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Mais que s’est-il vraiment passé à Bastia-OM ?

Antoine Aubry, Thomas Andrei (à Furiani) et Quentin Blandin
Mais que s’est-il vraiment passé à Bastia-OM ?

Premier match de la saison à Bastia et, boum, la polémique pète comme une bombe agricole. L'annonce prématurée de 44 blessés parmi les forces de l'ordre lors d'incidents avec des supporters bastiais a suscité un flot de réactions. Alors que la Ligue a mis ce dossier en instruction, retour sur le déroulement des événements.

Si Bastia-OM a fait la une des journaux télévisés le week-end dernier, ce n’est pas pour le score fleuve (3-3) ou la première de Marcelo Bielsa en L1 sur le banc de touche olympien, mais bien pour les incidents entre supporters bastiais et forces de l’ordre qui se sont déroulés avant et après la rencontre. Tout commence lors de l’arrivée du bus des joueurs olympiens au stade Armand Cesari (Furiani). Des supporters locaux la « saluent » par des insultes et des jets de pétards.

Vidéo

Après la rencontre, c’est au tour du parcage des supporters marseillais (90 d’entre eux avaient été autorisés à se rendre sur l’Île de Beauté pour soutenir leur équipe) d’être pris pour cible par des pierres. Rapidement, les médias évoquent un bilan de 44 blessés parmi les forces de l’ordre. Des incidents dénoncés dès le lendemain du match par Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et aussi des Sports, et Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, dans un communiqué commun. Ils y affirment que les « forces de police et de gendarmerie déployées pour assurer la sécurité » ont été prises à partie par une « centaine d’individus violents » et victimes de « jets de projectiles et d’engins explosifs agricoles » . Ils invitent aussi la Ligue de football professionnel (LFP) à « se saisir des violences inadmissibles commises la nuit dernière et (à) en tirer, à son niveau, toutes les conséquences » . Frédéric Thiriez, le président de la LFP, s’est lui aussi empressé de condamner ces violences tout en apportant son « soutien » et sa « sympathie » aux policiers et gendarmes blessés.

La version corse

Les supporters du SCB qui ont accepté de répondre à nos questions ne contestent pas la réalité des débordements, mais les présentent sous un jour différent. Un habitué de Furiani, présent au moment des incidents, dénonce des erreurs de gestion des événements par les forces de l’ordre : « À l’arrivée du bus des joueurs marseillais, les policiers ont formé un cordon, une zone tampon pour lui permettre de passer. Évidemment, cela a provoqué un attroupement, vu que les gens ne pouvaient pas passer et que la route était bloquée. Lors de l’arrivée du bus, il y a eu plusieurs insultes verbales et quelques personnes ont lancé des pétards. Tout de suite après, les CRS ont gazé et commencé à filer des coups de matraque à tout le monde. Ça a envenimé les choses, provoqué un petit mouvement de foule et les gens ont répondu… »

Selon plusieurs témoignages concordants de supporters bastiais, les incidents d’avant-match avec les policiers s’expliqueraient donc par une réaction perçue comme excessive des forces de l’ordre à des provocations « habituelles autour des stades » , dans un contexte de « tensions entre la population corse et les forces de l’ordre » . Mais notre habitué de Furiani pointe également le faible dispositif mis en place par des forces de l’ordre normalement rompues à ce genre de situations. « Concernant le cordon de sécurité, j’en ai déjà vu des plus importants, s’étonne-t-il. Les flics n’étaient même pas équipés. Ils ont été débordés et ça s’est calmé grâce à l’intervention de stadiers du club et de nombreux supporters de la tribune Est. » Qui dit vrai ? Les pouvoirs publics, qui mettent en avant le « professionnalisme et (le) sang-froid » des forces de l’ordre ? Ou les supporters qui évoquent une réaction disproportionnée des gendarmes et un dispositif inadapté ? Les diverses enquêtes permettront peut-être de le savoir.

Un bilan surévalué ?

Autre sujet de discorde, le nombre de blessés répertorié parmi les policiers et gendarmes. Quelques heures après la rencontre, tous les médias avançaient le chiffre de 44 blessés : 10 CRS et 34 gendarmes. Un chiffre contesté par des témoins et « annoncé un peu hâtivement » selon une source policière citée par le journal Le Monde. Revu à la baisse, le nombre de blessés a finalement été évalué à 8 (pour des acouphènes suite à des pétards ou des contusions). « Le chiffre aurait dû interpeller, remarque Antoine Albertini, correspondant du Monde en Corse. Il n’a pas fait ciller les observateurs et, repris en boucle par les médias, a même suscité une salve de condamnations et d’appels à sanction émanant des pouvoirs publics et des instances du football professionnel. »

Un bon connaisseur des tribunes françaises a également été très surpris par ce premier bilan de 44 blessés parmi les forces de l’ordre : « On ne peut pas minimiser ce qu’il s’est passé, mais quand on sait qu’il n’y a eu« que » 17 policiers blessés pendant les incidents survenus lors de la manifestation pour Gaza du 19 juillet dernier, on ne peut que se poser des questions en voyant les premiers chiffres donnés. » Sur ce point, il semble clair que l’emballement médiatique a conduit à une surévaluation de la gravité des incidents bastiais.

Quelles embrouilles entre supporters marseillais et bastiais ?

