Le stade Gabriel Montpied, c’est pas un stade de foot, c’est une tribune, point barre. Il y a un très beau projet (d’extension et de restructuration), mais c’est à très longue échéance… Et le public, en ne venant pas, n’envoie pas forcément un bon message » .

Et si la Ligue 1 était tout simplement un objectif trop ambitieux? De toutes les écuries de Ligue 2, Clermont est la seule, avec Amiens, à n’avoir jamais humé les effluves du plus haut niveau national. Avec l’avant-dernier budget du championnat, il ne semble pas armé pour lutter à l’échelon supérieur. Pour autant, le club s’est déjà procuré quelques montées d’adrénaline, en se faisant une spécialité des Coupes. Le match le plus épique ? Un huitième de finale de Coupe de France en 1997, remporté aux tirs au but face au PSG, après 120 minutes délirantes et une remontée, de 1-4 à 4-4. Clermont, alors en Nationale 2 (l’ancêtre du CFA), en a fait des nuits blanches. Hervé Mathoux, qui commentait le match « pour TPS » (l’ancêtre de Be In Sport), aussi. Au rayon des souvenirs glorieux, 2005, fait bonne figure : le club atteint alors les quarts de finale des Coupes de France et de la Ligue, après avoir éliminé, entre autres, le Lyon des années dorées. Aux tirs au but, bien sûr.

Un président sage et « tellement bon perdant »

Aujourd’hui, le club s’est assagi, et donne l’impression de vouloir troquer volontiers un exploit retentissant mais éphémère contre une éventuelle montée. « C’est une ville sage, avec un club sage et un président détaché, confirme Hervé Mathoux. Claude Michy ne s’intéressait pas particulièrement au foot, et il n’est pas devenu fou de ce sport en prenant la présidence » . En début de semaine, pourtant, le bon dirigeant a dû hausser un peu la voix. Enfin, à sa façon, une main de soie dans un gant de velours. « C’est suffisamment rare pour être signalé : Claude Michy est intervenu hier matin, en fin d’entraînement,relatait ainsi La Montagne, le canard local, mardi 27 février. Le président a parlé pendant un bon quart d’heure à ses troupes alors que l’équipe traverse une période compliquée. (…) Dans son style en rondeurs, sans élever la voix, il a tenu un discours où se sont mêlés fermeté et optimisme :‘Les joueurs sont capables de faire mieux que ce qu’ils produisent actuellement. Ils l’ont d’ailleurs déjà montré cette saison. Je suis persuadé que l’équipe est capable de rebondir.’ » Pas vraiment du Loulou Nicollin dans le texte…

Alors, trop lisse, le président ? « Tous les entraîneurs qui ont travaillé avec lui, je pense, s’en sont félicités. Après, c’est vrai, ce n’est pas lui qui va mettre la pression sur l’arbitre. Il serait plutôt du genre, après un penalty injustement accordé à l’adversaire, à dire :‘C’est la beauté de l’incertitude du sport’. Il est tellement bon perdant… » , estime Hervé Mathoux. A huit journée de la fin de saison, il est pourtant temps d’apprendre à détester la défaite si Clermont ne veut pas connaître une grosse désillusion. En commençant par Le Havre ce soir, avant un déplacement difficile chez le dauphin, Reims, lundi 9 avril. Le présentateur vedette de Canal le confie en exclusivité : il devrait être dans les tribunes du stade Auguste-Delaune. Qui a dit que Clermont manquait de soutien ?

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Par Yann Bouchez

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