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Lynel Kitambala : « Même à mon pire ennemi, je ne lui conseillerais pas la Bulgarie »

Propos recueillis par Nicolas Jucha
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Lynel Kitambala : « Même à mon pire ennemi, je ne lui conseillerais pas la Bulgarie »

Grande promesse de l'AJ Auxerre, ancien international espoirs passé par Lorient puis Saint-Étienne, Lynel Kitambala cherche un fil rouge solide pour sa carrière. À 27 ans, il sort tout juste d'une expérience difficile au Levski Sofia, un championnat où il a entendu des cris de singe et vu une équipe arrêter un match pour protester contre l'arbitrage.

Comment tu t’es retrouvé au Levski Sofia cet été ?J’avais attendu de voir les offres que je pouvais recevoir cet été après avoir quitté Charleroi, pour choisir la meilleure option qui s’offrait à moi. Je n’ai eu que deux propositions concrètes, le Red Star et le Levski Sofia. J’avais eu une discussion avec Pauline Gamerre et Steve Marlet, j’avais passé un bon moment avec eux. Puis la proposition du Levski est arrivée à la fin. J’ai choisi ce club, car je voulais voir ce qu’il se passait à l’étranger, le projet sportif me semblait intéressant. Je n’avais pas forcément envie de revenir en Ligue 2 en France. À Sofia, cela s’est bien passé au départ, mais j’étais à court physiquement et, après quelques matchs, je me suis blessé. À la suite de cela, tout n’a pas forcément bien fonctionné, donc avec le club, on est en train de négocier pour se séparer à l’amiable. Mon avocat est en discussion pour casser mon contrat qui court jusqu’à 2017.

Tu retiens quoi de ces mois à Sofia ? Le foot bulgare avait notamment été marqué cet été par la relégation administrative du CSKA Sofia en D3, le grand rival du Levski…On m’a parlé de ce derby, je connaissais ce club aussi, un mythe en Bulgarie. Mais bon, le football bulgare, on ne peut pas le comprendre sans y avoir été. Le niveau est assez bas, plus faible que la Ligue 2 française déjà. Il y a aussi des éléments de l’environnement qui m’ont marqué et déplu, notamment sur certains matchs où j’ai entendu des cris de singe. Cela ne m’était pas forcément destiné, mais quand même… On m’avait plus ou moins mis en garde, mais bon, des joueurs blacks qui ont joué et réussi là-bas, il y en avait. Je ne fais pas de jugements et d’amalgames, mais ces cris m’ont choqué, d’autant plus que cela venait de nos propres supporters. Mais ce qui m’a le plus gêné, ce sont certains choix sportifs : je n’étais pas mis à l’écart de l’équipe première, mais quand je voyais des joueurs très faibles qui m’étaient préférés, c’était dérangeant. L’entraîneur ne parlait même pas un mot d’anglais, ce que je trouvais dommage.

Tu faisais comment pour t’intégrer ?Je parlais anglais avec la plupart du vestiaire, il y avait plutôt une bonne ambiance, car le Levski est un club familial. Et puis on était trois Français avec Oumar Diaby et Aymen Bellaïd, qui était là depuis deux ans. Cela facilitait les choses.

Du point de vue des infrastructures aussi, le football bulgare est assez en retard ?Au Levski, cela allait, on avait deux très bons terrains d’entraînement. Le stade était en rénovation. Le Levski n’avait rien à envier question infrastructures à mon ancien club, Charleroi. En revanche, en déplacements… À Montana, j’avais envoyé un snapchat à ma femme, car le terrain était dans un état que je n’avais jamais vu. Même dans les divisions inférieures françaises, cela n’existait pas. Ce n’était plus des trous dans la pelouse, on aurait dit un hippodrome. En plus, avec des tribunes très limitées. Il y a un gouffre avec ce que l’on connaît en Ligue 1 et même en Ligue 2.