Dans un communiqué paru sur son site Internet, le groupe de supporters marseillais des South Winners, présent à Furiani (contrairement au Commando Ultra), pointe également du doigt les « insultes racistes » et « rafales de cailloux » des supporters bastiais : « Du haut de la tribune, nous allons alors observer une scène surréaliste, détaillent les SW. Un responsable(du Sporting, ndlr), accompagné de plusieurs stadiers, va aller discuter avec les supporters bastiais en dehors du stade pour mettre au point un plan d’attaque et leur ouvrir les grilles. Quelques minutes plus tard, armés de bâtons, de fumis et de bombes agricoles, ces mêmes supporters bastiais, mécontents de ne pas nous avoir atteints de l’extérieur, vont se retrouver dans le stade à côté du parcage marseillais. » Le tout, selon les Winners, sous les yeux d’un délégué de la LFP à qui la situation des supporters visiteurs ne « semblait pas déplaire » .

« Une énorme connerie » , riposte un Bastiais abonné en tribune Est « Pendant le match, il y a eu une bonne ambiance. Mais à la mi-temps, les Marseillais se sont chauffés avec la Ouest, une tribune calme remplie de familles et de touristes pendant ce mois d’août. Dix minutes après le match, les gens de la tribune Est étaient en train de débâcher, de communier avec les joueurs et on a commencé à entendre des cailloux tomber vers le parcage. Mais concernant la soi-disant attaque de la tribune visiteurs, ce ne sont que des mensonges. Plusieurs personnes ont effectivement tenté de se rapprocher du parcage marseillais, mais ils ont vite déguerpi quand les stadiers leur ont dit de bouger. Et comme on ne peut pas vraiment dire que la Ligue nous porte dans son cœur, j’imagine mal le délégué avoir ce comportement » , assure-t-il.

Un autre supporter bastiais présent sur les lieux donne une version nuancée – et sans doute objective – des incidents dans le stade entre Bastiais et Marseillais. « Il y a eu des provocations verbales des deux côtés, des insultes, et les stadiers se sont occupés de ça de manière musclée, mais rien d’important. Les Marseillais ont aussi déployé un drapeau algérien, pensant que tous les Corses sont racistes. Et un drapeau palestinien, oubliant que les Corses sont probablement en majorité pro-Palestiniens. Un Bastiais en tribune Nord a juste pris un truc sur la tête. Les Marseillais ont reçu des drapeaux en plastique distribués pour le tifo. C’est tout. »

Le club corse affirme avoir respecté ses engagements

Quoi qu’il en soit, la sortie du stade des supporters marseillais s’est effectuée sous haute tension. Sans doute échaudées par les incidents d’avant-match, les forces de l’ordre auraient tiré de nombreuses grenades lacrymogènes pour écarter les supporters bastiais vindicatifs, mais aussi ceux encore présents aux alentours du stade, ce qui, selon les témoignages recueillis, aurait eu pour effets d’inciter d’autres supporters à rejoindre les plus excités et à s’en prendre aux gendarmes dans des échauffourées ayant duré environ une heure.

Pour le club corse, les incidents d’après-match se sont déroulés « en dehors du périmètre du stade » et ne sauraient, en aucune façon, « engager la responsabilité du SC Bastia » . Dans un communiqué publié sur son site Internet, le Sporting affirme avoir « respecté à la lettre les mesures qui avaient été déterminées lors des réunions préalables de sécurité placées sous l’égide du préfet de Haute-Corse » . Avant de préciser, concernant l’avant-match : « La sécurisation et le départ du bus des joueurs marseillais se sont effectués comme cela était prévu, tandis que le match s’est disputé de l’avis général dans un excellent état d’esprit sportif et sans le moindre fait notable. Bien qu’il ne soit en aucune façon tenu par les règlements en vigueur d’intervenir pour assurer le maintien de l’ordre sur la voie publique, notre club est une nouvelle fois allé au-delà de ses obligations en la matière. »

Et maintenant ?

La commission de discipline de la Ligue de football professionnel a mis en instruction ces incidents. Sans attendre les conclusions de cette enquête, Frédéric Thiriez a annoncé la couleur : « De nouvelles mesures restrictives devront être prises pour éviter la répétition de tels incidents. Pour ce match classé à risques, le déplacement des supporters visiteurs avait été limité à 90 personnes seulement, sévèrement encadrées par leur club et des forces de l’ordre importantes avaient été mobilisées. Visiblement, ça n’a pas suffi, il faudra aller plus loin. » Des déclarations qui s’ajoutent aux menaces « d’interdiction de stade » du ministère de l’Intérieur et qui ne sentent pas bon pour le Sporting Club de Bastia et ses supporters.

Si le préfet de Haute-Corse, Alain Rousseau, a estimé sur France Bleu RCFM que le Sporting n’était « en aucune manière impliqué » dans les incidents survenus, le groupe de supporters Bastia 1905 serait dans le viseur de la police. Pour notre habitué de Furiani, le pessimisme est de rigueur : « La Ligue ou les pouvoirs publics vont se jeter sur ces incidents histoire pour monter l’opinion publique contre les supporters et aseptiser les stades… Ça ne concerne pas que Bastia, mais tous les supporters. »

Pourtant, le gouvernement et les autorités sportives ont fait l’effort de distinguer les individus violents et l’ensemble des supporters. Najat Vallaud-Belkacem a même insisté, dans une interview à Corse-Matin, sur le « travail important à mener pour renforcer l’implication des associations de supporters dans les clubs de foot, pour en faire des acteurs de régulation, de médiation, voire de pacification » , discours qui s’inscrit dans la continuité de la volonté de son secrétaire d’État aux Sports Thierry Braillard, d’établir « un dialogue durable » avec les fans français. Affaire à suivre donc, tant pour le SC Bastia et ses fans, que pour l’ensemble des supporters français.

* Nous avons tenté de joindre à plusieurs reprises, sans succès, la préfecture de Haute-Corse, Thierry Braillard et le groupe de supporters Bastia1905.

Antoine Aubry, Thomas Andrei (à Furiani) et Quentin Blandin

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