Tu t’es déjà senti en danger ? Par exemple que des supporters mécontents comme ceux du CSKA Sofia cet été qui pètent un câble…Je ne me sentais pas en danger, je ne crains pas cela. Mais cela perturbe parce que l’on sait qu’à tout moment, cela peut partir en vrille sur une mauvaise décision d’arbitrage. Là où j’ai complètement halluciné et entre guillemets « craqué » , c’est lors de mon dernier match à domicile contre le Litex Lovetch, une très bonne équipe à l’échelle bulgare. Il y a 0-0, ils prennent un rouge après 15 minutes de jeu, ils nous mettent un but, puis prennent un deuxième rouge à la 25e avec un penalty pour nous. Là, le président du Litex est descendu sur le terrain et a fait arrêter le match. À ce moment, je me suis dit : « Qu’est-ce que je fous ici ? » Ils ont arrêté le match et déclaré forfait (depuis, le Litex a été exclu de la première division bulgare, ndlr). Je n’ai même plus de terme pour expliquer ce que j’ai ressenti, cela m’a dégoûté du foot bulgare.

Cela donne l’image d’un football bulgare pas vraiment professionnel, tout est fait à l’arrache…Ils essaient de se développer… J’essaie de ne pas être trop critique, car je n’aime pas trop ça, mais franchement, même à mon pire ennemi, je ne lui conseillerais pas d’aller en Bulgarie. Je lui conseillerais plutôt le National en France.

Un regret de ne pas être allé au Red Star à la place ?Regret, non, c’est un choix que j’assume, mais c’est vrai que si j’avais su comment ce serait en Bulgarie, j’aurais privilégié la Ligue 2 française à un déplacement en Bulgarie. Le Levski Sofia, c’était un club qui joue régulièrement la Ligue Europa, cela séduit forcément. Là, on est premiers avec Ludogorets qui domine le championnat depuis 4 ans, et on se prend quand même une pression de malade. Je n’ai jamais ressenti cela dans un vestiaire. On était premiers, mais j’avais le sentiment de jouer pour le maintien tellement on se faisait critiquer à chaque match nul ou victoire trop courte. Il y a une pression énorme autour du Levski.

Un peu comme si tu étais à Marseille ?Non non, parce qu’à Marseille, si tu es premier, les gens sont contents. Même quatrième, cela passe. J’ai failli vivre une relégation avec Auxerre il y a deux ans, l’ambiance était bien plus sereine qu’au Levski en étant premiers. C’est la culture du pays, les Bulgares sont plus portés sur le foot que nous, il y a du foot à la télé tout le temps, même dans les journaux généralistes. Le Levski en Bulgarie, c’est le PSG. Si tu te fais attraper en boîte, tu finis à la Une des journaux et en ouverture du journal télé. Médiatiquement, le Levski, c’est un gros club là-bas.

Combien de personnes au stade à domicile ? (le stade du Levski est en rénovation actuellement, ndlr) Entre 5000 et 7000, mais en revanche, l’ambiance la plus folle que j’ai connue. Pourtant, j’ai joué à Saint-Étienne, et Charleroi, c’était pas mal aussi. C’est de loin l’atmosphère la plus électrique que j’ai connue. Ça, j’ai aimé, les gens sont à fond derrière le club, ils font leur job à eux dans les tribunes. C’est le seul point positif d’ailleurs que je retire de mon expérience en Bulgarie. Avec la qualité de vie à Sofia, il y a tout là-bas, mais les prix sont divisés par deux par rapport à la France. On vit très bien en Bulgarie. Je retiens de la Bulgarie d’avoir appris quelques lettres en cyrillique, et aussi quelques beaux paysages. Mais bon, c’est sûr que je ne retenterai pas de jouer en Bulgarie, mais je ne ferme pas la porte aux autres footballs de l’Est. J’ai entendu que la Roumanie, c’était un bon niveau, l’Ukraine aussi. Il ne faut pas négliger l’Est, il y a des beaux pays de football.

Et aujourd’hui, tu espères quoi ?J’aimerais un bon projet sportif, si possible en France, voire en région parisienne. Red Star, Paris FC ou Créteil, ce serait l’idéal pour montrer ce que je vaux.

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Propos recueillis par Nicolas Jucha

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